DVD A LA LOUPE

Résumé : Vers l'an 2500, la Terre n'est plus qu'une immense étendue d'eau. Les hommes sont obligés de se regrouper sur des atolls artificiels. Seul les plus optimistes espèrent un jour rejoindre une terre ferme, le mythique Dryland. Sur un atoll perdu, Helen, et sa fille, Enola, attendent la délivrance. Les visions prophétiques d'Enola, ainsi qu'une carte tatouée sur son dos leur paraissent autant d'indices de l'existence de Dryland. Mais une bande de pilleurs, sous la tutelle du cruel Deacon, empêche tout voyage.

Avis : "Waterworld" se situe dans la lignée des films post-apocalypse, montrant la vie dans un monde en forte régression par rapport à ce que permet la civilisation actuelle. L'avantage de situer l'action dans le futur permet de faire cohabiter des éléments technologiques plus ou moins rudimentaires dans un environnement qui correspondrait plutôt à des civilisations anciennes, sans risquer l'anachronisme. Réalisé par Kevin Reynolds, associé à Kevin Costner, qui surfaient ensemble sur la vague du succès de "Robin des bois, Prince des Voleurs", ce film, qui fut lors de sa sortie le plus cher de l'histoire du cinéma, subit un échec relatif au box-office, échec plutôt immérité car s'il n'est pas un chef d'œuvre inoubliable, il présente certains aspects qui justifient largement son visionnage.

Suite à la fonte des glaces des pôles, l'océan a envahit toute la Terre, et les rares survivants mènent une existence assez misérable sur leurs voiliers individuels, comme le Mariner (Kevin Costner), ou au sein de cités flottantes fortifiées. En effet, l'eau douce, la terre pour faire pousser les plantes en pot et, encore plus, les sources d'énergie sont rares, et ces cités sont sous la menace de pillards, les Smokers, dirigés par le sinistre Deacon (Dennis Hopper). L'espoir de chacun réside dans l'existence d'une île mythique, Dryland, dont tout le monde rêve, et dont un plan pourrait bien correspondre au tatouage existant sur le dos d'une enfant, Enola (la jeune Tina Majorino), adoptée par une jeune femme, Helen (Jeanne Tripplehorn). C'est la rencontre fortuite entre le Mariner et Enola et Helen, à qui il doit la vie, qui les conduira tous les trois à la recherche de Dryland. L'action est soutenue par quelques scènes très spectaculaires, et même souvent très violentes, comportant poursuites et explosions dans un environnement marin où ne flottent que des épaves métalliques issues de civilisations perdues. Par contre, on peut déplorer quelques longueurs qui cassent un peu le rythme, et des incohérences dans le scénario (d'où viennent les cigarettes des Smokers?). L'aspect visuel extrêmement original apporte un plus indéniable à ce film, mais est aussi à l'origine des difficultés de tournage ayant provoqué des dépassements de budget (les décors ont été détruits par une tempête) et une certaine brouille entre les deux Kevin. Le personnage du Mariner, un homme mutant adapté au monde marin, est le plus fouillé du scénario, et on assiste à la lente transformation d'un solitaire égocentrique peu sympathique en un héros soucieux de protéger la vie de ses deux compagnes. On regrettera un peu que son idylle avec Helen, démarrée sur des bases assez bancales, ne soit pas traitée avec plus de profondeur. L'autre personnage clé du film est Deacon, et Dennis Hopper apporte tout son talent pour camper ce chef de pirates modernes, brutal et sadique, lui aussi à la recherche de Dryland. Les exactions des sbires de Deacon et leur lutte contre le Mariner font indéniablement penser au scénario de Mad Max 2 où Max lutte contre les pillards d'Humungus, l'océan remplaçant ici les étendues désertiques.

L'ambiance glauque est soulignée par toutes ces ferrailles rouillées qui constituent les embarcations, les habitations, et les quelques rares machines volantes de ce monde qui semble sans espoir. Il ne fait guère de doute pendant la majeure partie du film que la quête du Mariner et de ses compagnes aboutira effectivement à la découverte de Dryland, mais on se demande si cette Terre va se présenter comme une sorte de Paradis terrestre ou au contraire un refuge encore plus triste, ou pullulent des réfugiés miséreux. Il faudra attendre les dernières minutes du film pour connaître enfin la vérité…

Si le scénario de "Waterworld" est en définitive assez basique, son traitement visuel est peu ordinaire et en fait une œuvre beaucoup plus respectable que sa réputation, basée sur des critiques qui se fondaient au moins autant sur les péripéties du tournage que sur la valeur du montage final. Un film à (re)découvrir, dont la photographie extraordinaire devrait inspirer les éditeurs au moment du passage à la HD.

 
Waterworld - Edition GCTHV