DVD A LA LOUPE

Résumé : A la mort de ses parents James tombe sous la coupe de ses tantes, Eponge et Piquette, deux abominables mégères qui le réduisent en esclavage. Un soir, un mystérieux personnage lui offre un sac rempli de langues de crocodile phosphorescentes aux vertus magiques.

Avis : Réalisé suite au succès colossal de « L’étrange noël de Mr Jack » et ce par la même équipe, « James et la pêche géante » fut une des premières adaptations d’un des romans de Roald Dahl, extraordinaire conteur de notre enfance. Henry Sellick, le metteur en scène, reprend les ingrédients le succès de son film précédent mais la présence nettement plus atténuée de Tim Burton, auquel beaucoup ont faussement attribué la paternité de la réalisation de « Mr Jack » tant ce monde gothique semblait sorti tout droit de son cerveau ‘malade’ fait que ce film n’en possède pas l’emphase et le lyrisme macabre.
Nettement ciblé plus jeune public, ce film ci alterne quant à lui alterne prise de vue réelles et animations vues par vue aussi bien réussies que dans son illustre prédécesseur. Ce principe, très ancien, puisque largement exploité dans le « King-Kong »originel de 1933 (scène du Kong et du T-Rex par exemple), dans les dessins animé du monde entier (« Munk et Lemny » en Europe de l’est), a connu ses heures de gloire avec les studios Aardman en Angleterre qui ont produit les formidables « Wallace et Grommit » ainsi que l’hilarant « Chicken Run ». Mais le chef d’œuvre impérissable du genre est et restera cet « Etrange Noël de Mr Jack » qui, tout autour de moi, a ravi petits et grands en nous imposant un univers des plus abouti, un scénario à plusieurs niveaux de lecture, une direction artistique du tonnerre et une animation qui a impressionné tout le monde. Malheureusement, ce « James » n’est pas complètement du même acabit. En voulant marcher sur les traces de son prédécesseur, il se prend les pieds dans le tapis et échoue sur plusieurs points sans toutefois être totalement raté.

Pour ses défauts, « James et la pêche géante » rejoint « Arthur et les minimoys » dont j’ai parlé vaguement plus haut, à savoir, une partie live pas foncièrement maîtrisée et une certaine hystérie qui fait que le film devient par moment insupportable. Cette captation classique est regroupée sur une bonne partie du début ainsi que sur les dernières images de fin. Dans un décor très toc où certains y trouveront une poésie, d’autres un budget fauché, évoluent principalement 3 personnages, James et ses 2 tantes, cette partie là est à mon goût trop sur jouée et bien que les personnages des romans de Roald Dahl soient toujours un peu caricaturaux pour augmenter le côté humoristique, ici on tombe dans la pantomime pure et simple et on a hâte que cela se termine. Ceci est d’autant dommage que certains flash back, largement estampillée production enfantine des studios Disney des années 50 (James qui se rappelle de ses parents) se montrait de bon goût et donnait un charme rétro non négligeable
Ensuite, c’est cette hystérie collective dans lequel baigne l’ensemble le film. Des personnages hurlants aux 4 coins de l’écran, gesticulant à qui mieux mieux, ça plaît certes beaucoup aux enfants qui se retrouvent vite captivés, mais j’avoue qu’en tant qu’adulte, je sature très vite et j’ai vite tendance à me détourner de l’histoire ce qui n’avait pas été le cas avec « L’étrange noël de Mr Jack » car nettement plus posé sur toute la longueur du métrage
Enfin, bien que comme dans son prédécesseur, il y ait une large partie de scènes chantées, rapprochant les deux films des œuvres de Disney, diffuseurs de ces deux là, celles-ci n’égalent pas une fois de plus celles de ce dernier. Les textes sont bien plus enfantins et les musiques bien plus simplistes. Le côté comédie musicale façon moderne est quelques fois horripilant, parfois charmant mais au total, loin d’être convaincant.

Il faut quand même reconnaître quelques qualités à ce film. Henry Sellick a su recréer une bonne part de magie propre à réveiller nos émotions les plus enfantines. Je n’ai pas vraiment apprécier la partie live comme je l’ai dit plus haut mais l’environnement de la partie animée est tout simplement féerique. En transposant toute la partie ‘magique’ de l’histoire, où une pêche devient plus grosse qu’une maison et ceux qui y habitent (vers, coccinelles….) aussi gros que des personnages humains, le metteur en scène a su transcender l’œuvre de Dahl et la magnifier. On retrouve alors la grâce de « Mr Jack » et cette animation image par image,, pour ma part, m’emoeuvra jour après jour tant elle transpire l’artisanat pointilleux, le souci de la perfection d’autant que chacune de ses parties (persos, décor) est véritablement à tomber tant cela reflète au mieux l’esprit du roman et arrive à donner une crédibilité à l’histoire.
Ensuite, je voudrai parler de l’histoire en elle-même. Certes, elle n’est pas le fruit de Sellick lui-même puisque entièrement transposé du roman originel mais elle est vraiment à la portée des enfants. Peut être un peu trop enfantine pour nos cœurs endurcis, elle sait captiver la marmot par nombre de péripéties gentillettes et où les idées de mise en scène fourmillement à chaque plan (excellente scène du requin.) et, même si les scènes de comédie musicale ne conviennent pas forcément à un public adulte (il faut dire que j’y suis, en général complètement réfractaire), faudra voir la marmaille s’exciter au son de ces scènes il faut dire bien trépidantes et rythmées.
Enfin, un petit mot sur les acteurs. Le narrateur, et conducteur de l’histoire en chair et en os, c’est le sublissime Pete Postlewhaite, une fois de plus impeccable. Il tient ici le rôle d’un mystérieux magicien, un peu malicieux, un peu clodo mais libérateur de James de ses deux affreuses tantes. On retrouve aussi en vocal seulement, l’unique David Thewlis dans le rôle du ver de Terre et la trop rare Susan Sarandon qui interprète l’araignée et le presque disparu Richard Dreyfus qui donne sa voix au mille patte. Tout ceci concoure à améliorer l’aspect général du film et tranche, par leur professionnalisme, avec l’interprétation des deux tantes que j’ai trouvé exécrable.

En conclusion, il était difficile de ne pas comparer « James et la pêche géante » avec « L’étrange noël de Mr Jack » qui avait ouvert la brèche quelques années avant tant on était en droit d’attendre une autre chef d’œuvre suite au succès du premier film. Il est vrai, qu’adapté d’un fleuron du roman d’enfance, ce film se devait d’être ciblé plus jeune public au risque de détourner les adultes. Mais malgré la qualité de son animation images par images et un univers bigarré très attirant, il pêche par des défauts qui altèrent la qualité générale du film et le situe plus, malgré son originalité scénaristique et mise en scénique dans un direct to video dont le format 4/3 y fait d’ailleurs bien penser. Pas mauvais, bien sûr, mais loin d’être un chef d’œuvre….vous passerez certainement un bon moment.

 
James et la pêche géante