Résumé : A la suite d'une intervention du roi de la pègre, Roger Massina, un indic est assassiné à Belleville. L'inspecteur Palouzi, chargé de l'affaire, cherche une autre "balance". Son choix se porte sur Dédé, petit proxénète, très amoureux d'une ancienne protégée de Massina : Nicole.
Avis : Salué par la critique et les spectateurs, et récompensé par les trois Césars les plus prestigieux (film, acteur, actrice), "La balance" est un polar noir qui nous entraîne dans les bas-fonds du quartier de Belleville à Paris dans les années 80, là où la 13ème Brigade Territoriale cherche à contrer les caïds en tous genres en utilisant des méthodes peu orthodoxes et qui franchissent allègrement les limites de la légalité. Ce film a été réalisé par l'américain Bob Swaim, qui vivait déjà depuis de nombreuses années en France, et qui avait passé plusieurs mois à observer le milieu des prostituées, travestis et dealers, donnant au scénario un air d'authenticité certain, d'autant plus qu'il s'était également lié d'amitié avec un commissaire de police, comme il l'explique dans l'interview en bonus.
Après l'assassinat de Paulo, un "indic" qui donnait des renseignements sur le milieu à l'inspecteur Mathias Palouzi (Richard Berry), ce dernier va chercher à retrouver une nouvelle source d'informations, dans le but de piéger le caïd Roger Massina (Maurice Ronet) qu'il soupçonne d'être le commanditaire du meurtre. Palouzi jette son dévolu sur Dédé Laffont (Philippe Léotard), un petit proxénète dont le point faible est d'être follement amoureux de la prostituée qui vit avec lui, Nicole Danet (Nathalie Baye). Palouzi ne va pas hésiter sur les moyens pour forcer Dédé à "balancer", utilisant le chantage, les faux indices, l'intimidation et même le passage à tabac, pour amener le couple à accepter de trahir Massina. Ayant à choisir entre une séparation forcée si Dédé est envoyé en prison, et le risque mortel de doubler le roi de la pègre, Nicole et son souteneur se retrouvent pris dans un piège sans issue. Le scénario, écrit par le réalisateur assisté de Mathieu Fabiani, procure un bon suspense, avec plusieurs séquences spectaculaires dont une fusillade en pleine rue, mais la force du film réside surtout dans les dialogues, qui sonnent juste et paraissent toujours réalistes, que ce soit dans les rapports entre les flics et les gens du milieu, ou au sein même de la pègre. L'action pure laisse ainsi souvent la place à l'étude des caractères, mais on n'a pas à déplorer de longueurs. Les flics ne sont pas vraiment sympathiques, et Massina est entouré de vrais psychopathes, comme son second Pétrovic, joué par un Tchéky Karyo allumé. Dédé paraît par moments faible et dépassé par les événement, et Nicole est la vraie héroïne du film, en faisant preuve du plus d'humanité, à la fois courageuse en n'hésitant pas à défier Palouzi, et fragile devant la détresse de Dédé. Derrière le polar on assiste à une très belle histoire d'un amour impossible, en oubliant le caractère illégal de la situation des deux amants. L'alchimie entre les deux acteurs est d'autant plus palpable qu'ils vivaient ensemble à l'époque, et Nathalie Baye est resplendissante et émouvante dans un de ses plus beaux rôles, alors que Léotard est criant de vérité.
L'interprétation globalement sans faille a fait aussi beaucoup pour le succès du film, et si Nathalie Baye et Philippe Léotard ont bien mérité leurs Césars, les autres interprètes n'ont pas à rougir de leurs prestations, en particulier Richard Berry et Maurice Ronet. Les seconds rôles, joués par Christophe Malavoy ("Tintin"), Jean-Paul Comart ("le belge") et Florent Pagny (Simoni) sont également tout à fait convaincants. La peinture du Paris underground, avec les prostituées de Pigalle, les travestis du Bois de Boulogne et les revendeurs de drogue, semble réaliste (parfois, on a presque l'impression d'un reportage), et la violence de ce milieu est montrée sans fard ni exagération.
"La balance" est très typé des années 80 (les voitures, les méthodes policières qui apparaîtraient aujourd'hui comme encore plus inacceptables…), mais il n'a pas beaucoup vieilli dans sa forme et on peut le voir, ou le découvrir, sans hésitation pour autant qu'on aime les polars, avec une édition DVD qui lui donne un rendu bien plus flatteur que ce qu'on avait vu lors des diffusions à la télé.
L'Image :
2.5/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 1.66:1
Avis :
L'image est assez flatteuse, avec de belles couleurs naturelles bien saturées et des contrastes marqués. Il y a peu de défauts sur le master, la définition est bonne avec un léger grain de pellicule, et la compression plutôt réussie. La photographie de Bernard Zitzermann met bien en valeur l'ambiance de coins parisiens un peu glauques et paumés.
Le Son :
1.5/3
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 arkamisé ou mono 1.0 en Français
Avis :
La bande mono d'origine est diffusée uniquement sur l'enceinte centrale. Le son est assez pur, sans distorsions, et les dialogues sont clairs, mais l'ensemble manque évidemment de volume. La version arkamisée est plus favorable de ce point de vue, mais il ne faut pas en attendre des merveilles sur le plan de la spatialisation qui est pratiquement inexistante. La musique de Roland Bocquet, et les différentes chansons du film sont bien restituées, naturellement de manière plus enveloppante dans la version 5.1.
L'Interactivité
:
1.5/3
L'ergonomie
des menus :
Le menus sont animés et musicaux, mais d'un graphisme peu original. Le film est découpé en 15 chapitres. On peut changer de piste audio à la volée.
Les bonus :
Tous les bonus tournent autour du réalisateur qui nous donne, sur l'ensemble de ses interventions, de nombreux renseignements sur le tournage du film.
Interview de Bob Swaim, en 4/3 VF, réalisée en 2001. Le réalisateur revient sur ses débuts au cinéma, et explique comment son amour pour Paris l'a conduit à faire ce film. Il raconte aussi comment il a recueilli des anecdotes auprès des flics et des prostituées pour donner du corps au scénario. Il évoque aussi les problèmes de financement. L'interview, qui dure 52 minutes, est illustrée de photos du tournage en N&B.
Deux courts métrages de Robert Swaim, en 16/9 VF, sous-titres anglais imposés : "Autoportrait d'un pornographe" et "Les deux Jacques". Le premier dure 13 minutes et dresse le portrait d'un photographe qui tente vainement de gagner sa vie avec des photos érotiques. Dans le deuxième, qui dure 16 minutes, un jeune homme rend visite à ses grands-parents. Le style graphique des films est assez recherché, avec des couleurs tirant sur le brun rouge foncé. La qualité technique n'est pas parfaite, avec beaucoup de défauts de pellicule, mais ces essais montrent une approche originale du portrait filmé.
Bande annonce en 16/9.
Filmographies, sous forme de liste déroulante sonorisée, de Richard Berry, Philippe Léotard, Nathalie Baye et Bob Swaim.
Trois scènes du film commentées par le réalisateur (en 4/3 VF) : l'accident de la fin du film, le travesti du Bois de Boulogne, et la scène du commissariat entre Palouzi et Dédé. Les extraits du film sont entrecoupés d'interviews du réalisateur, qui donne à cette occasion plusieurs anecdotes de tournage.
Boîtier amaray noir. Le visuel reprend exactement l'affiche du film, constituée d'un montage avec les photos des trois personnages principaux et d'une des scènes les plus spectaculaires.
La sérigraphie
La sérigraphie reprend la composition de l'affiche, un peu réorganisée pour que le rond central ne "mange" aucune photo. L'impression est fine, les logos sont assez discrets et les textes légaux sont quasi-invisibles. Même la non impression du rond central ne gène pas.
Note Finale
: (14.5/20)
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