DVD A LA LOUPE

Résumé : Regan, douze ans, est possédée par le démon. Elle vomit un liquide infâme, parle avec une voix d'outre-tombe, son corps se recouvre de plaies, et sa tête tourne à 180 degrés. Une seule personne peut l'aider : l'exorciste.

Avis : Diffusé initialement en salles en 1974, "L'Exorciste", devenu un classique du film d'épouvante, fit l'objet en Mars 2001 d'une nouvelle sortie en version "Director's cut" rallongée de 11 minutes, qui est celle présentée ici. Réalisé par William Friedkin d'après le roman de William Peter Blatty, ce film connut un succès exceptionnel pour le genre et demeure aujourd'hui une référence, qui fit l'objet de trois suites, "L'Hérétique" de John Boorman (1977), "L'Exorciste, la suite" de William Peter Blatty (1990) et "L'Exorciste, le commencement" de Renny Harlin (2004).

Le prologue nous donne l'occasion d'assister à la découverte en Irak d'une statuette inquiétante du démon Pazuzu par le Père Merrin (Max Von Sydow). Puis on fait la connaissance de l'actrice Chris MacNeil (Ellen Burstyn), qui, divorcée, vit à Washington avec sa fille de douze ans, Regan (Linda Blair), une jeune adolescente joyeuse et sympathique. Le scénario se noue et le malaise s'installe lorsque des phénomènes d'abord étranges puis de plus en plus violents affectent Regan qui semble prise de folie et se livre à des actes insensés (on la verra effectuer des contorsions normalement impossibles, et même se masturber violemment avec un crucifix dans une scène devenue célèbre). La médecine traditionnelle étant impuissante, Chris, désespérée, fait appel à l'église pour exorciser sa fille. C'est le Père Damien Karras (Jason Miller), qui est chargé de délivrer la jeune fille de ses démons, et il va trouver de l'aide auprès du Père Merrin…

La force du film tient dans le contraste entre les vies simples de Chris et Regan, et du Père Karras dont on voit la relation avec sa vieille mère, et la violence des manifestations diaboliques d'une gentille jeune fille qui se mue en une abominable harpie. Pas de monstres extraterrestres, pas de tueur fou, l'horreur s'installe tout bonnement chez une personne innocente et tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Le réalisateur utilise les astuces cinématographiques habituelles pour semer le trouble chez le spectateur, des images subliminales, une musique inquiétante et des bruitages qui font sursauter se rajoutant à des images chocs créées avec des effets spéciaux traditionnels et des grimages tout à fait convaincants (le film a été réalisé à une époque où les effets numériques n'étaient même pas imaginables). Néanmoins la vision de "L'Exorciste" est plus choquante et perturbante que réellement terrifiante, sans doute parce que Regan est vue plus comme une victime que comme une menace, et cela malgré les agressions violentes auxquelles elle s'adonne. La réalisation s'applique à soigner les détails du quotidien pour mieux faire ressortir le caractère exceptionnel de sa possession. Si la jeune Linda Blair réussit parfaitement à rendre crédible ce qui lui arrive (aidée par Mercedes McCambridge qui double sa voix en VO, quand, possédée, elle profère des insanités répugnantes), c'est surtout Ellen Burstyn qui produit la performance d'actrice la plus remarquable, en mère terrifiée qui ne sait plus ce qu'elle peut faire pour sauver son enfant. Max von Sydow, Jason Miller et Lee J. Cobb (le détective Kinderman) fournissent également des prestations tout à fait probantes.

La version longue se distingue principalement par le rajout d'une scène où Regan descend des escaliers en se mouvant comme une araignée tout en crachant du sang, et une fin un peu rallongée. La fameuse scène de l'araignée, assez courte, ajoute encore au spectaculaire, mais n'apporte rien de plus dans le scénario et apparaît même comme collée un peu artificiellement. La fin rallongée, avec un dialogue supplémentaire entre le Père Dyer et le détective Kinderman, a, elle, tendance à alourdir le propos avec une digression sur le cinéma qui n'a rien à voir avec l'intrigue. Au total, cette version longue n'était pas indispensable, surtout pour un film dont le rythme est déjà assez lent, et qui par ailleurs est devenu un grand classique, mais elle ne gâche pas non plus le plaisir que l'on a à se faire un peu peur en regardant ce qui reste un des chefs-d'œuvre du genre, et qui n'a en définitive que peu vieilli, l'histoire étant assez intemporelle...

 
L'exorciste : Version intégrale