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DVD A LA LOUPE


STAR TREK VI : TERRE INCONNUE - EDITION 2001

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Star Trek VI : Terre inconnue - Edition 2001 DVD sorti le 07/02/2001


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Editeur : Paramount
Distributeur :
Paramount

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Nombre de visites :
1916


   

Le Film : 10/10

Résumé : Alors que Mr Spock, le capitaine Kirk et l'équipage de l'Enterprise escortent le chancelier Gorkon jusqu'au centre de conférence où il doit signer un accord de paix avec l'Empire Klingon, leur vaisseau est attaqué et le chancelier abattu. Chang, général des Klingons, accuse Kirk qu'il envoie en compagnie du docteur McCoy sur la prison de glace Rura Penthe. Mr Spock ne dispose que de quelques jours pour sauver son ami et maintenir la paix menacée.

Avis :  Star Trek V L’ultime frontière reste l’opus le moins aimé par les trekkies , de manière générale. Pauvreté du scénario, faiblesse de la mise en scène, inexistence des enjeux, des personnages n’étant plus que l’ombre (un jour ensoleillé , vers midi, dans une ville placée sur l’équateur) d’eux même, onirisme digne d’un paquet bonux et ridicule de situation plus souvent affligeant que réellement amusant (McCoy proposant de mettre Spock en position pour lui botter le derrière). Que pouvait on alors espérer de la Paramount face à ce naufrage artistique ? Depuis La colère de Kahn, la franchise Star Trek avait accumulé du bon (The Voyage Home) et du convenable (The Search for Spock) puis avait fini par devenir une industrie sans vie, calibrée pour le grand écran simplement pour se faire un maximum d’argent pour un investissement ridicule sur le dos de fans toujours obligeants, ne serait ce que pour pouvoir assister à une aventure supplémentaire de leurs héros, quelque soit son niveau.

Au vu de la quête de l’Eden par Sybock, il était quasiment certain que Kirk et consort avaient vécu leur dernière aventure, le film sortant même en direct to video dans nos contrées pour éviter une campagne cinéma qui aurait été aussi chère qu’inutile ; sans compter l’octroi d’un triple titre aux razzie awards 1989 : Pire film, Pire acteur, Pire réalisateur ! Plus grave encore, à l’époque post TOS, Star Trek Phase 2 avait maintes fois été sortie des cartons des producteurs pour finalement ne jamais voir le jour. Quand on repense à The Motion Picture et à l’intensité dramatique de Kahn, comment être objectif devant l’Ultime frontière ? Chant du cygne ? Non. Un chant du cygne annonce une fin mais peut finir en apothéose, soit en comblant le fan, soit en proposant une issue totalement inédite et si marquante qu’elle n’appellera plus de séquelle potentielle. Citons pour l’exemple Buffy contre les Vampires avec la destruction pure et simple de Sunnydale dans un final post apocalyptique aussi maîtrisé que déjanté , avec des tueuses novices dessoudant des Turrokans comme le T-Rex de Jurassic Park de petites chèvres bien grasses. Charmed quant à elle a eu quatre dernières saisons pouvant toutes s’envisager comme des fins avant de sombrer dans le grotesque ( dur de reprendre le flambeau après la mort de Cole et la fin de Leo en tant qu’Avatar) mais l’audience suivant , la série perdura pour peut être une saison de trop (soyons généreux). Star Trek V , tant par son mépris pour le matériel historique ,mis en place autant par TOS que par les précédentes aventures cinématographiques , que pour les fans de toujours aurait simplement pu faire office d’enterrement honteux, à l’abri des regards les plus larmoyants quant à tout ce gâchis. Même la licence Vendredi 13 qui ne faisait pas dans la finesse avec un dernier titre ridicule avant de se faire racheter par New Line avait su respecter son cahier des charges (minimaliste : Jason court après une jeune et découpe tout ce qui bouge …. Et encore vu sa balade plutôt calme dans New York) et offrir son lot de décès accidentels , nonobstant une ou deux pincées d’humour (la scène de boxe, l’arrivée devant le panneau publicitaire, la réponse de Jason à des voyous citadins….) plutôt bienvenues et surtout légères histoire de continuer à capter l’intention du spectateur qui se serait trompé de salle en se disant que finalement, il serait peut être agréable de tenter l’expérience.

Pire encore, non content de se dépatouiller avec un scénario frisant l’indigence par rapport à certaines perles de TOS, Shatner réussit le tour de force , car c’en est un, d’échouer dans ses effets spéciaux, logiquement indispensables dans ce genre de production, et de clôturer son film sur une scène lamentable où nos trois compères chantent « Au clair de la lune ». Je regrette de tant insister sur cette chanson mais voire trois cinquantenaires s’enthousiasmer en babillant ce refrain devant un feu de bois, j’ai vraiment beaucoup de mal. A moins d’un miracle, il semble alors que Star Trek se soit crashé dans les abîmes d’Hollywood pour ne plus jamais revoir la lueur du jour, si ce n’est à travers des allusions dans d’autres phénomènes cinématographiques ou télévisuels. On pensera dans ce cas à des clins d’oeils légers comme dans la septième saison de Buffy (Le Vulcain étant confondu avec un vulcanologue) ou plus appuyés jusqu’à l’hommage comme avec Futurama.

L’espoir va renaître non pas sur la toile mais sur le petit écran. Roddenberry, toujours aux manettes, parvient à convaincre la Paramount (rassurée par la vente des films et par un noyau de fans inconditionnels, sans oublier le succès des conventions) de retenter l’expérience. Terminé l’époque trouble de TOS et bienvenue à l’équipage de TNG avec un Picard en capitaine interprété par le très juste Patrick Stewart qui accède ici à la notoriété internationale depuis son rôle dans Dune de David Lynch. Le bonhomme que l’on aura aussi pu croiser dans Sacré Robin des Bois et dans X-men , mais aussi dans The Lion in Winter avec Glenn Close ou bien encore dans un Moby Dick réussi produit par Coppola continue aujourd’hui une carrière brillante et passe de temps en temps par l’animation en doublant des personnages plutôt inattendus que ce soit dans Jimmy Neutron : Un garçon génial ou TMNT The Movie. Ce dernier avait même accepté d’interpréter ce rôle de capitaine en étant persuadé que le show ne durerait guère plus qu’une saison….

Redéfinition de l’Univers Star Trek, bond en avant de plusieurs dizaines de décades, structure géopolitique du cadran complètement modifiée pour un Enterprise au design à la fois remanié et hérité de son aîné. La série s’installera dans la qualité sur sept saisons mais je ne m’attarderais pas plus dessus, comptant vous inviter dans un papier futur reprenant un peu le principe de ceux d’Enterprise.

Débutée en 1989 / 1990, après l’Ultime frontière, The Next Generation s’installe dans la durée et renoue avec la qualité (même si le personnage de Wesley gagnerait à passer 10 à 12h quotidiennes dans un sas de décompression grand ouvert). Mieux encore, les sfx numériques commencent à se développer de manière exponentielle et sont parfaitement intégrés dans les nombreuses scènes spatiales qui voient aussi arriver de nombreux autres vaisseaux à mille lieux des boîtes en carton censés signifier un oiseau de proie klingon ou romulien dans TOS.

Le studio se retrouve donc avec d’un côté un équipage historique mais moribond et figé dans la fange de l’industrie Hollywoodiene et de l’autre avec une nouvelle franchise basée sur des références historiques jamais montrées à l’écran. La tentation est trop belle de relancer un ultime revival clôturant avec panache les pérégrinations de Kirk tout en assurant le lien avec TNG. Mais pas question de se planter (n’ayons pas peur des mots) à nouveau et de se fourvoyer dans des délires ésotériques de bistrot. Il faut en donner pour leur argent aux fans et comme à priori ce sera la dernière fois, il n’est pas question de reprendre directement après l’Ultime frontière ni d’en faire abstraction pour repartir juste après The Voyage home. Et bien évidemment, afin que les acteurs se consacrent de nouveau uniquement à leur rôle, on oublie l’idée de redonner les rennes à un acteur en mal de première réalisation (bien que Nimoy s’en soit sorti haut la main après son essai sur The Serach for Spock). Il faut aussi trouver une intrigue inédite suffisamment solide pour tenir en haleine pendant près de deux heures tout en ayant une portée suffisamment importante pour mettre en scène le meilleur des quatre premiers volets.

Terre Inconnue , au-delà de ces objectifs , va représenter un enjeu énorme en soi et va non seulement faire oublier le désastreux opus précédent mais aussi pouvoir postuler comme le meilleur film cinéma de la franchise TOS , parvenant souvent à surclasser Kahn et à distancer the Motion Picture et The voyage Home. Installez vous confortablement et faites chauffer les phasers. Star Trek VI est tout simplement un MONUMENT du space opera et une réussite incontestable et inespérée pour tout trekkies digne de ce nom. « C’est celui qu’il faut voir, le meilleur de tous ! » s’exclamait Dennis Cunningham de CBS TV . Nous allons à présent voir pourquoi ce dernier avait raison.

La première chose à faire afin de tenir le bon sujet reste de trouver un fil rouge d’envergure. La menace planétaire avait déjà été exploitée à la fois dans The Motion Picture avec V’Ger et avec la sonde Cétacée dans The Voyage Home. Le méchant mégalomaniaque qui en voulait personnellement à Kirk avait été brillamment mis en scène avec La colère de Kahn, en se jouant d’un handicap de taille, celui de ne jamais avoir sur un même plan et dans un même décor les personnages physiques de Montalban et Shatner. Le drame et les trahisons avaient été de mise dans les trois premiers opus et même le message écologique d’avant-garde pour l’époque fut traité avec the Voyage Home. Les menaces d’ordre planétaires ou personnelles également utilisées, restaient encore les conflits spatiaux majeurs. Ces derniers ont eu leur heure de gloire avec le chassé croisé de Kahn et Kirk dans la nébuleuse Mutara et dans une moindre mesure dans l’Ultime frontière. N’oublions pas non plus que des civilisations entières avaient été repensées via The Motion picture et The Search for Spock via les Klingons et les Vulcains. Encore fallait il trouver un moyen de concilier toutes ces pistes dans un mélange suffisamment solide pour construire un film. Paramount utilise alors la méthode MGM. Lorsque l’on regarde les 007, on se rend facilement compte qu’ils sont les reflets politiques de leur époque. Pourquoi ne pas utiliser le même principe pour Star Trek qui en transcendant les notions de racisme, de méfiance au-delà de leur portée négative pour offrir un monde utopiste d’acceptation et de volonté d’évoluer vers un état plus mature , a su des les années 60 tout à la fois porter un regard critique sur notre civilisation et démontrer qu’un monde meilleur était possible.

Nous sommes donc au début des années 90 (le film sort en 1991 aux USA). Quel est le contexte géo-politique en vigueur ? D’un point de vue économique et écologique, on pensera évidemment au désastre de Tchernobyl qui entraîna une réunion d’urgence entre les deux grandes puissances issues de la Guerre Froide (USA / URSS). Mais d’un autre côté, dans cette période particulière de l’histoire qui va définitivement clore les clivages de la seconde guerre mondiale, peut on trouver suffisamment matière à transcrire dans l’Univers Star Trek ? Sans pour autant perdre les fans en créant de toutes pièces une nouvelle race que l’on ne reverra plus ensuite , piège dans lequel tombera entre autre Star Trek Insurrection … Existe il deux nations suffisamment antinomiques pour porter cette ambitieuse confrontation, mélange de haines passées et d’espoirs futurs ? Lé réponse tombe d’elle-même avec les Klingons et la Fédération, le conflit entre andoriens et vulcains étant alors à peine esquissé dans un lointain épisode de TOS et pas aussi développé qu’il le sera dans Enterprise. De plus, n’oublions pas que la Fédération doit être un des partis de manière à relancer Kirk et sa bande sur les sentiers de la gloire. Le problème reste que les Klingons apparaissent dans The Motion Picture, The Sarch for Spock, indirectement via leur oiseau de proie et le procès de Kirk dans The Voyage Home et aussi dans L’Ultime Frontière (bien que cela se fasse de maière peu naturelle quant au déroulement du récit). Cinq films sur six. Faisant passer ces guerriers pour d’indignes barbares, enfants gâtés s’ennuyant fermes dans l’espace et cherchant sereinement les problèmes en s’attaquant systématiquement à Kirk , bien avant son statut de renégat. A croire que l’Enterprise est le seul astro-croiseur terrien de la galaxie, voir le seul spationef tout court….

La présentation de ce peuple, remaniée une première fois depuis TOS pour leur donner leur physique et leurs vaisseaux actuels va connaître un second lifting et les présenter sous un jour nouveau,, avec une crédibilité politique. L’idée en soi est potentiellement fantastique, redéfinissant les bases d’ennemis de toujours auxquels le public s’est attaché mais offrant de plus un terrain d’arcs scénaristiques multiples quant à la nouvelle génération. Car si ce film est avant tout le baroud d’honneur de TOS , il sert également à légitimer TNG. C’est ce double aspect, bien plus que dans Star Trek Generations qui va donner une telle profondeur à ce film et le classer dans le trio de tête affectif des fans de toutes sortes.

La présentation elle-même des Klingons dans cet opus est à la hauteur de celle des Vulcains dans la première trilogie. Le film s’ouvre sur l’explosion de Praxis, l’une des lunes encadrant la planète mère Klingon, Kronos. En moins de deux minutes d’ouverture au visuel extraordinaire pour l’époque et rappelant avec bonheur l’hardiesse novatrice de Genesis, ce peuple se trouve crédité d’une planète d’origine, avec un noms à la consonance presque gutturale et d’une lune productrice d’énergie. Le détail n’est pas anodin, car avec cette simple lune terraformée pour dans une optique énergétique, les Klingons acquièrent en un instant une connaissance scientifique au moins équivalente à celle de la Fédération, qui dépasse la simple conception de vaisseaux pour aussi s’intéresser à la subsistance du peuple dont une partie ne peut forcément être guerrière (un peuple tout entier destinée à la guerre et au chaos ne pourrait pas survivre longtemps dans un espace à multiple quadrant régenté le plus souvent par un jeu d’alliances stratégiques). La réaction est fulgurante de la part de l’Empire qui décline toute proposition d’aide, préférant régenter le problème dans une autarcie totale. Le parallélisme avec le comportement romulien se trouve établi à son tour et les Klingons se voient taxer de paranoïa vis-à-vis de leurs conditions militaires et économiques. Ne pas montrer à l’ennemi ses faiblesses pour qu’elles ne soient pas exploitées.

Le meilleur reste à venir.

Dans une situation malgré tout délicate, des pourparlers vont être entamé avec StarFleet pour la survie future du dit Empire qui n’a plus que 50 ans d’espérance de vie. C’est évidemment l’Enterprise qui va être sur la brèche mais nous y reviendrons. Une rencontre est donc prévue et c’est un modèle de croiseur klingon venant du premier film qui va transporter les émissaires. Outre le clin d’œil évident pour la continuité avec The Motion Picture (ce modèle de vaisseau étant remplacé par la suite dans TNG par une version beaucoup plus modernisée et qui trouvera son heure de gloire dans la Tradition du Guerrier via DS9) , on sent que quelque chose est différent. Contrairement aux premiers films, il n’y a pas de plans sur la passerelle, pas d’atmosphère surchargée de rouge ou de fumée. Simplement un visuel sur le ventre du navire, que Kirk ne peut qu’admirer, précisant que jamais ces deux ennemis ne s’étaient trouvés aussi près l’un de l’autre sans mode de défense. Une simple téléportation va permettre d’entrer de plein fouet avec ces Klingons 2.0. ET la claque visuelle de suivre. Gros plans d’abord sur quelques paires de bottes et un étrange bâton. La caméra remonte ensuite progressivement vers le buste puis le visage des nouveaux venus. Et on réalise que rien ne sera plus jamais comme avant. Il y a autant de visages différents que d’acteurs. Les Klingons ne sont plus seulement des êtres stéréotypés et butors à la chevelure folle et au costume gris noir. Nous sommes en présence du chancelier de l’Empire (analogisme tacite à Hitler et l’Allemagne Nazie que cette dénomination de Chancelier ? Sans compter la référence au dictateur émise par Kirk peu de temps après…) et de sa fille , mais aussi de son conseil d’état à priori , parallélisme sympathique avec les royautés françaises et britanniques. Pas tout à fait ministres mais conseillers en propre et peut être même assimilable à une garde impériale. Ce sont malgré tout des militaires, ne l’oublions pas. Néanmoins outre cet apport politique tout en nuance, l’Empire n’ayant pas encore le système d’Empereurs propre à TNG et DSP et à la continuité Star Trek, il est de bon ton de jeter un œil aux costumes et aux maquillages. Fard Mauve, tresses travaillées, barbes taillées, bijoux cérémoniaux, cuir rouge, pendentifs, médaillons, artefacts de guerre, bandeaux et j’en passe. Toute la garde robe a été remaniée, repensée pour imposer le respect et d’ailleurs, lors de la présentation de ce groupe peu commun, pas une seule ligne de dialogue ne trasparaît pour pouvoir laisser au spectateur tout le loisir d’admirer cette nouvelle représentation. Pourtant, des oripeaux aussi soignés soient ils ne restent que des oripeaux s’il ne sont pas portés avec classe et distinction. Le casting suit donc le mouvement et nous propose ni plus ni moins que ce qui restera la meilleure interprétation Klingon de toute l’histoire de TOS, Goron prenant à son compte celle de TNG et DS9. Le chancelier est joué par David Warner qui semble avoir fait une volte face totale par rapport à son rôle précédent dans l’Ultime frontière. Sa composition est sobre, ses réactions mesurées et ce dernier est d’une justesse impeccable. Regard, positionnement par rapport aux autres interprètes, complicité toute cérémoniale ou presque avec sa fille et enjeux de paix , tout est mesuré, contrôlé pour apporter à ce titre de chancelier toute l’assise nécessaire. On est déjà heureux d’un tel traitement qu nous éloigne considérablement de l’idiot quasi congénital que jouait Christopher lloyd en son temps (ce dernier de son propre aveu ne voyant pas toujours l’utilité de certaines scènes comme celle où il prend une étrange position pour se faire téléporter, dixit les bonus de l’édition collector). David Warner retrouve ici l’emphase et la solidité d’expression de Tron et de La Malédiction (pour ne citer que ces deux films antérieurs à Terre Inconnue). La joie devient exultation quand on reconnaît l’interprète du Général Chang qui n’est autre que Christopher Plummer, le juge pugnace de Dolores Claibornes, le Dr de l’Armée des douze singes, le Van Helsing de Dracula 2001 (la seule bonne interprétation du film, soit dit en passant) et j’en passe. L’acteur shakespearien semble ici se régaler à jouer les Juda et nous donne à voir l’équivalent klingon de Kahn, rein de plus, rien de moins, tant la folie brille dans ses yeux et dans les piques qu’il lance à Kirk. Le voir ainsi mener un véritable double jeu n’en est que plus jouissif. Je ne donnerais pas ici volontairement de détails sur l’intrigue de manière à ménager le plus possible de surprises aux néophytes qui rejoindrait cette communauté chaleureuse que représente les trekkies.

Evidemment, le film ne s’arrête pas là dans la réhabilitation des Klingons. A maintes reprises, leur univers est (enfin !) exploré en détails et on peut constater que les coursives d’un astrocroiseur de Kronos sont aussi bien entretenues et modernes que celles d’un vaisseau de Starfleet. Mieux encore, via quelques plans astucieux, on comprend enfin en image que la gravité sur un vaisseau n’est que peu de chose et que son absence peut avoir des conséquences désastreuses. Mieux encore, des spécificités physiques sont ajoutées aux klingons, comme un pendant du traitement d’élite réservé jusqu’alors aux vulcains. Si ces derniers ont le sens vert et le foie à la place du cœur (j’exagère peut être là), il est désormais établi que la physiologie klingon diffère fondamentalement de celle des humains et que leur sang est épais, fluo et violet. Autant de détails qui ne semble peut être pas si importants à la lecture mais qui apportent un plus indéniable à l’écran, sans compter une exploitation future poussée à son maximum avec l’invalidité (passagère) de Worf dans un des derniers épisodes de TNG (avec le principe d’un organisme possédant tous ses éléments vitaux en double, voire en triple).

Qui dit politique dit également dissidents potentiels. Et tout gouvernement dans ce cas précis possède forcément des moyens plus ou moins dissuasifs pour les enfermer. L’apport à la mythologie klingonne se trouve alors doublé avec une démonstration sans équivoque du système judiciaire et pénitentiaire impérial. L’Empire possède sa propre prison : Rura Penthe. Planète froide, isolée, couverte de glace et principalement exploitation de Dilithium. L’Alacatraz de l’espace d’où personne ne s’évade…. Sauf les capitaines de la Fédération. Kirk évidemment ici mais chronologiquement parlant, on retrouvera aussi un certain Archer. Enterprise et TOS ayant d’ailleurs eu la grande intelligence d’utiliser les mêmes décors, ce qui assoit encore la volonté d’instaurer des institutions pluriséculaires. La disposition du tribunal en semi arène, les jeux de lumières opérés sur le juge et sur le public, l’acoustique des lieux, le cérémonial aussi avec un marteau avantageusement troqué conter une main de fer (littéralement), mais aussi les parois givrées de la prison, le nombre incalculable d’espèces aliens représentées font de ces passages des moments simplement bénis de perfection. Tout s’enchaîne, tout se suit logiquement, sans temps mort, faisant passer L’ultime frontière pour un délire sévère sous hélium (tant cela partait dans la n’importe quoi et le grand guignolesque) et pour suivre une certaine logique, j’en resterai là également, tout comme pour les conditions d’évasion du bon Dr qui a suivi Kirk au tribunal. Notons au passage Michael Dorn dans le rôle de l’avocat dévolu à la défense de Kirk, et qui se prénomme … Worf. Clin d’œil plus évident, cela reste difficile.

L’attrait principal du film côté Klingon et qui va pousser l’Enterprise à une faute apparente qu’il restera difficile de contredire (mais pas impossible non plus) est pour sa part basée sur une idée simple. Dans toute saga, pour obtenir un retournement de situation qui parviendra non seulement à clouer le spectateur sur son fauteuil tout en l’excitant suffisamment pour qu’il revienne en seconde semaine, il suffit parfois de peu de choses. Contredire une règle simple reste souvent le plus efficace. Dans TNG, on s’est ainsi retrouvé avec un Enterprise multiphasique capable de s’occulter (ce qui reste rigoureusement interdit à la fédération) et mieux encore de traverser la matière. Dans Ghostbusters cette même scène existe lorsque nos braves chasseurs de fantômes croisent leurs faisceaux contre le Bidendum Chamallow. Dans Retour vers le futur, c’est un simple échange de dialogues entre deux Dr Brown. Dans Superman, c’est le déni de l’interdiction absolue du père et le voyage dans le temps (deux fois chez Donner !) pour rétablir un certain ordre des choses. Citons encore une Phoebe qui bascule du côté obscur en s’unissant à la Source dans Charmed et j’en passe… faudrait voir à ne pas rester toute la journée non plus (d’autant que je vous invite à proposer vos propres exemples dans la partie post un peu plus bas). Pour Terre Inconnue, lors de sa première vision, la surprise est de taille, vraiment, et je n’en dirais pas plus, pour ne pas gâcher le travail à l’Unisson de l’Enterprise et de …. L’Excelsior.

Car en effet, l’univers Klingon n’est pas le seul à avoir eu des changements plus ou moins importants. L’Excelsior, fleuron de la fédération qui s’est retrouvé réduit à l’état de casserole sidérale dans Star Trek III et que l’on n’avait pas eu la chance de revoir ensuite (et qui reviendra sous forme d’Enterprise-C dans les univers parallèles mettant en scène une version uchronique de Tasha Yar dans TNG). L’Excelsior revient ici en force, puisque c’est lui qui ouvre le film côté hommes en rouge et qui se prend de plein fouet (alors qu’il revenait d’une mission de relevés d’anomalie gazeuses,détail primordial qui permettra d’amener le superbe final) la déflagration consécutive à l’explosion de Praxis. Et ce n’est rien moins que Sulu qui est son capitaine, rôle qu’il retrouvera dans un épisode anniversaire mémorable de Voyager concernant le passé de Tuvok. On sait d’avance à partir de ce moment là que l’équipage original est éclaté et que Sulu va alors devenir un allié de poids par la suite (du moins on l’espère, car le nom de Goerges Takei est le dernier du cast original à apparaître au générique d’introduction, contrairement à celui de Walter Koening qui occupait autrefois cette position). Force est de constater qu’il va avoir dans cette fonction autant de panache que son illustre professeur. La fédération est également à l’honneur. Et comment mieux démontrer l’humanité et la grandeur d’âme d’une entité qu’en la démontant tout d’abord via ses pires travers. Terminé l’aspect lisse et gentil yogi de Starfleet. Face au désespoir du peuple Klingon, les militaires se révèlent sectaristes, paranoïaques et limite racistes. Et c’est Kirk qui va porter le premier coup de grâce lorsque Spock précise que leur survie est en jeu et qu’il répond , le visage baigné de clair obscur qu’il faut tous les laisser mourir, que ce n’est pas en sous entendu leur problème, la rancœur quand à la perte de son fils restant vivace et lui étant fatale peu de temps après ; ce qui permet de tisser des liens avec Kahn, car la qualité de ce film reste aussi d’établir des ponts avec toutes les sagas TOS sans exception des années 60 aux années 80. Pour exemple, la blonde qui se trouve à un poste de commande sur la passerelle de l’Enterprise n’est autre que l’infirmière Janice de TOS. L’autre coup de bambou vient des vulcains eux-mêmes. En écho avec le Lieutenant Saavik, Spock a également suivi la progression d’une nouvelle élève qui se révèlera vénéneuse au plus haut point, symptomatique incarnation de la division qui règne alors dans Starfleet, un complot se fomentant au plus haut niveau. Star Trek VI est donc l’épisode de la maturité. Les instincts le splus vils sont mis en exergue. Les Klingons conspirent avec la fédération contre leurs peuples respectifs avec l’appui du peuple se voulant le plus neutre de l’histoire de la terre : les Vulcains. Les conséquences vont être incalculables et conduire tous les personnages à une remise en question salutaire. Kirk comprendra alors le but de cette nouvelle ère où les David n’auront pas à craindre les Gorkon. Spock, qui lui a passé l’ensemble des quatre premiers fils à s’établir en tant qu’individu entier va également nous offrir un scène choc que l’on en reverra jamais dans toute la franchise, en violant sa pupille. Pas d’inquiétude, il n’y a pas de violences sexuelles. C’est bien pire. Le viol physique vous meurtri au fond de votre chair. Le viol mental (qu’expérimentera T’Pol de manière moins violente) ne laisse pas d’équivoque. Le principe (gare au spolier) du « Mon esprit est ton esprit…. » a permis dans Star Trek des scènes mémorables mais les deux partis étaient généralement consentants, qu’il s’agisse d’une entité de silicium dans TOS (Les mines du Horta) ou de l’échange post mortem de Spock via Sarek et Kirk dans Star Trek III. Ici , le ton change. Face à une déception trop grande, preuve d’une certaine faiblesse pour Spock, il empoigne Valéris et lui impose cette fusion pour lui soutirer des informations. Celle-ci commence par se laisser faire malgré elle puis se ferme, prétextatnt qu’elle ignore le nom qu’on veut lui soutirer. Spock alors révulsé lui appose non pas une mais les deux mains de part et d’autre du visage tandis que Kim Catrall (qui a donc été vulcaine et nympho dans sa carrière, grand écart intéressant en soi quand on y réfléchit) ne peut réprimer un hurlement de douleur. La scène est terrible, les spectateurs passifs de la passerelle sont médusés, le spectateur serre malgré lui les contrefort de son fauteuils à s’en faire blanchir les jointures. Spock l’aurait rué de coups que cela n’aurait pas été plus choquant, d’autant que la fusion mentale de force d’un vulcain à un autre est considéré comme l’un des plus terribles crimes de la société vulcaine, dixit Enteprise. Mais les enjeux sont d’une telle importance….

Finalement, le lieu de rendez vous pour la conférence pour la paix est établi et révélée. Cette dernière se déroulera sur Khitomer. Le nom est lâché.

Khitomer représente à lui seul l’une des pierres angulaires historique de Star Trek. C’est le moment clef qui va permettre de tisser des liens de non agression entre Klingon et Fédération, lien qui sera définitivement scellé avec le sacrifice de l’Enterprise-C pour sauver un avant poste Klingon attaqué par des Romuliens (qui ont eu une part active dans les différents complots de cet opus) et c’est de là que va partir l’ensemble des références historiques de TNG. Le chainon vient d’être forgé et pour la première fois dans l’histoire de la télévision, deux séries qui sont séparées par 20 années de vides cathodique se retrouvent liées l’une à l’autre viscéralement. Ajoutez à cela les autres spin off de la saga et vous obtenez en toute logique l’histoire la plus longuement portée à l’écran de toute la science fiction, impression encore renforcée par Generations et l’autre épisode anniversaire traitant des tribules dans DS9.

Star Trek VI était donc porteur d’enjeux qui auraient pu écraser n’importe quel projet de fiction. Il s’en est tiré haut la main. Sont à mettre en cause les corrélations évidentes mais somptueusement portés à l’écran via une débauche de moyens techniques et scénaristiques enfin à la hauteur de la licence mais aussi grâce à des acteurs qui , n’ayant plus que leur prestation à assumer, le font en toute sincérité, réussissant à tirer la substantifique moelle de leur personnage vers l’acmé de leur possibilité. Nicholas Meyer a réussi à fournir une véritable fusion de tout ce que la saga avait de meilleur tout en faisant oublier ses pires travers (suffit de regarder l’opus précédent). Reste un ultime aspect qui n’a pas encore été abordé. Star Trek au cinéma, excepté l’épisode 4 , a été très lourd en tragédie. L’homme a connu des désillusions quand à son créateur (Ultime Frontière) mais aussi face à ses créations (Voyager et The Motion Picture). Sa propre évolution a été synonyme de destruction (La colère de Kahn / Genesis) et sa volonté d’hégémonie inconsciente a failli causer sa perte, que ce soit par la destruction de mondes via le terraformage pour les remodeler ensuite selon ses besoins ou par la création pure et simple de ressources énergétiques au détriment de toute vie (l’inconscience scientifique de David pour compenser les travers de Genesis lui a coûté la vie) voire même l’exploitation de ressources jusqu’à leur épuisement (The Voyage Home et le risque pur et simple de voir la terre détruite). Il était normal de renouer avec cette volonté dans le dernier opus historique. Et politiquement parlant, c’est à un buffet royal que nous sommes conviés. Et tout le background culturel du drma a été distillé. Les allusions aux périodes sombres de notre histoire( Chang : nous avons besoin de nous étendre / Kirk : Hitler, Pologne, 1936), les recours constant à Hamlet, les affrontements verbaux et référentiels, la musique si particulière de cet épisode… tout concourt à nous conduire vers quelque chose d’unique qui pourtant nous fera sourire à maintes reprises via un recours à l’humour souvent salutaire. Nous citerons la petite bagarre dans la priosn remportée par Kirk pour une méconnaissance anatomique, le dialogue Klingon mené par Uhura, le recours excessif à la bière romulanaise et même le cynisme de Kirk qu’humainement nous partageons. Terre Inconnue permet aussi de clore toute la saga sous-jacente sur la vieillesse et le besoin inhérent de passer le flambeau …. En cela, le final est d’un onirisme sans faille et je peux en parler sans révéler qoique ce soit (les gentils gagnent, vous êtes surpris ? Non. Mais qui sont réellement les gentils… ?) .L’Enterprise est rappelé au spatiodock pour un démantèlement sans retour, situation rappelant celle de Star trek III. Mais cette fois c’est tout l’équipage qui s’exprime par la bouche de Spock qui propose simplement d’envoyer StarFleet Command au diable. L’Enterprise A s’envole donc vers d’autres aventures sur fond de Soleil qui est loin d’être couchant tandis que l’Excelsior le quitte également (la mise en scène entre les deux vaisseaux terriens et celui de l’Empire est fabuleuse). Le monologue de Kirk rappelle qu’un autre vaisseau prendra la relève dans les années à venir, renvoyant l’ascenseur à TNG qui aura intrasèquement permis cette dernière aventure. Et la larme à l’œil devant cette page de notre vie de cinéphile qui se tourne inexorablement, les dédicaces des acteurs remplacent leurs noms sur le générique final pour nous faire un ultime cadeau, autographe sur fond d’étoiles d’une histoire entrée au firmament.

C’est sur ces belles paroles que se clôt (provisoirement ?) le dossier sur la saga Star Trek au cinéma, dans l’attente de la sortie du dernier opus qui se veut en fait être le premier tout en s’intercalant avec une série (vous suivez encore ?) et une autre. Je suis ravi d’avoir partagé mes modestes vues avec vous et vous remercie de m’avoir accompagné jusqu’au bout dans cette Entreprise. A bientôt donc dans la partie en dessous et probablement, si vous êtes d’accord pour la saga Picard.

Merci à tous et n’oubliez pas, réagissez !


L'Image : 2.5/3

Détails techniques : Format Vidéo : 4/3 - Ratio : 2.35:1

Avis : Excellente ... mais encore un cran en deça de l'édition collector. Les plans spatiaux présentent des noirs profonds, les sfx sont parfaitement incrustés et le combat final fait oublier toute véléité possible quand à cette édition. Une transfert Paramount de base, mais un bon transfert (le jeune Sherlock Holmes et sa pyramide doivent regretter de ne pas s'être engagés dans StarFleet!)


Le Son : 2.5/3

Détails techniques : Anglais, Français , Italien et espagnol en 5.1 - Sous-titres : Anglais, Français, ...

Avis : Son impeccable en Vf comme en VO . L'ensemble est bien équilibré et vous avez vraiment le sentiment de déguster un bon space opéra.


L'Interactivité : 0.5/3

L'ergonomie des menus :
Le menu principal est fixe et assez laid, ce qui était l’apanage des éditions simples de l’époque chez Paramount. Les sous menus sont du même acabit. Sous titres et langues restent sélectionnables à la volée durant la lecture.


Les bonus :

  • Bande annonce cinéma .

  • Les Visuels : 0.5/1



    La pochette / Le packaging

    La pochette permet un jeu de mot bien connu : Star Trek 6 , terre inconnue et terrain connu car pouvant s'adresser aux fans comme aux néophytes (comme plus tard 1er contact) et synthétisant à lui seul l'ensemble des intrigues, valeurs et attrait de la franchise TOS.



    La sérigraphie

    La rondelle est bien foutue avec sobrement inscrit le logo Star Trek 6 sur fond laser mais bonjour les traces de doigts!


    Note Finale : (16/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 06/01/2009 à 13:40 par Ivenpast : je parlais évidemment des maquettes pour l'Excelsior, qui sont identiques. Pour les dates, il se peut que je me sois trompé. Merci pour les correctifs et continuez de réagir!
    - le 06/01/2009 à 11:51 par akula : Historiquement, l'Excelsior ne peut etre utilisé pour l'Enterprise-C, car l'Enterprise-C est de classe Ambassador. C'est l'Enterprise-B (Star Trek Generations) qui est de classe Excelsior. Peut être ont-ils utilisés les mêmes maquettes dans NG.
    - le 06/01/2009 à 06:38 par Ivenpast : et voilà. fin du dossier sur les films classqiues de star trek TOS. Réagissez et bonne lecture!
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