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STAR TREK I : LE FILM - DIRECTOR'S EDITION / 2 DVD

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Star Trek I : Le film - Director's Edition / 2 DVD DVD sorti le 18/04/2002


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Editeur : Paramount
Distributeur :
Paramount

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Nombre de visites :
1090


   

Le Film : 7.5/10

Résumé :  Une entité étrangère d’une taille prodigieuse se dirige tout droit vers la Terre. Après avoir pris conscience du danger, Starfleet dépêche James T. Kirk , devenu amiral de prendre contact avec cette dernière afin d’en évaluer la menace. Pour ce faire, il revient aux commandes d’un Enterprise bien différent de celui qu’il commandait quelques années auparavant. Afin de mener à bien sa mission, il rétrograde temporairement le capitaine actuel du vaisseau, William Decker qui reste mobilisé sur cette mission capitale en tant que conseiller scientifique , puisqu’ayant supervisé l’intégralité des aménagements technologiques. Une nouvelle aventure commence pour le célèbre équipage qui se complètera au fur et à mesure de l’aventure…

Avis :  « Space, the final frontier…. ». Ces quelques mots doivent en théorie faire dresser le poil sur le main (celle qui tient la souris, l’autre étant toujours occupée à je ne sais quoi, tenir une tasse de café, piocher dans un saladier de bonbecs haribo ou lovée au chaud dans celle de sa copine …. dans le meilleur des cas) de n’importe quel geek voir de ceux qui aiment un tant soi peu le cinéma fantastique.

Qui aurait pu prévoir le succès que la chaîne ABC n’avait su déceler après trois saisons de décors en cartons et de pyjamas aux couleurs primaires, dans un univers si futuriste pour l’époque, sur un vaisseau spatial où se côtoyaient non seulement toutes les races de la Terre mais aussi de nombreux représentants de peuple aliens , et ce dans un contexte géopolitique plus que perturbé, dominé par la course à l’espace , la Guerre froide et autre joyeusetés de type Apartheid.

Et que pouvait on voir sur la passerelle ? Des humains d’origines divers au commande d’un vaisseau non pas en mission de conquête (dérivatif utilisé dans l’univers Miroir avec une Fédération belliqueuse et un système de valeurs proche du mode de vie klingon, ces derniers devant alors en toute logique garder des moutons avec des nœuds dans leur nattes….) mais d’exploration, souhaitant nouer des relations avec tous les peuples désirant également connaître les humains. Entre un asiatique et un russe travaillant de concert aux côtés d’européens et d’américains pure souche, nonobstant le premier baiser interracial de l’histoire de la télévision US, Star Trek a su être une série atypique et a réussi à jouer sur ce caractère particulier, entraînant dans sa chute un noyau dur de fans qui parviendront à entretenir la flamme de la distorsion et encourageront Roddenberry à ne jamais relâcher ses efforts, supportant pendant plus d’une décennie un projet de série avortée à la dernière minute (Star Trek : Phase II), un film achevé et entré en phase de production mais lui aussi arrêté avant le premier coup de manivelle (Planet of Titans) , la mise en chantier puis l’avortement d’une série animée malgré 26 épisodes où les stars d’origines avaient acceptés de doubler leurs avatars , sans compter un va et vient permanent entre les sections Tv puis ciné de la Paramount avant le grand final : le développement de Star Trek : the motion picture qui représentait à la base le super pilote d’une nouvelle franchise.

Ce film, porteur de nombreuses qualités et du germe de ce que seront les futurs licences télévisuelles, allait ouvrir en grand les portes du Gondor de la science fiction, proposant pour les 30 années à venir une série de succès cinéma à faire pâlir Star Wars qui n’a réussi à aligner que 6 longs métrages en deux séries de tournage là où Star trek a su enchaîner les exploits sur grand écran dans la durée mais aussi une aventure jusque là inégalée sur le long terme pour un seul et même univers de base , avec des enchaînements et des correspondances encore inédites d’une série à l’autre (Macquis, Guerre du Dominion….) via un nombre exponentiel de spin-off pour une durée de plus de 20 ans, enterrant de fait les parangons du genre que sont pour l’exemple Stargate Sg-1 et s’approchant du Wall of Fame cathodique où l’attend Dr Who.

Membres honoraires de Starfleet, prenez vos serpillières photoniques, épongez les torrents de larmes versées lors de l’annonce de l’arrêt d’Enterprise et reprenez espoir. Notre vaisseau chéri reprend du service pour enfin nous présenter le chaînon manquant qui nous manquait tant : 2009 va être à marquer d’un coup de phaser grâce à JJ Abrahams, le petit gars qui avait réussi à exhumer Mission Impossible de ses cendres et à donner une tête crédible à Tom Cruise dans un film d’action qui faisait tant défaut à cette autre saga de la Paramount dans laquelle avait joué autrefois léonard Nimoy, Immortel M Spock qui revient d’ailleurs sur le devant de la scène dans cet 11ème opus. Dans le cadre de cette sortie, quoi de mieux alors que refaire un petit tour, entre deux loupes sur les séries, sur la passerelle de Kirk , via les six premiers épisodes de la franchise au cinéma ?

De Robert Wise à Nicholas Meyer, replongeons nous donc avec délice dans les affrontements spatiaux et autres digressions humanistes qui ont fait de Star trek ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une exception culturelle unique dans laquelle sont traitées, toujours avec un optimisme forçant le respect les pires travers de l’humanité pour n’en retirer qu’une chose, que les Gardiens de chez Marvel ont bien compris : l’humanité porte en elle les germes d’une chose énormissime qui la dépasse et qui la destine à une évolution unique… Si une chose a réussi à marquer nos oreilles fragiles dont les séries tv et autres films à gros budget s’acharnent aujourd’hui à massacrer les tympans, c’est bien le générique de la série classique, simplement musical dans les premiers épisodes puis rapidement accompagné d’une partie chantée , correspondant parfaitement à notre petite équipée stellaire. Le thème musical d’Alexander Courage reste d’ailleurs aujourd’hui l’un des plus reconnaissables au même titre que celui de Mission : Impossible de Lalo Schifrin. Néanmoins, pour son passage sur grand écran, il fallait voir les choses en grand.

Ce sera chose faite avec Jerry Goldsmith, compositeur aussi prolixe au cinéma qu’un John Williams et artisan chevronné étant capable de s’approprier un univers existant pour le réinterpréter sans en dénaturer la trame originale voire même de transcender un film déjà excellent en lui apportant une crédibilité supplémentaire, un touche indéniable de maestria à l’image de son œuvre sur La malédiction de Donner. On le retrouvera d’ailleurs sur pas mal d’aventures de la Fédération, tant pour la grande toile que pour le petit tube domestique. Goldsmith s’empare donc de la partition de base et la transforme en quelque chose emplie d’un souffle épique qui , non content de soulever de joie le cœur des fans, emportera l’adhésion d’un public peut être néophyte. De l’emphase, du tempérament et de la fougue transpirent à l’apparition de noms bien connus du casting originel sur fond étoilé, sans autres fioritures graphiques si ce n’est certaines envolées qui galvanisent le chaland. On reste déjà sonné, mais heureux, tout comme la première fois que l’on peut écouter le thème en dts de Superman ou des Aventuriers de l’Arche perdue.

La musique occupe une part essentielle du cinéma. Sans elle, certains films entrés dans les mémoires seraient peut être restés anecdotiques, ou n’auraient tout simplement pas la même force. On citera pour l’exemple le boss des années 50 de la Columbia qui avait subrepticement dérobé une copie du Train sifflera trois fois avec Gary Cooper et qui le qualifia de navet. La partition n’avait pas été ajoutée alors qu’elle représentait un personnage à part entière du métrage. La suite, on la connaît, d’un western devenu classique et couronné par 4 oscar dont celui de la meilleure chanson …..

Une musique, un générique qui plus est, peuvent aussi s’approprier voire devenir l’identité profonde d’une histoire. La plupart du temps, un bon show sera reconnaissable de suite, même si l’on se trouve dans une autre pièce et provoquera en nous un sourire, que ce soit les premières notes des Simpson ou de Batman la série animée composées par le génialissime Danny Elfman des années 80-90 (je trouve, subjectivement parlant, qu’il se répète un peu depuis, à l’instar de la BOF de Spiderman) ou bien encore celles de la petite Maison dans la Praire ou de Dallas. Jerry Goldsmith, décédé il y a quelques temps maintenant, à su saisir l’essence de ce space opéra et a de plus établi une référence qui sera non seulement reprise pour les films à venir mais qui servira de trame sonore pour les génériques des futures séries sans compter une réutilisation efficace de ce scories lorsque le show veut jouer la nostalgie ou faire référence à des histoires se déroulant sur cette période comme lors du fameux épisode revenant sur le service de Tuvok dans les fameux uniformes rouges qui seront consacrés dans l’épisode suivant.

Suite à un générique plein d’emphase, le film s’ouvre et nous offre comme premier plan un visuel sur trois croiseurs Klingons avançant en formation sur un nouveau thème. Ces derniers ne sont pourtant pas seuls dans l’espace et quelques plans alternent entre un aperçu de la masse d’une formation inconnue et un survol rapide et méthodique malgré tout de la coque des dits vaisseaux pour se retrouver sur une passerelle encore jamais vue dans la série classique, avec des Aliens au physique et au phrasé encore inédit lui aussi.

Ce moment à priori banal de commandement revêt pourtant un caractère extraordinaire pour toute personne ayant découvert l’univers Star Trek de manière chronologique, c'est-à-dire en commençant par TOS puis en poursuivant par les films en alternance avec TNG. Ceux qui ont en mémoire l’épisode anniversaire de DS9 avec la collaboration en sous main entre Sisko et Kirk sur une histoire fameuse de tribules comprendront ce que je veux dire. En effet, dans TOS, les Klingons se démarquent par une volonté hégémonique de conquête basée sur l’extension constante de territoire. Leur aspect se démarque par un teint relativement mat et une présence marqué de barbes, moustaches et autres boucs en tout genres. Ils sont généralement très bruns et arborent des uniformes noirs et or, sans fioritures guerrières, leur parlé étant le même que celui de la Fédération, en légèrement plus agressif et sournois. Les valeurs d’honneur et de loyauté , nonobstant celle de castes, ne sont pas encore développés et ces extraterrestres ne représentent finalement que l’aspect primitif de l’humanité. De plus, ce seront les ennemis récurrents de Starfleet durant ces trois saisons des années 60, bien plus que les Romuliens (un épisode très marquant de mémoire). Le principe d’oiseau de proie et autres dénominations relevant du domaine de la chasse sont déjà présentes mais les possibilités graphiques de l’époque ne permettaient pas un rendu suffisant pour enflammer l’imaginaire et proposer des batailles dignes de ce nom. Pour info, TOS est ressorti il y a quelques temps dans une version remasterisée avec des sfx remaniés de fond en comble pour coller à l’aspect graphique mis en place de puis les années 80-90. A vous de voir alors si vous préférez retrouver Kirk avec la nostalgie perdue de la jeunesse ou bien avec l’œil acerbe d’aujourd’hui, quitte à perdre une partie du charme que représente des vaisseaux en carton pâte au prix d’une métempsychose bassement mercantile. Enfin, dans la série classique, les thèmes musicaux étaient souvent les mêmes, gravitant principalement autour de la fédération, et peu de fois autour de leurs ennemis.

C’est pourquoi il faut insister lourdement sur cette courte introduction, avant même que les Klingons n’entreprennent d’attaquer ce que nous nommerons pour le moment l’Etranger.

Ce plan sur les trois croiseurs marque l’entrée de plein fouet dans un âge adulte inespéré. TOS, avec ses couleurs chaudes et primaires, ses péripéties d’apparence manichéennes et ses affrontements à grand renfort de plans fixes traficotés en post production pouvait s’apparenter à une innocence certaine, véritable métaphore de l’enfance et de la préadolescence. L’équipage de l’Enterprise est parti dans une mission d’exploration de cinq ans, la poupe en avant et le cœur avide d’aventures. Tous les membres, en fait surtout ceux de la passerelle, se connaissent et on passe plus de temps sur des préoccupations humaines qu’à admirer l’espace, qui se résume d’ailleurs souvent à une planète (toujours la même physiquement) aux couleurs sans cesse changeantes avec un Enterprise en orbite géo-stationnaire (toujours suivant le même angle d’approche, en passant).

Là, pour la première fois de son histoire , la franchise nous offre enfin un plan valable et détaillé sur trois embarcations, qui peuvent prétendre rivaliser avec certains vaisseaux de l’époque Star Wars (qui est tournée dans la même durée d’ailleurs). Profitant d’un budget enfin adapté à l’univers de Roddenberry, Wise va alors en profiter pour suivre avec un amour certain les courbes de ces nouveaux croiseurs, les plus attentifs remarquant même une esquisse de plumes d’oiseaux sur les ailes latérales. L’aspect visuel est tout aussi important puisque ce sont ces vaisseaux qui vont servir de référence à la création d’une toute nouvelle flotte de navire pour l’Empire dont on pourra suivre les évolutions constantes jusqu’u fameux diptyque « La tradition du guerrier » de DS9 où les questionnements existentiels de Worf et la guerre débutante contre le Dominion (que je cite souvent il est vrai, mais comment faire autrement puisque cet évènement est une véritable pierre angulaire de la franchise au même titre que Kithomer ou que la bataille de Wolf 359 où bien encore la découverte des Borgs par l’intermédiaire de Q dans TNG). Un autre évènement marquant accompagne de plus cette présentation : un thème musical fort. Extrêmement fort dans les quelques premières notes suffiront à l’avenir à identifier la menace Klingon, tout en cuivre et en force, dans des tonalités quasi wagnériennes. Ce premier thème musical ouvre d’ailleurs la voie aux backgrounds musicaux suivants qui permettront de présenter toutes les autres espèces à venir, mais nous garderons cela pour une autre analyse future.

Dans cette perspective d’exploration, le fan ravi, prolongera son plaisir avec ce qui deviendra la dominante des vaisseaux Klingons à venir. Les créatifs ne se sont pas contentés de réinventer l’impact visuel de ce peuple guerrier, ils ont aussi repris en main le côté graphique en propre de la race. Terminé les analogies humaines entre équipage de Starfleet et équipe impérial. Les Klingons se voient pourvus d’excroissance osseuses , de long cheveux et d’un aspect guerrier bien plus prononcés et inquiétant qu’auparavant, mélange de peuples barbares du passé , sans compter un uniforme totalement remanié, plus lourd, plus imposant et moins clinquant, correspondant mieux aux multiples campagnes militaires qu’ils doivent mener. Pour accentuer cette volonté d’impressionner en force le spectateur, on instaure de plus une ambiancer à base de rouge sur la passerelle, couleur chaude et énergisante par excellence, sous tendant une volonté quasi constante de passer à l’action, el tout renforcé par une toute nouvelle typographie anguleuse et agressive elle aussi.

On ne regrette plus alors les versions passées et on ne peut que s’enthousiasmer devant le respect manifeste promulgué au geek. En mois de quatre minutes de films, on sait que la refonte est totale, tout en conservant les bases de la mythologie préétablie avec TOS. C’est alors que la dernière idée créative fait son apparition. Jusque là dans TOS, toutes les actions, toutes les aventures étaient vécues du point de vue de Kirk et de son scooby gang. Logique donc d’assister à tout cela dans un canadien (la version française de TOS n’existe pas, les versions qui nous ont été offertes jusqu’à présent ont toutes été doublées de l’autre côté de l’Atlantique) plutôt cheap , tandis que toutes les races aliens comprennent le Starfleet de base grâce à l’action sous jacente de traducteurs universels (on notera que leur absence ou leurs panne ont été largement traitées dans les premières saisons d’Enterprise, mais aussi dans 0110011001 ds TNG ou bien encore dans un double épisode de DS9 où Quark a fort à faire avec des humains de la troisième partie du 20ème siècle).

Cependant, pour une fois, la première en trois ans d’aventures, nous assistons à une scène du point de vue des Klingons. N’est il pas alors logique qu’ils parlent leur langue maternelle entre eux ? James Doohan étant passé par là (c’est le Scotty de la série qui a proposé les premières phrases Klingonnes), on entend pour la première fois le dialecte Klingon (en fait, il en existe plusieurs dizaines, comme le soulignera Hoshi dans Enterprise quelque …. 30 ans plus tard) qui se révèle très guttural et sec, empruntant certains résonances à l’allemand gothique. L’immersion dans l’action est alors totale. Et c’est avec regret que l’on voit l’Entité Etrangère se débarrasser aussi vite de nos trois vaisseaux après un affrontement assez bref mais ayant pour atout de nous montrer un tir de torpilles à photons crédible (je n’ai jamais vu de tirs de photons, mais celui-ci est fluide et agréable à regarder) et ne nécessitant plus de geler l’image.

La transition vers un monde ayant la prétention de ses moyens est en marche, les décors en carton pâte semblent relégués aux oubliettes, la série a évolué vers une atmosphère plus adulte et on reste frétillants de plaisir quant à la suite des évènements, ce qui reste logique face à un spectacle qui se veut époustouflant. Et de logique, il va en être question avec la présentation haute en couleur de Vulcain.

Après la disparition plutôt belliqueuse des Klingons, le film poursuit tranquillement son aventure et nous amène sur l’autre monde phare de la série classique : Vulcain, via un plan de toute beauté à la colorimétrie très chaude et maitrisée. La planète de Spock avait déjà été abordée dans TOS via l’épisode fondateur sur le rite du Pon’Farr , dans lequel un vulcain doit une fois tous les sept ans s’accoupler sous peine de périr (situation qui sera de nouveau exploitée dans Star Trek III A la recherche de Spock, dans STTVger et enfin dans un épisode assez embarrassant pour T’Pol dans Enterprise avec le Dr Phlox). TOS nous proposait ce qu’elle pouvait alors se permettre, à savoir un décor en carton pâte (qui fait partie intégrante du charme de la série) , des costumes dénudés et un nombre conséquent de vulcains. Le film change la donne et passe à la vitesse supérieure, réinventant cette civilisation au même titre que celle des Klingons. Vulcain sera donc une planète quasi désertique, tapant dans la construction monumentale (merci la director’s cut pour ces plnas retouchés dans le bon sens du terme) et en parfaite adéquation avec l’essence même de ses habitants : la logique. Vulcain n’a donc érigé que le strict nécessaire pour l’accomplissement de cette logique, il n’y a pas d’ensembles architecturaux inutiles et la cérémonie du Kolinar nopus permet de retrouver un Spock aux cheveux mi-longs et en pleine introspection, cherchant désespéremment à atteindre une perfection qui lui restera à jamais inaccessible. La cérémonie proposé est à ce titre plus qu’intéressante, exécutée dans la langue vulcaine (une nouvelle première pour un dialogue aussi long nous permettant d’écouter un dialecte aux sonorités encore différentes bien que restant tout à fait structurées) et permettant un rappel bref des origines métisses de Spock. Celui-ci se sent toujours incomplet et refusera l’adoubement de sa condition de Vulcain pour rejoindre ses anciens camarades d’équipage, préférant de fait répondre à l’appel de son sang d’homme, qu’il aura pourtant toujours essayé de combattre dans TOS. La prêtresse vulcaine, plutôt que de reprendre le bijou rituel marquant la renaissance spirituelle de Spock le laisse alors choir au sol, car il serait illogique de le conserver pour une conversion qui a échoué. Illogiquement aussi d’ailleurs, Spock le ramasse et le considère quelques minutes.

Ce plan sur Spock affaibli, dépenaillé et venant d’échouer dans sa quête de paix intérieure est symptomatique de sa propre solitude et de son caractère quasi unique. Il est le premier métisse entre la race vulcaine et la race humaine, ce mélange de caractéristiques ayant de tout temps était à l’encontre du mode de vie vulcain (longtemps souligné par T’Pol avant qu’elle ne s’entiche du Commander Trip) et restant un cas unique dans Star Trek à ce moment chronologique précis. Sur l’Enterprise, Spock est également le seul de sa condition vu qu’il n’y a pas d’autres vulcain et le seul aussi à posséder des dispositions télépathiques. Notons au passage que si ces dernières restent beaucoup moins développées que chez les Bétazoïdes de type Lwaxanna Troi, elles demeurent scénaristiquement beaucoup plus efficaces… du moins jusqu’au coup d’éclat de Deanna Troy avec le sbire Remien de Shinzon dans Star Trek Nemesis.

Cette solitude est donc retranscrite à l’écran, les vulcains s’en retournant, tournant d’ailleurs le dos à Spock , qui reste à genoux, le regard triste et tendu vers l’horizon.

Les Klingons, puis les Vulcains ont été réintroduits dans cette nouvelle ère de la Fédération, il était donc attendu que StarFleet aie elle aussi les honneurs d’une relecture. Après la qualité de celles rencontrées et considérant le fait que c’est sur cette organisation qu’a reposé TOS, on est légitimement en droit de s’attendre à quelque chose de grandiose. Et effectivement, les premiers plans en extérieurs avec un pont bien familier vont d’abord nous conforter agréablement, puisque la caméra s’intéresse ensuite au siège de Starfleet avant de rentrer à l’intérieur , nous offrant une activité digne d’une ruche pour le lancement du nouvel Enterprise.

Un module fait son entrée en gare et l’on s’attarde sur le hublot qui nous montre le regard déterminé de Kirk. Et là, c’est la grande déception lorsqu’il est rejoint par le nouvel officier scientifique de l’Enterprise (encore un vulcain). Suite à la mission d’exploration initiale, le capitaine est devenu amiral, fonction synonyme de beaucoup de paperasse et de peu d’aventures. On notera la conservation d’un rasage en pointe pour les hommes, hérité de TOS dans une optique se voulant futuriste mais ce sera bien là le seul aspect pouvant renvoyer à la série des années 60-70. Kirk n’a plus son caractère frondeur et enjoué, il est devenu froid, cynique, acerbe et distant, optant pour une attitude de commandement direct ne pouvant souffrir de contre ordre ou d’opposition. Son alliance morale sous jacente ayant été rompue avec la séparation du trio Kirk / Spock / McCoy , il n’a plus eu de contre pouvoir pour réussir à équilibrer ses pulsions premières qui ont atteint ici un point de quasi non retour, comme cela semble d’ailleurs être les cas pour Spock qui n’est pratiquement plus humain au sens éthique du terme.

Ce changement d’atmosphère confirme le passage vers une maturité plus prononcé du space opéra, rompant littéralement avec les bases sympathiques et bon enfant de la série. Les couleurs primaires si chaleureuses des uniformes et des décors ont cédé la place à un ensemble froid et sans âme lui aussi, à grand renfort de blanc et d’un aspect si lisse qu’il va rester très difficile de s’y attacher.

Kirk se dirige vers son Enterprise dont il a récupéré le commandement pour régler le problème de l’Entité étrangère et ce n’est que lors des retrouvailles avec Scotty (qui a bien vieilli lui aussi, prolongeant cette impression d’évolution) qu’il va esquisser un léger sourire.

Et c’est au tour de l’Enterprise en propre d’entrer en scène pour une très (mais alors très) longue exposition, le film faisant une pause dans l’action pour nous permettre de nous rendre compte à quel point ce vaisseau a été bien repris , graphiquement comme visuellement. Pendant la série classique, nous n’avions droit en tout et pour tout qu’à quelques plans de l’Enterprise : en orbite autour de la planète, une vue de dessus, une vue de dessous et une vue figée dans laquelle le vaisseau se délestait de deux ou trois torpilles et d’un tir de phaser. De plus , selon les plans en questions, les nacelles de distorsions étaient différentes, présentant tantôt des ampoules, tantôt des demi sphères avec une lumière aléatoire rouge. De plus, lord des rares batailles spatiales, les traces d’impacts n’étaient pas montrées à l’écran au profit d’un tremblement de caméra censé démontrer la violence de tel ou tel tir.

Le film profitant d’un budget confortable, le symbole de la franchise a été complètement reconstruit, plus grand, plus brillant, plus aérodynamique et plus fonctionnel. Les proportions d’échelle ont cette fois été respectées, comme le montrent la dizaine de bonshommes en uniforme flottant dans des combinaisons spatiales sur le spatiodock (qui permet enfin de comprendre comment sontconstruits et lancés les vaisseaux de la fédération, en passant) et c’est langoureusement que l’on va explorer l’extérieur de l’Enterprise du point de vue de Kirk avec n fond sonore la partition de Goldsmith.

Certes, le vaisseau est superbe et tranche agréablement avec ce que l’on connaissait avant, mais cette exposition de près de quinze minutes est à elle seule l’un des gros points noirs du métrage qui jusqu’à maintenant avait su s’imposer un rythme qui se retrouve brutalement brisé. Il faudra d’ailleurs attendre le retour de Spock à bord pour qu’il redémarre véritablement. Une fois monté à bord, Kirk nous offre malgré lui une visite de ce nouveau vaisseau. Et force est de constater que de nombreux efforts ont été fournis pour réhabiliter ce qui passait auparavant pour un simple plateau de studio.

Wise met ainsi en place, avec Roddenberry, les fondations sur lesquelles reposeront techniquement les prochaines séries. Un nouveau téléporteur est en phase d’essai , tout comme un turbolift pour rejoindre les différentes coursives qui fonctionne vocalement en interface avec l’ordinateur central et non plus avec une manette que l’ont doit tenir( erreur manifeste et chronologique dans Enterprise) sans compter LA surprise de l’ingénierie qui montre enfin un véritable moteur de distorsion avec utilisation de dilithium. On retrouve la fameuse tour bleutée aux variations lumineuses qui sera par la suite la base de tant de scénarios pour les séries TV. Terminé donc la petite salle en perspective forcée de TOS et son moteur dont les fonctions principales étaient accessibles d’une simple console. On achèvera cette petite visite en notant que le Warp 7 semble être la référence de base, en opposition avec le Warp 5 si castrateur de Enterprise et le Warp 9 source de déchirures spatiales de TNG (mais qui ne pose paradoxalement aucun problème dans Voyager).

Qui dit nouveau vaisseau dit nouvel équipage et donc nouveau capitaine. Avant que Kirk ne reprenne la barre, le commandement a été confié à un jeune officier du nom de William Decker qui semble être en fait une copie plus pondérée de ce qu’aurait pu être Kirk. Responsable, méticuleux, volontaire et passionné, il tient cette promotion de Kirk lui-même et c’est dans la douleur qu’il va devoir y renoncer. Un rapport de force se crée entre les deux hommes qui va se poursuivre pendant plus de la moitié du film, Kirk n’ayant consenti à garder à son bord Dekker uniquement pour sa connaissance des modifications apportées au vaisseau. Dekker se trouve alors en poste d’une fonction bâtarde, ni tout à fait capitaine ni tout à fait Lieutenant Commander. Il va en fait remplir une fonction de conseil auprès de Kirk, instaurant pour le coup les prémices du grade de n°1 , inauguré officiellement par Willima Riker dans TNG. On soulignera donc l’incompatibilité d’un double commandement sur un même vaisseau, ce qui à première vue tombe sous le sens. On soulignera pour mémoire qu’une configuration similaire s’est reproduite pour Star Trek VI – Terre Inconnue puisque Spock et Kirk avaient tous deux le grade de Capitaine justement, et cela ne posera plus alors le moindre problème …..

Ce bref affrontement verbal entre Kirk et Decker démontre une nouvelle fois quoiqu’il en soit le besoin de maîtrise totale dont semble faire preuve le nouvel amiral, quitte à sacrifier ce qui le caractérisait autrefois : son humanité avec ses hommes d’équipage. De fait, on se retrouve avec une situation ubuesque où Spock qui veut atteindre la froideur logique se trouve privé de celle-ci par ses sentiments humains alors que Kirk, connu et reconnu pour ses qualités de chef et de capitaine est devenu un être dénué d’émotions au profit d’une efficacité certaine…

La suite de la présentation de l’équipage se poursuit sur la passerelle avec le retour de visages bien connus comme Uhura, Sulu ou Tchekov. Malheureusement, la capacité d’émancipation du show original semble s’être évanouie et on se retrouve d0ans une véritable régression culturelle, avec une passerelle tout simplement immonde qui pourrait n’être qu’une simple salle d’entrepôt sans les moniteurs de commande et le siège de capitaine et des uniformes définitivement rétrogrades mettant un frein aux tenues légères si osées autre fois. Pantalons de rigueur pour tous et toutes, il faudra se résigner à ne plus voir déambuler de jolies lieutenantes en mini jupes au prix d’une morale conservatrice assez malvenue. De plus pour des raisons de rythme , l’équipage en propre n’est présenté qu’en quelques secondes et on le reverra plus guère par la suite, ce dernier semblant appartenir plus aux meubles qu’à un véritable corps d’armée. On finit même par se désintéresser complètement de lui et les quelques traces d’affection à son égard sont plus des réminiscences de TOS qui s’effacent de la tête des producteurs au profit d’une démonstration d’effets spatiaux certes maîtrisés mais plutôt quelconque, l’essence de la série étant alors complètement oblitérée pour une démonstration visuelle assez quelconque et ayant de plus mal vieilli.

L’intérêt de cette séquence réside néanmoins dans une vision messianique de Kirk. Celui-ci est accueilli comme un sauveur par l’équipage (qui a entretemps pris connaissance du danger de l’Entité) , Uhura se fendant même d’un « nos chances de survie viennent de doubler ». Que comprendre alors vis-à-vis de Decker avec une telle réplique ? Les officiers supérieurs n’avaient donc pas confiance en leur capitaine ? Et ce dernier avait il seulement conscience du manque de confiance de son équipage ? Encore un détail qui affaiblit la position de l’éphémère capitaine de l’Enterprise. Kirk en ressort plus grandi et consolidé que jamais, et cède même à la facilité en se montrant quelque peu effronté envers ses collègues de toujours.

Il était donc attendu après une telle ascension morale que Kirk tombe brutalement de son piédestal, ce qui ne saurait manquer avec le premier véritable incident de téléporteur mortel de l’histoire du show.

Dans Star Trek The Original Serie (TOS) , de nombreux épisodes se sont orientés vers des incidents de téléportation : des officiers restaient coincés au sol suite à des interférences empêchant le transfert, des dédoublements de personnalité morales comme physiques ont pu se produire …. Mais le tout trouvait généralement une solution heureuse en moins de 45mn. Le film ayant évolué vers d’autres sphères plus adultes, la téléportation de l’officier vulcain entrevu une poignée de minutes auparavant va se passer assez douloureusement, l’horreur étant palpable via une série de crie d’agonie du pauvre malheureux. Kirk a beau avoir repris le processus en main, il ne parviendra pas à le rétablir à son terme, le rappelant brutalement à son statut d’humain faillible et endossant lui-même la responsabilité de l’incident , dédouanant de fait l’ancienne infirmière Janice de tout remords futurs. Retrouverait on les prémices d’un capitaine bien connu ?

Seul regret de cette scène, même si ce qui va suivre n’était pas utile, il aurait été bon de voir à l’écran le résultat final de cet accident, afin de trancher avec l’aspect trop lisse de l’univers Star Trek. Dans Star Wars, les mains sont coupées, les droïdes explosés, les montures éviscérées pour se réchauffer quand on ne massacre pas un cousin éloigné du yéti pour sa survie. Les vaisseaux sont sales, abîmés, avec des câbles et une machinerie apparente ce qui donne un certain réalisme à l’ensemble. Enterprise gagnera beaucoup de ce point de vue dans sa troisième saison (dixit la loupe référente) avec un vaisseau en miette mais continuant vaille que vaille sa mission. Pour assouvir une pulsion sordide de corps mal recomposé, il faudra alors se tourner vers la Mouche de Cronenberg et peut être sa suite avec un Golden retriever qui aura sévèrement dégusté.

Star trek ne saurait se résumer (heureusement) à son vaisseau favori et c’est donc lors d’une réunion avec l’ensemble de l’équipage que va être brièvement introduite la station Epsilon IX (dont le visuel extérieur se réutilisé simplement à l’envers dans l’opus suivant pour la station de recherche à l’origine de Genesis… mais laissons Kahn survivre dans son vaisseau sur sa planète d’adoption ravagée par les intempéries pour le moment. Nous aurons tout le temps d’y revenir en détail dans un prochain article) qui vient d’être à son tour rejointe par l’Entité. Outre le fait que les acteurs à l’écran devaient en grande partie être ceux de la défunte Star Trek Phase II, cette séquence va permettre de cristalliser le peu d’informations connues sur l’Entité si ce n’est qu’elle semble réagir de la même manière à une attaque sans somation (klingons) qu’à une tentative de contact amical. On apprend aussi qu’elle mesure 82 unités astronomiques (pour info, 1 ua = 149 598 000 kilomètres) et qu’elle se dirige vers la Terre. Une fois la station Epsilon disparue, l’équipage de l’Enterprise a pris conscience qu’il s’engageait vers une mission sans retour.

Le vaisseau quitte alors son orbite de départ et vogue vers l’Entité, ce départ correspondant également à l’arrivée de deux de nos trois derniers officiers.

Le lieutenant Ilia entre en scène sur la passerelle de l’Enterprise. Membre d’une race encore inexploitée par la série d’origine, elle aurait pour faculté d’apaiser les douleurs mais plus intéressant, elle connaît déjà William Decker , ces derniers ayant visiblement été engagés dans une affaire sentimentale quelques années auparavant. Le parallèle est aisé avec le début de TNG où Riker et Troi avaient été dans la même situation, comme quoi l’univers Star trek se renouvelle et se recycle en permanence. Cette connivence laisse le champ libre à certaines scènes potentielles qui auraient pu apporter un peu de détente voir d’humour , impression renforcée par l’aspect jeune coq de Dekker qui parvient à retourner son humiliante rétrogradation au rang de conseiller technique et scientifique en une force véritable, preuve tangible de la confiance que lui témoigne le capitaine / amiral Kirk, celui-ci se prêtant d’ailleurs au jeu. Mais la mention du veou de célibat d’Ilia tue dans l’œuf cet espoir d’allègement… qui sera pris en charge par l’arrivée en fanfare de Bones à la demande de Kirk alors que l’Enterprise possède déjà un médecin de bord en la personne du Dr Chapel.

Néanmoins, plus que d’un médecin, c’est d’un ami dont a besoin Kirk et ce dernier va faire preuve d’une force morale extraordinaire par rapport à ce qu’il avait pu montrer jusqu’à maintenant.

L’arrivée de Bones va permettre au triptyque de se reformer en partie à moins d’un tiers du film. Il ne manquera alors plus que Spock pour reformer la fine équipe et peut être le lien si particulier qui s’en dégageait.

Bones était réserviste et sa venue à bord renvoie à la toute puissance de Kirk, qui bien qu’entachée par l’accident de téléporteur reste encore très présente. Dans le trio de base de Star trek, Kirk, Spock et McCoy sont les trois facettes d’une seule et même entité de commandement. Kirk représente la témérité et le courage, McCoy la conscience et le cœur et Spock la réflexion stratégique et indirectement la tempérance. L’arrivée de Bons va être marqué par deux considérations. La première va permettre de rompre la glace et d’apporter un côté humain à l’histoire, qui faisait jusqu’alors cruellement défaut. Il est le premier a refuser de qualifier l’Entité comme une chose, au contraire de Kirk qui qualifie ainsi avec une facilité déconcertante tout ce qui est inconnu. Il concrétise également le côté faillible de Kirk qui n’hésite pas à avouer qu’il a terriblement besoin de lui. Cet aveu qui convaincra le bon docteur de remonter à bord … non sans émettre certaines réserves quant à la nouvelle infirmerie et sa nouvelle résidente.

S’en suit un nouveau passage sur l’Enterprise qui va pour la première fois à l’écran passer en vitesse Warp mais de l’extérieur et non pas seulement de la passerelle. Et comme pour marquer l’évènement, un incident va se produire permettant de démontrer le côté indispensable de Dekker mais aussi de désamorcer la crise latente entre ce dernier et Kirk à la suite d’une spatiospirale , phénomène qui ne sera plus jamais réutilisé par la suite.

On voit alors toute l’utilité morale de Bones dans l’entretien en résultant, celui-ci permettant à Kirk de se tempérer et de mener à bien une courte introspection. Kirk redevient rapidement le capitaine que l’on connaît, faillible mais sachant reconnaître ses erreurs, sans honte, sans arrière pensée. Dekker se voit alors confier le rôle de garde fou et l’accepte. L’équipage est de nouveau unifié. Ou presque.

Il ne manque plus que le dernier officier de la série classique qui effectue une arrivée assez …. Illogique de la part de vaisseaux vulcains mais je vous laisse juge. Spock n’est même pas annoncé sur l’Enterprise puisque lorsque Tchekov arrive sur le plot d’embarquement, il est le premier surpris de voir débarquer son ancien supérieur qui ne se répand pas non plus en effusion de joie lorsqu’il regagne la passerelle pour se présenter à son capitaine/ L’équipage l’accueille avec chaleur alors que celui-ci prétexte simplement que l’Enterprise était le seul vaisseau à se diriger vers l’Entité et qu’il n’a fait que saisir une occasion opportune. Le trio est totalement reformé, l’aventure peut enfin démarrer … alors que le film tourne depuis 45mn. Spock récupère son poste comme si il lui était depuis toujours attribué, il est plus froid et distant que jamais et paradoxalement sa tenue vulcaine noire apporte une touche de gaîté inattendue sur laquelle peut se reposer l’œil fatigué du spectateur.

L’arrivée de Spock coïncide avec une explication du trio permettant d’expliquer à nouveau les motivations du Vulcain et la raison de son départ de Starfleet mais aussi pourquoi il est revenu sans prévenir... pour ne plus en partir comme il le dira en quelques mots à la fin du film. Spock a perçu les pensées de l’Entité alors que des vulcains plus expérimentés n’ont pas exprimé de doléances à ce sujet , ou plutôt n’ont pas voulu en émettre. Ce qui pose un problème de cohésion avec la série Enterprise et le background culturel vulcain en général. Les vulcains sont avant tout un peuple de scientifiques et d’explorateurs. Ce sont d’ailleurs eux qui ont permis l’expansion technologique des terriens. Comment un peuple avec une telle prédisposition a il pu ignorer l’appel de l’Entité ? Est-ce la solitude émise par celle-ci qui les a découragé ? La logique a telle tant pris le pas sur les autres considérations qu’il a fallu un sang mêlé à la configuration émotionnelle assez proche d’elle pour lui répondre ? L’Etendue delphique dans la saison 3 d’Enterprise avait pourtant attiré des vulcains malgré certains dangers dus aux anomalies spatiales. Comment croire qu’ils n’ont pas voulu mandater un vaisseau d’exploration pour étudier l’entité et que seul Starfleet ait dépêché un navire ? Certains argueront que Vulcain appartient à la Fédération et qu’il est logique de croire qu’à travers l’Enterprise , leurs intérêts sont également défendus et pourtant, pourquoi ne pas avoir envoyé un autre conseiller scientifique après la mort du premier ?..

Dans sa quête de perfection et de paix intérieure, Spock voit la sonde comme une solution et permet de se poser certaines questions sur sa loyauté envers Vulcain, Starfleet, les deux races dont il est issu mais aussi lui-même Fera t il alors passer ses intérêts propres avant celui de tout un peuple comme le souligne Bones ? Star Trek II se chargera d’apporter une réponse sans équivoque à cet épineux problème.

Le film devant avancer un tant soi peu et tous les hommes d’équipage étant à bord (soit une dizaine de personnes vu que les quelques 500 autres membres d’équipage n’apparaissent pratiquement jamais à l’écran….) , l’Enterprise finit par rencontrer la mystérieuse Entité. Comme d’établi au début du métrage, la rencontre est assez houleuse mais au détour d’un tir de torpille inconnue, Spock parvient à comprendre le fonctionnement et le mode de communication de leur ennemi du moment. Et tandis que l’Enterprise dont les boucliers ont réussis à encaisser la première décharge s’apprête à être frappé de plein fouet, Spock envoie un petit coucou adapté sur une simple onde radio. La menace s’efface alors d’elle-même et l’Enterprise est libre de pénétrer dans la nuée.

Cette séquence riche en tension, bien que l’issue soit prévisible, permet de se revenir sur plusieurs points. Comment Spock, bien que remarquablement logique, a-t-il eu l’idée d’aller explorer une bande passante à plus d’un million de méga hertz pour y trouver un signe quelconque d’attention non belliqueuse alors qu’il s’agit au départ d’une ancienne pratique de communication humaine, qualifiée par ce dernier de primitive. Si elle est aussi ancienne pour les humains, ne devrait elle alors pas être cataloguée comme préhistorique pour les Vulcains dont la technologie a longtemps été supérieure à celle de l’humanité ? Ensuite, on peut présupposer que la Fédération est considérablement en avance techniquement parlant sur les Klingons puisque leur système de défense a été inefficace contre l’Entité alors que l’Enterprise a su disperser l’impact énergétique de la première charge…. Pourquoi la station Epsilon n’était elle pas alors pourvue du même dispositif de protection ? Et pourquoi Starfleet ne met elle pas une bonne rouste aux Klingons histoire de calmer le jeu et d’installe un statu quoi entre les deux races ?....

Et n’omettons pas le traitement visuel de la visite spatiale de l’Enterprise qui s’approche métaphoriquement d’une pénétration sexuelle et du trajet d’un spermatozoïde vers son ovule matricielle …. Qui annonce d’ores et déjà le grand final. Regrettable reste cependant le temps interminable de la dite visite qui coupe une fois de plus une action et une qualité de situation qui ad u mal à se maintenir depuis le début du métrage à un niveau acceptable.

Dernière interrogation : durant cette micro période de crise , Tchekhov est victime d’une avarie conduisant à une brûlure assez grave sur une main. Ce dernier hurle (normal), tombe à terre de douleur (moins normal pour un militaire aguerri) et abandonne simplement son poste pour tenir contre lui son membre abîmé (inadmissible). Comment un officier supérieur peut il réagir de la sorte et comment se fait il que le médecin chef de bord rapplique aussitôt pour venir le soigner alors que durant l’attaque il est évident que d’autres officiers ont été blessés sur les ponts inférieurs. .. Cette propension à ignorer le personnel des ponts inférieurs pour se concentrer uniquement sur la passerelle restera l’un des gros défauts de cet opus, défaut qui sera largement rattrapé lors de la mort d’un proche de Scotty dans Star Trek II La colère de Kahn.

L’Entité a laissé entrer l’Enterprise qui poursuit un voyage limite onirique mais ne parvient pas à établir un contact durable avec lui. Le problème est résolu avec un sondage complet de l’appareil, lui permettant d’assimiler toutes les connaissances du vaisseau et accessoirement une base de données assez substantielle sur la planète Terre, et malgré l’intervention musclée de Spock pour essayer de verrouiller l’accès à l’ordinateur central, le Lieutenant Ilia est kidnappé par cette dernière. Ce fait restait également prévisible dès le départ car, comme cela fut souligné avec brio par Galaxy Quest (sur lequel je compte bien revenir aussi dans quelques temps) , les nouvelles têtes qui apparaissent au sein d’un casting établi sont irrémédiablement vouées à la disparition rapide et souvent même brutale (voir l’épisode TNG avec l’entité Nagilum qui veut expérimenter l’ensemble des morts possibles et connues sur les 2/3 de l’équipage uniquement par curiosité et dont la première victime est comme par hasard l’enseigne se trouvant aux commandes ce jour là auprès de Picard….).

Ilia est ensuite restituée sous forme d’androïde, messager de l’Entité dont nous apprenons enfin le nom : V’Ger. Ce dernier considère que les humains à bord de l’Enterprise sont de la vermine, véritables parasites au sein d’un organisme certes mécanique mais sain. La notion de créateur est aussi mise en place, V’Ger ayant fini sa mission première est cherchant maintenant à rencontrer son concepteur pour pouvoir connaître la prochaine étape, pour pouvoir se définir à nouveau lui-même. Cette notion de dépassement du programme initial se retrouve bien sûr sur les séries Tv via le personnage de Data, mais aussi du Dr Holographique. Le phénomène a même été poussé à son paroxysme avec Seven of nine qui doit dépasser sa condition supérieure pour retrouver les qualités de sa dimension première. Plus largement encore, on citera Matrix où les machines vivent une sorte de cycle vicieux puisque une fois atteint leur développement optimal, elles détruisent l’humanité en laissant un échantillon représentatif suffisant pour que la résistance s’organise et que tout recommence à nouveau jusqu’au chamboulement Néo qui les fera évoluer vers un autre type de cohabitation. Idem pour Tron où les programmes cherchent à s’affranchir de leurs servitudes humaines pour une autogérence qui conduira à une vacuité totale une fois les objectifs atteints.

Le principe de but a d’ailleurs été repris dans Justice League Unlimited avec Brainiac et le Synthétoïde qui ont tous deux accumulé la connaissance ultime de l’univers et qui redoutent malgré tout le vide de leur existence. Luthor insistera lourdement sur ce raisonnement, ne cessant de pousser Brainiac dans ses retranchements jusqu’à ce que celui-ci reconnaissant l’inutilité de sa fonction première.

V’Ger en est arrivé au même stade. Il a exploré l’Univers, a été endommagé puis remis sur pied par un monde mécanique et a ensuite continué à s’accaparer la connaissance avant de revenir s’unir à son créateur pour pouvoir dépasser son programme d’origine. V’Ger, bien que machine, se pose les mêmes questions que nous nous posons tous à un moment ou à un autre (et qui ont vite fait de devenir exaspérantes lorsqu’on a 18 ans et que l’on commence une terminale L avec la découverte de la philosophie) Qui suis-je ? D’où viens-je ? O`vais-je ? Dans quel but ?

Ce questionnement intérieur renvoie d’ailleurs à la détresse même de Spock qui se fendra des premières et uniques larmes vulcaines de toute l’histoire de Star Trek (à l’exception de T’Pol et de Sarek, mais ces deux derniers étant malades, on ne peut décemment les compter dans ce nombre) , heureux à la fois d’avoir trouvé un frère de solitude mais aussi par la même occasion, d’avoir trouvé les réponses à ses propres questions.

De prime abord, devant la métamorphose d’Ilia , Dekker va refuser tout contact avec elle, soulignant une habitude récurrente dans le personnel de Starfleet, basée sur l’antinomie avec l’ennemi . On citera pour l’exemple Trip et Degra, Worf et les cardassiens, Laforge et les Romuliens … ce qui conduit inexorablement à un dépassement de soi pour accepter l’autre malgré les litiges en cours pour résoudre une situation qui serait resté dans l’état sans cette concession. Cette bonification morale s’appliquera aussi ici puisque Dekker ouvrira le dialogue et finira par effectuer le sacrifice ultime pour le bien de tous, notion qui elle aussi revient souvent dans Star trek et pas plus tard que dans l’épisode suivant.

Kirk, de son côté va rapidement comprendre que V’Ger se comporte comme un enfant suite à la menace de destruction de la Terre (entretemps, tout ce petit monde est revenu au bercail) et va en user pour réussir à entrer en contact avec la source et non plus avec l’émissaire.

On aborde alors un final onirique (peut être trop) sans pour autant être moralisateur et la révélation de la véritable nature de V’Ger semble à la fois évidente et parvient pourtant à surprendre. Je ne palabrerais pas sur le final , partant d’une volonté simple de ne pas gâcher un moment rare et intelligent dans l’histoire cinématographique de la science fiction , d’autant plus que ce moment intense et quasi magique pourra être ainsi être redecouvert d’un œil neuf par tous les nouveaux trekkies qui se laisseront happer par la préquelle prévue pour bientôt.

On retiendra néanmoins de ce premier essai au cinéma qu’il est assez réussi dans l’ensemble, brassant les grands thèmes de Star trek (humanité, dépassement de soi, acceptation de l’autre ….) malgré quelques lourdeurs de conception qui plombent parfois l’ensemble, tant au niveau visuel que scénaristique. 30 mn de moins aurait été profitable à ce film afin que ce dernier accède au statut de chef d’œuvre de la licence. On relèvera aussi un manque d’humanité et de chaleur flagrant dans le traitement général qui est corrigé sur la dernière demi heure.

Nous en resteront là pour ce Star Trek : The Motion Picture et je vous donne d’ores et déjà rendez vous pour la suite de ce dossier pluripartite avec le retour d’un bad guy charismatique au possible et qui va provoquer un phénomène encore peu usité au cinéma : la série TV de grand luxe puisque l’histoire débutera avec Kahn et finira sur des baleines …


L'Image : 2/3

Détails techniques : Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 2.35.1

Avis : L'image a été complètement retravaillée pour nous offrir le meilleur confort de visionnage possible. Les nouvelles retouches de Wise , cependant, ne sont pas probantes et ne servent que l'introduction sur Vulcain. Pour le reste du métrage elles sont anecdotiques. Dommage que certaines incrustations soient trop visibles.


Le Son : 1.5/3

Détails techniques : Dolby digital 5.1 Anglais, Français , Italien et espagnol/ Sous-titres : Anglais, Français, ... / Commentaire audio et écrit : Sous titres en Anglais, Français, ...

Avis : Ignorez la VF! C'est un vrai massacre. Kirk s'exprime avec la voix de Riker de TNG! Il aurait été plus sage de sous titrer les passages inédits qui ne sont guères nombreux plutôt que d'effectuer un rajeunissmeent loupé du casting vocal comme ça a été le cas sur le premier collector de Superman. La VO s'en sort par contre avec brio, sans aucun bruit VHS en arrière fond.


L'Interactivité : 3/3

L'ergonomie des menus :
Le menu principal est animé et musical (comme tous les sous menus, chapitrage inclus qui propose de surcroît animations en propre) et annonce la couleur. Seul reproche, à la longue, il devient un poil trop long et répétitif, surtout qu’il se relance à chaque fois que l’on veut accéder à la page principale L’ergonomie est agréable et diablement simple et lisible. Paramount a soigné son fer de lance et a travaillé des interfaces tout à fait en adéquation avec la série. Le travail est de grande qualité.


Les bonus :

L'intéractivité représente le point fort de cette édition: nombreux spots tv, commentaires audios, hommages, explication des différentes versions (ciné, tv...), interviews, véritable making of et j'en passe. Le tout est entièremement sous titré, Paramount a choyé le 1er opus de sa franchise la plus rentable (juste retour des choses après avoir tant dénigré le produit à sa sortie) . Dans le détail, on aura :

  • Commentaires audio croisé du réalisateur Robert Wise, du rélaisateur des effets spéciaux Douglas Trumbull, du directeur des effets spéciaux John Dykstra, du compositeur Jerry Goldsmith et de l’acteur Stephen Collins(Dekker) . Un poil didactique mais restant passionnant de par son grand nombre d’intervenants.
  • Phase II : l’Enterprise perdu. Retour sur le projet mort né de donner une suite à TOS. On ne peut que regretter l’étroitesse d’esprit de la Paramount de l’époque.
  • Un nouvel Enterprise bien audacieux / Modifier le futur. Deux documentaires interessants mais un peu redondants avec le commentaire audio.
  • 5 scènes supprimées de la version cinéma de 1979 / 11 scènes supprimées de la version TV de 1983 : gadget et sans intérêt .
  • Archives de story boards
  • Spot promotionnel de la Série Enterprise, alors balbutiante. Non sous titrée. Je vous renvoie aux loupes éponymes pour en savoir plus sur la série en propre.
  • Bande annonce Teaser / Bande annonce cinéma / 8 publicités Tv : le b.a ba d’une telle édition. Un bon moyen de se rendre compte de l’évolution des bandes annonces de ce type de film au cinéma

  • Les Visuels : 0/1



    La pochette / Le packaging

    On reprend l'affiche originale en ravivant ses couleurs. Je ne m'explique toujours pas cette dominante de jaune qui n'est pas du plus bel effet et l'absence de fourreau jure avec le reste de la collection collector.



    La sérigraphie

    Il en va de même pour les rondelles qui perdent le fond laser des éditions singles mais qui restent d'une redoutable mocheté. Les collectors suivants rattraperont le carnage. Désolé pour le sticker du célèbre vendeur de jeux vidéos…


    Note Finale : (14/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 12/12/2008 à 14:22 par Ivenpast : pas de pb. Merci pour le compliment au passage. A venir star Trek III à VI dans la cadre d'un dossier voulu sur tos au cinéma avant la sortie de Star Trek 11 puis un film fantastique avec des monstres et un bond : Octopussy. Programme chargé à venir! Et parti comme c'est là, je vais finir par rédiger les loupes de tous les Star Trek....
    - le 12/12/2008 à 13:57 par Ivenpast : Le film est sorti en France en mars 1980 alors que la série a été diffusée pour la première fois le 23/08/1982 sur ... TF1. Cette loupe est à envisager d'un point de vue chronologique , mettant donc en avant Enterprise, puis TOS, les films TOS, TNG, les films TNG, DS9 et Voyager puis de nouveau Enterprise tant les allers retours dans le futur sont nombreux. Partant de ce principe, on retrouve donc l'équipage... Sur le fond sinon, tu as raison Rigolax, mais comme j'ai vu la série TOS avant les films grâce à une sortie chez le marchand de journaux ....

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