DVD A LA LOUPE

Résumé : Le jeune Afro voit son père mourir dans un affrontement avec le dénommé Justice. En effet, il existe deux bandeaux désignant les deux guerriers les plus puissants. Avec cette hiérarchie, le « number one » peut être défié que par le « number two » qui, lui, doit combattre tous les autres concurrents au titre. Le « number one » est l'égal d'un Dieu tellement sa puissance est incroyable. Justice, alors « number two », récupère après avoir tué le père d'Afro le bandeau, preuve de son rang, de « number one ». Quelques années plus tard, Afro, guerrier aguerri est alors connu comme étant « number two ». Commence alors son périple dont le but n'est rien d'autre que sa vengeance. Son parcours sera jonché de cadavres....

Avis :  Batie sur le seul nom de Samuel L. Jackson, « Afro samuraï » est une mini série très typée manga dans le fond et sur la forme. Répartie en 5 épisodes de 25 minutes environ dans sa director’s cut qui nous intéresse principalement ici, elle est l’histoire, sous forme de petite saga d’une quête vengeresse d’un samouraï noir, séparé dans sa jeunesse de son père maître ultime en arts martiaux suite au massacre de celui-ci par un tueur, deuxième du classement, seul pouvant aspiré à la place de numéro 1. Comme vous pouvez le voir, l’objet de cette quête est assez basique, rappelant les films de samourais de la To ou de la Shaw brother.

Le traitement visuel est tout d'abord magnifique. Faisant preuve d'une originalité graphique sans précédent, "Afro samouraï" emprunte un peu à tout ce que l'animation et la bande dessinée fait de mieux à ce jour. Très typé américain dans ses lignes notre sabreur afro américain emprunte ses traits à cette nouvelle génération de graphistes où les visages se retrouvent très anguleux, avec des caractéristiques raciales assez grossies sans toutefois tomber dans le caricatural. Le méchant quant à lui, se rapproche plus d'un Alucard, personnage mythique de la série en 13 épisodes "Hellsing" que j'ai déjà critiqué sur ce site.
Quant au reste, tout fait preuve d'une audace et d'une volonté de se démarquer du reste des productions du moins grand public car si on peut regretter un montage bien trop haché des fulgurantes séquences de combat (et c'est le cas pour toutes malheureusement), non seulement c'est efficace dans son traitement visuel mais en plus le graphisme général et la mise en scène sont à couper le souffle, se permettant des alternances entre ombres chinoises, univers ultra colorés, d'autres bien plus monochrome où se détachent que de rares éclats de couleur (majoritairement des giclées de sang), des paysages hiératiques, tout juste esquissés un peu à la manière d'un Hugo Pratt où ces tableaux d'artistes chinois et japonais à l'encre de Chine Il y a dans le même temps un côté manga de notre enfance avec une approche des fois bien plus ronde des personnages secondaire (comme cette tête de nounours à la fin), la quête du héros pouvant aussi se rapprocher de celle d'un dragon ball puisque l'accès au stade de number one permettrait d'avoir la vie éternelle et d'être au moins l'égal d'un dieu...pour conclure cette partie, je dirai que graphiquement, "Afro Samuraï" est une véritable réussite dont l’ambiance est magnifiée par le rap langoureux des RZA (« Kill Bill », « Ghost Dog »), collant parfaitement aux images.

Côté scénario, maintenant, c’est tout de même moins probant. Non pas que l’histoire soit foncièrement mauvaise mais car il plombé par deux trois éléments qui abaissent le niveau général.. Pourtant, y’avait un sacré potentiel ! On retrouvait un esprit très « Baby Cart », mâtiné de western spaghetti de la grande époque avec ce tueur quasi mutique, écorché vif, en quête de vengeance dans un monde en pleine déconfiture. Dans le même esprit, aucune notion de temps n’étant donné, les créateurs ont eu l’idée géniale de mélanger un peu les genres et c’est ainsi qu’on retrouve des idées très fantastiques (mais robotisées, chirurgie du futur) côtoyant un univers qu’on pensait plus médiéval. Enfin, il faut aussi apprécier le côté sans concession de l’œuvre, à la fois dans ses sentiments (relations amoureuses plus qu’explicites) que dans ses débordements de violence qui ne sont pas sans rappeler le « Kill Bill » ou le « Reservoir Dogs » de Quentin Tarantino.
Le premier point négatif de cette œuvre, c’est son côté répétitif. Rappelant un peu l’esprit du « Jeu de la mort » de Bruce Lee, elle aurait à mon avis gagné à être condensée en un seul film même si celui-ci avoisinait les 2 heures car là, on se retrouve face à une certaine redondance au sein de chacun des 5 épisodes et cela a vite tendance à lasser le spectateur même si les circonstances de réussite de notre samouraï afro américain ne sont pas les même et qu’il est loin d’être un guerrier invincibles.
Le dernier point négatif vient de cet espèce de double verbieux d’Afro Samouraï que celui ci se coltine jusque dans les dernières minutes de ma série (une fois débarrassé, la série prend l’envol dramatique tant souhaité). En effet, si les personnages secondaires sont dans l’ensemble très bien traités bien que peu présents à l’écran, celui-ci, quasi omniprésent parasite littéralement l’œuvre avec un langage à la cool rap et une forme d’hystérie lassante qui a eu vite fini de m’irriter et qui franchement abaisse le niveau général de tous les épisodes en lui donnant un côté enfantin que ses inspirations et des aspirations ne lui destinaient pas. Je ne veux pas en dire plus de peur de spoiler les tenants et les aboutissants de ce double personnage mais il est à mon humble avis un élément plus que perturbateur.

Malgré le buzz qui a entouré la création de cette petite série qu’est « Afro Samouraï » dans les revues spécialisées notamment Score/Climax, celle-ci n’est pas le succès total annoncé. Graphiquement, c’est pourtant génial et particulièrement recherché. Ceux qui veulent du Chambara ou du Shaw Brother mis au gout du jour en seront pour leur frais avec un spectacle total malgré des combats qu’on aurait souhaité moins haché et les vieux fans de «Baby Cart » y verront une relecture en forme d’hommage aux aventures de leur héros ; Mais malheureusement, on regrettera que les silences pesant du héros, aussi mutique qu’un Corto Maltese ou qu’un Blondin soit systématiquement occupé par un personnage bien trop haut en couleur et en mot et que l’action se montre aussi répétitive d’un épisode à l’autre. Pourquoi ne pas remonter le tout en un seul film plutôt que d’offrir une director’s cut rallongeant simplement la durée totale de l’œuvre par des éclats sanglants pourtant bienvenus

 
Afro Samurai - Edition collector