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DVD A LA LOUPE


TOUS LES MATINS DU MONDE - EDITION COLLECTOR DE LUXE (+ CD)

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Tous les matins du monde - Edition collector de luxe (+ CD) DVD sorti le 16/10/2006


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Editeur : StudioCanal
Distributeur :
Universal StudioCanal Vidéo

Date de sortie en salle: 18 décembre 1991
Nombre d'entrées : 2 107 000 env.
Durée du film: 1 h 54 min


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Nombre de visites :
1914


   

Le Film : 10/10

Résumé : L'histoire de M. de Sainte Colombe, homme farouche et sombre, grand maitre de la viole de gambe et professeur de Marin Marais, prestigieux musicien de Louis XIV

Avis :  « Tous les matins du monde », sorti en 1991, fait partie de ces biopics français qui lors de leur sortie, éclairent le cinéma hexagonal d’une auréole tant ils sentent l’implication de tout un chacun à l’instar d’un « Farinelli » ou de « Le roi danse ». Ils donnent à notre industrie un cachet supplémentaire, ils donnent un à l’appellation ‘cinéma à la française’ toutes ses lettres de noblesse. Mais si Gérard Corbiau s’est fait un des plus grands illustrateurs de la période classique, rien ne prédisposait Alain Corneau à livrer ce qui allait être un véritable chef d’œuvre avec ce film d’une puissance émotionnelle incomparable, justement récompensé par le césar du meilleur film est incroyablement 2 millions d’entré pour une histoire par forcément facile d’accès et un personnage très peu connu du grand public

Alain Corneau, c’est l’homme du polar, celui de « Police Python 357 », de « Série noire », du « Cousin » et malheureusement aussi du remake du « Deuxième souffle ». A l’instar des premiers films cités, Corneau nous livre avec ce « Tous les matins du monde » un film à l’ambiance qui pourrait paraître froide mais qui en fait déborde de sentiments. Véritable cri d’amour à la musique de la renaissance, pré baroque, j’aurais envie de le taxer d’ « Amadeus » à la française sans toutefois le traiter de plagiat mais simplement parce qu’à travers une histoire tragique, d’amitié/rivalité entre un Maître et son disciple, se noue et se dénoue tout un pan de l’histoire de la musique, une histoire d’amour d’une beauté à faire pleurer mise en parallèle avec une bien plus égoïste et vénale, la mise ne image d’une solitude pesante, voulue, face à un monde trop intéressé et ne pensant qu’à la mode.
Si « TLMDM » est un film dit d’époque, ne cherchez pas de grandes scènes de parade en costume ou tout autre chose. Cette histoire se situe dans les années 1600 à un moment où Louis XIV va faire évoluer la musique de celle de la Renaissance à celle dite Baroque dont Lully va être le plus grand instigateur et Marin Marais juste avant lui. C’est d’ailleurs sur ce dernier que le film va être basé sans être toutefois le protagoniste principal. Mais on peut dire qu’il est le vecteur du film celui par qui les choses arrivent et dont la voix off, qui couvre l’ensemble du métrage rappelle que les évènements sont plus ou moins vus par ses propres yeux. C’est donc l’histoire d’un homme jeune, au sortir de l’adolescence qui ayant perdu sa voix qui faisait de lui une ‘star’ dans les chorales royales va se jeter à corps perdu dans l’apprentissage de la viole de Gambe pour devenir le soliste du roi. Pour ce faire, il doit convaincre un vieil homme solitaire et misanthrope, Mr De Sainte Colombe, reconnu par ses paires comme le meilleur violiste de tous les temps, mais qui vit reclus à la campagne avec ses deux charmantes filles depuis le décès de son épouse dont il était éperdument amoureux et avec qui il converse musicalement dans une cabane au fond de son domaine. Résumé de cette façon l’histoire peut faire un peu cliché, il n’en est toutefois rien car le génie de Corneau dans cette œuvre est de ne justement jamais céder à la facilité scénaristique et ne vous attendez pas à une quelconque réussite dans ce duo tant couru dans le cinéma entre vieux briscard et jeune loup.
Ce film est l’illustration même de l’histoire d’amour avec un grand H, celle qui est la source d’inspiration des plus grandes œuvres, celle par qui le repli sur soir devient la plus grand force de l’artiste car il ne subit pas les influences extérieures. L’histoire de cet homme, Mr de Sainte Colombe est prenante, triste, sa mélancolie envahissant toute l’oeuvre et gagnant aisément le cœur du spectateur. Elle permet de comprendre les intentions d’une musique pour le profane hermétique à ce genre musical. Ce film est la parfaite illustration de la chanson « Préface » de Léo Ferré qui dit ‘L’artiste qui ne se soumet pas est un homme mutilé’. La vie de ce petit noble, mutique, isolé, véritable génie fuyant les honneurs n’est pas sans rappeler l’histoire de ce vieux guerrier des « Sept vie de l’épervier ». Il s’agit là au sein d’une même époque, d’une mise en image du choc des cultures avec ces personnages qui ne comprennent pas l’arrogance et les nouvelles vertus d’une nouvelle génération aux dents longues, qui dans la splendeur d’une Renaissance, versent en même temps dans une décadence sentimentale et vestimentaire qui fait peur à voir.

Pour illustrer son propos, Alain Corneau a fait appel à un casting de folie. Le film commence sur un Gérard Depardieu, incarnant un Marin Marais vieux, épuisé, écoutant dans un plan séquence d’une longueur incroyable, une cacophonie un orchestre dont le jeu lui rappelle son audition chez Mr De Sainte Colombe. Ce dernier, c’est l’impérial Jean-Pierre Marielle qui lui donne vie. Il trouve ici à mon avis le rôle de sa vie dans la peau de ce personnage austère et inflexible, ravagé par le chagrin de la perte de sa femme. Sa prestance est sans aucune commune mesure, son jeu magnifique culmine au moment où il se met à pleurer en voyant le fantôme de sa femme lorsqu’il se met à jouer le tombeau des regrets, morceau qu’il avait composé peu de temps après son décès. Autour de lui, on retrouve sa fille aînée, Madeleine, éperdument amoureuse de Marin Marais, attentionnée et dévouée à son père et sa sœur et dont l’aspect un peu falot en début de métrage s’avère littéralement génial lorsque le jeune Marin Marais se met à la rejeter pour s’enfuir à la cour du roi. Ce jeune M.M, est incarné quant à lui par Guillaume Depardieu, fils du grand Gérard qui signait là sa première grande apparition au cinéma et surtout la première collaboration sur pellicule avec son illustre père. Le mimétisme entre les deux est total et personne ne peut rire du fait qu’il incarne le personnage de son père jeune. Son jeu un peu angélique au début s’avère tout comme Anne Brochet passionnant au fur et à mesure que son personnage évolue. Il s’agit là donc des personnages principaux qui occupent au moins 90% du film. Aux côtés de ce huis clos sentimental et musical, il y a quelques grands noms qui servent de figurants tels que Michel Bouquet ou encore Jean-Claude Dreyfus qui viennent ‘pimenter’ de leurs apparitions un film superlatif.
« Tous les matins du monde », c’est aussi une réalisation brillante magnifiée par une photographie superbe. J’ai déjà mentionné le plan séquence, et celui-ci est à l’image de ce qu’est le film par la suite : une direction d’acteur hors du commun, à l’image de ce Depardieu méconnaissable le tout mis en image de façon solide. La structure en flash back donne du peps au scénario, créant une forme de suspens dilatant l’attente des évènements auprès du spectateur et Corneau s’attarde grâce à de très longs plans fixes, à chaque fois très longuement sur les décors naturels, superbes, sur les visages de ses comédiens, pour mieux faire passer les non dits, sur les instruments, qui deviennent à eux seuls des personnages et surtout, n’arrête quasiment jamais un morceau de musique commencé….
Car là est la force de ce chef d’œuvre, c’est que la musique est à elle seule, le sujet principal du film, celle qui véhicule tous le sentiments, celle qui est à l’origine et en même temps la conséquence des évènements. La bande originale est dirigée par le célèbre chef d’orchestre spécialisé dans la renaissance, Jordi Savall et mon dieu que cette B.O.F est belle. D’une sobriété absolue, à l’image de Sainte Colombe, elle évite toute forme d’orchestration hormis le morceau de « La cérémonie pour les turcs » de Lully. Principalement composée de morceaux de Marin Marais, Mr de Sainte Colombe père et fils (ce dernier étant totalement absent du film, il n’en est même pas fait mention), elle fleure le divin bien que non religieuse. Le travail sur le son est superbe, permettant d’entendre jusqu’au moindre coup d’archer sur les cordes et jamais pareil film n’a tant mis en exergue la création musicale.
Le tout est aussi porté par une photographie particulièrement splendide, rappelant les natures mortes d’époque. Le travail du maître opérateur est digne de celui de « Barry Lindon », favorisant les éclairages à la bougie, donnant un aspect à la fois réaliste et intimiste

Chef d’œuvre absolu, film ultime sur la musique de la Renaissance à l’instar que l’est « Amadeus » sur Mozart ou « Ludwig Van B. » sur Beethoven, il est aussi un film sur la passion dans le sens le plus pur, celui de l’amour comme il en existe peu et qui ne se permet jamais de verser dans le pathos inutile et vain. AU travers de relations humaines difficiles, il est aussi l’illustration de la difficulté de transmissions des valeurs et du savoir entre les générations. Porté par un scénario où le développement de chaque des personnages est très bien écrit, par une musique d’une beauté à couper le souffle, une mise en scène d’un des plus grands réalisateurs français, voilà un film français à l’état pur comme on aimerait en voir plus souvent, une œuvre qui plus elle avance, plus elle entre dans un état de grâce. C’est l’histoire d’un homme passionné dans le sens le plus pur du terme, un homme qui ne vit que pour et par sa musique, qui ne sait retranscrire ses sentiments qu’au travers d’elle. Un film qui prend aux tripes et au cœur et dont chaque visionnage me captive davantage


L'Image : 2.5/3

Détails techniques : Format Video : 16/9 – Ratio : 1.66 : 1

Avis : Exit les défauts de l’édition sortie en 2000. Ce master est nettoyé de façon quasi parfaite et la compression fait des merveilles notamment sur les visages où le piqué est sensationnel. On regrettera qu’il y ait parfois du grain dans certaines scènes sombres mais l’utilisation de pellicule hypersensible pour respecter l’éclairage naturel à la bougie explique certainement cela.


Le Son : 2.5/3

Détails techniques : Dolby Digital 5.1 & 2.0 en français – Sous titres : Aucun

Avis : Une réussite indéniable sur tous les tableaux mais pour obtenir le meilleur, vous devrez vous diriger vers 5.1 qui pulvérise tout sur son passage tant en clarté qu’en précision principalement sur la musique très bien aérée sur les 5 enceintes, le film ne se prêtant guère aux débordements sur les surrounds arrière. Là encore cette édition pulvérise la précédente qui était vraiment de piètre qualité sur ce plan là.


L'Interactivité : 2.5/3

L'ergonomie des menus :
Les menus, en 16/9ème, animés et sonorisé pas des extraits du film sont tout simplement superbes. Ils divisent l’écran en plusieurs parties au travers d’une partition déchirée en son centre où défilent des images du film.


Les bonus :

Peu de bonus mais ceux-ci, à l’instar du film, se révèlent être d’une grande qualité DVD :

  • Passionnante mais trop court making of réalisé par Nadine Trintignant.
  • Formidable interviews croisée de Alain Corneau, Jordi Savall et Jean-Pierre Marielle, Ybes Angelo (directeur de la photo) qui montre a quel point le film est tricéphale : réalisateur, scénariste, directeur de la musique.


  • CD de la BO.F :
    Déjà très bien enregistré, ce cd, entièrement conçu par Jordi Savall pour sonoriser le film prend toute son ampleur avec le SACD sorti pour les dix ans du film


    Les Visuels : 1/1



    La pochette / Le packaging

    Très beau digipack 2 volets noir contenu dans un solide surétui cartonné qui met en image sur son recto une des scènes les plus intimistes du film. Le boîtier contien sur son premier volet les titres de la BOF, sur l’autre le titre et la même image que ke surétui. A l’intérieur, les supports transparents, on a la chance d’admirer Mr de Sainte Colombe dans sa Cabane en train de jouer de la viole. Dommage que les sérigraphies, pourtant très belle ne complète pas cet arrière plan.

    [ Voir le Top Packaging pour ce DVD ]



    La sérigraphie

    Les sérigraphies sont quant à elles tout aussi bien imprimées. Celle du film met en valeur Depardieu fils, viole à la main, l’autre Jordi Savall, avec le même instrument, le tout dans la partie supérieure des galettes. Les parties inférieures quant à elles sont occupées par les titres et quelques petits logos, pas gênants du tout, les mentions légales sont projetées à la périphérie.

    [ Voir le Top Sérigraphie pour ce DVD ]


    Note Finale : (18.5/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 15/10/2008 à 20:21 par stef68 : Très belle critique, qui me donne envie de revoir ce grand film, et qui permet de revoir Guillaume Depardieu dans un de ses premiers grand rôle. L'atmosphère un peu froide du film est en fait une retranscription du jansénisme, mouvement religieux de l'époque. La musique est envoutante et ce film peut être une porte d'entrée vers la musique classique (il l'a été pour moi).

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