DVD A LA LOUPE

Résumé : Victoria, une actrice célèbre en son temps, est morte il y a trente ans dans des circonstances troublantes. Elle réapparaît mystérieusement dans la vie d'un flic solitaire, Jacques, enquêtant sur une disparition, au cœur d'un palace de Normandie... Que veut cette femme comme surgie d'une autre époque ? Quels secrets se cachent derrière le luxe de ce palace ?

Avis : Pour son deuxième film en tant que réalisatrice, Sophie Marceau se lance dans le polar noir, sur un script original qu'elle a elle-même concocté et qui a été retravaillé avec les scénaristes Gianguido Spinelli et Jacques Deschamps. Les références au cinéma des années 60-70 sont d'autant plus évidentes que le scénario tourne autour d'une actrice morte tragiquement il y a trente ans, et dont le sosie parfait ressurgit sur les lieux mêmes du drame. Sophie Marceau est aussi présente dans le film en tant qu'actrice, mais si tout tourne autour de son personnage et du mystère qu'elle incarne, elle laisse la vedette, en temps de présence à l'écran, à Christophe Lambert, qui joue un flic aux idées suicidaires, complètement déboussolé par la mort de sa propre femme. Echec en salles et sévèrement noté par la critique, ce film original apparaît comme un peu bancal, mais ne mérite pas d'être jeté aux orties comme l'ont fait certains. Il bénéficie en effet d'une atmosphère étrange, d'une recherche graphique soignée, et d'un scénario à tiroir dans lequel on se perd un peu mais qui s'éclaire assez logiquement lors du dénouement.

Antoine Bérangère (Robert Hossein), le riche propriétaire d'un grand hôtel de Deauville, "Le Normandy", a disparu. La police va vite faire le lien entre lui et la découverte d'un homme méconnaissable, assassiné sur la plage, et porteur d'objets ayant appartenu au disparu. Jacques Renard (Christophe Lambert) et Pierre (Simon Abkarian) sont deux amis flics, le second veillant comme il peut sur la santé mentale de son copain dépressif. Mais si Pierre considère l'affaire comme limpide, Jacques s'obstine à y voir une affaire plus compliquée, en lien avec la mystérieuse jeune femme (Sophie Marceau) qui l'a abordé un matin dans sa voiture et qui semble au courant des secrets de la famille Bérangère. Quant à la chambre du disparu, Jacques la retrouve truffée de photos de la belle inconnue, sauf qu'il s'agit là de Victoria, sa première femme, une actrice célèbre morte accidentellement trente ans plus tôt. Le scénario est à la fois une quête de la vérité à travers l'enquête criminelle menée par Jacques, et un drame psychologique axé sur les rapports ambigus entre le policier névrosé et la jeune femme au lourd passé. Camille Bérangère (Nicolas Briançon), le fils d'Antoine et Victoria, et Mélanie Bérangère (Marie-Christine Barrault), la deuxième femme d'Antoine, qui a élevé Camille, semblent détenir les clés du mystère…

Tourné entre Le Havre et Deauville, le film restitue bien l'atmosphère humide d'une Normandie à multiples facettes, avec ses campagnes verdoyantes, ses falaises blanches, ses ports industrieux et vivants contrastant, de l'autre côté du pont de Normandie, avec ses palaces luxueux et à l'atmosphère feutrée pour riches oisifs. Le jeu des acteurs est très bon, même au niveau des seconds rôles, et Marceau est sublime en femme fatale. La structure du récit, avec des flash-back qui petit à petit lèvent le voile sur une histoire de famille dérangeante, est astucieuse, en forme de puzzle, et permet de maintenir assez longtemps un bon suspense, avec son lot de rebondissements propre au genre, et quelques touches d'humour viennent égayer au bon moment une histoire par ailleurs très sombre. Par contre, la jeune réalisatrice a quelquefois voulu trop en faire sur le plan de la forme (les ralentis…), et des à-côtés scénaristiques qui ralentissent le rythme, l'exemple le plus frappant étant les visions de Jacques que l'on a parfois du mal à séparer de la réalité. Les détails sont nombreux et léchés, mais ils viennent souvent brouiller la lisibilité de l'histoire, et exigent a minima du spectateur une bonne concentration sous peine d'être vite largué.

On ne peut reprocher à "La disparue de Deauville" d'être un film sans personnalité. Par contre son caractère marqué peut plaire ou déplaire, et il semble que c'est cette dernière option qui a prévalu chez les critiques officiels, plombant ainsi la fréquentation en salles. Comme souvent, la sortie en DVD peut être l'occasion de lui donner une seconde chance, d'autant que cette édition est riche en bonus intéressants.

 
La disparue de Deauville