Résumé : Un ballet d'hélicoptères dans le ciel de Los Angeles. Un accident de voiture. Un boulanger irascible. Un enfant qui se meurt sur un lit d'hôpital. Un père resurgi d'un lointain passé. Parenthèses où s'entrecroisent les fragments de vie de neuf couples; des hommes et femmes ordinaires confrontés aux "choses de la vie" : les interrogations, les joies, les drames, les émotions, les doutes, les surprises...
Avis : Avec "Short Cuts", Robert Altman jette un regard à la fois tendre et satirique sur ses compatriotes, en dressant le portrait d'une dizaine de couples dont les vies vont se croiser à la faveurs d'évènements fortuits, mettant à cette occasion au goût du jour le genre dit "choral" où aucun personnage principal ne se détache vraiment. Avec ce film, qui reçut le Lion d'or à la Mostra de Venise 93, Altman rassemblait néanmoins une incroyable brochette d'acteurs qui comptent parmi les plus brillants de leur génération, et, adaptant neuf nouvelles du romancier réaliste Raymond Carver, réussit à nous captiver pendant trois heures avec des faits quasi insignifiants mais saisissants de justesse.
Nous sommes à Los Angeles, et la vie de tous les jours se déroule pour les Finnigan (Andie MacDowell et Bruce Davison), pour les Wyman (Julianne Moore et Matthew Modine), les Kane (Anne Archer et Fred Ward), les Shepard (Madeleine Stowe et Tim Robbins), les Kaiser (Jennifer Jason Leigh et Chris Penn), les Weathers (Frances McDormand et Peter Gallagher), les Bush (Lili Taylor et Robert Downey). Il y a aussi les Piggot (Lily Tomlin et Tom Waits) dont la vie commune est chaotique et Zoe Trainer (Lori Singer), une jeune femme musicienne et mal dans sa peau, qui vit avec sa mère Tess (Annie Ross), chanteuse. Il y a la vie de famille, avec les enfants, les parents agés, les amis, et il y a aussi la vie plus secrète de chacun, avec les infidélités et les petits mensonges. On assiste au quotidien de ces personnes ordinaires, placées de manière plus ou moins haute dans l'échelle sociale, depuis leur petit déjeuner du matin jusqu'à la soirée où l'on regarde la télé après le boulot. Et puis, il y a les imprévus, dramatiques avec les accidents et quelquefois la mort, les faits choquants, comme l'attitude des pêcheurs découvrant un cadavre de femme dans un lac, ou plus cocasses comme la gamine qui surgit dans la chambre de ses parents en train de faire l'amour, ou fédérant tout le monde comme ce tremblement de terre tant redouté en Californie. Ces vies se croisent, par connaissance, lien familiaux, ou par le jeu des métiers exercés par chacun, mais personne ne se rend vraiment compte à quel point sa propre vie peut être changée de par les actes volontaires ou involontaires des autres. L'ensemble est quelquefois tendre, quelquefois féroce, souvent émouvant, et presque toujours d'un ton très juste.
En fait, tout le monde a connu par lui-même, ou entendu parler par des proches, des faits qui se passe dans le film, et la force de ce dernier n'est pas dans l'imaginaire, mais dans le miroir qu'il représente pour chacun en fonction de ses expériences personnelles. Altman ne fait pas dans le politiquement correct, et aborde la vie telle que nous la vivons, sans chercher à travestir le quotidien. Les gens fument, boivent, disent des gros mots, sont obsédés par le sexe, tiennent des propos mesquins ou racistes, les couples s'engueulent et les flics abusent de leur pouvoir, mais il y a aussi la tendresse, l'amour conjugal et filial, les petites joies et les grands chagrins, la tonalité générale étant quand même assez pessimiste… Les personnages sont plus ou moins sympathiques, avec leurs qualités et leurs défauts et chaque spectateur pourra choisir ses personnages préférés selon ses propres sensibilités, les trois heures du film permettant de bien décortiquer le caractère de chacun.
Le jeu de tous les acteurs est vraiment excellent, la narration est fluide, et le montage exceptionnel fait que le manque d'action ne nuit pas à l'attention que l'on porte aux différentes histoires qui se déroulent en parallèle ou en intersection, les trois heures du film passant ainsi sans le moindre ennui. Incontestablement meilleur film de son réalisateur, "Short Cuts" est un chef d'œuvre du cinéma dont le principe sera ensuite moult fois copié par d'autres cinéastes, mais sans jamais réussir à l'égaler. On ne peut que regretter la piètre qualité technique de l'image du DVD, indigne du film, même si l'éditeur a fait de louables efforts en terme de bonus.
L'Image :
1/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 2.35:1
Avis :
Dommage qu'un tel film n'ai pas été mieux soigné par l'éditeur. Des couleurs peu saturées, des contrastes insuffisants et une définition plus que moyenne ne rendent pas hommage au travail du directeur de la photographie Walt Lloyd. La compression est correcte. Ces défauts sont peut-être dus à la longueur du film, lequel mérite mieux sur le plan technique.
Le Son :
2.5/3
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 en Anglais et 2.0 en Français et en Anglais - Sous-titres : Français, imposés sur les deux VO.
Avis :
La VO remasterisée en 5.1, dynamique et bien spatialisée, est largement supérieure aux VO et VF stéréo qui correspondent aux pistes originales. Néanmoins dans tous les cas les dialogues sont bien séparés, et la musique aux airs de jazz de Mark Isham bien restituée.
L'Interactivité
:
2.5/3
L'ergonomie
des menus :
Les menus sont animés et sonorisés. Le film n'est découpé qu'en 18 chapitres, ce qui est un peu juste pour un film de plus de trois heures. Il faut repasser par le menu pour changer de piste audio.
Les bonus :
Les bonus sont tous sur le deuxième disque, et représentent plus de trois heures de visionnage, globalement très instructif. Il manque un commentaire pour la note maximale.
Luck, Trust and Ketchup : making of de 94 minutes en 4/3 Vost. Beaucoup d'interviews et d'images de tournage constituent l'essentiel de ce documentaire assez intéressant, qui aborde l'essentiel de la réalisation du film, en faisant de nombreux parallèles avec les nouvelles de Carver qui ont inspiré le film.
Portait de Robert Altman. Documentaire de 58 minutes en 4/3 VOst, présenté par Glenn Close, et qui retrace la carrière du réalisateur. Pas directement lié au film, mais néanmoins très intéressant.
Interviews (4/3 VOst, de 5 à 8 minutes chacunes) de Tim Robbins, Christopher Penn, Lill Taylor, Bruce Davison, Jennifer Jason Leigh, Andie MacDowell, Anne Archer et Robert Altman. Chaque acteur revient sur son rôle dans le film, le réalisateur expliquant ses motivations pour tourner ce film
Photos du film : 48 planches 16/9 présentant chacune une ou deux photos du film.
Photos du tournage : 17 planches 16/9
Bande annonce en 4/3 VOst.
Les Visuels :
0.5/1
La pochette / Le packaging
Digipack à trois volets et deux alvéoles, sans étui. Le visuel reprend l'affiche du film, un dessin stylisé très coloré , prolongé sur la page des caractéristiques techniques par un photomontage dans le même style.
La sérigraphie
Les sérigraphies sont bien présentes mais minimalistes, avec titre, logos et textes en violet sur fond blanc pour le disque du film, et blanc sur fond violet pour le disque des bonus. L'impression est très fine, comprend le rond central, mais on aurait aimé quelque chose de plus élaboré.
Note Finale
: (15.5/20)
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