DVD A LA LOUPE

Résumé :  Lady Sarah Ashley, aristocrate anglaise, arrive au cœur de l'Australie à fin des années 30, et se retrouve à devoir gérer seule un gigantesque domaine. Contrainte, pour sauver l'exploitation, de partir vendre du bétail à des milliers de kilomètres, elle n'a d'autre choix que de faire équipe avec le Drover, un cow-boy local un peu rustre…

Avis : Cinéaste au style flamboyant et volontairement excessif, l'australien Baz Luhrmann avait depuis longtemps le projet de réaliser une fresque épique, à la fois hommage à son pays et au cinéma de l'âge d'or hollywoodien. "Australia" nous transporte dans ce pays immense et magnifique, avec une intrigue mêlant aventure et romance tout en évoquant d'une part les excès de la colonisation britannique, d'autre part en nous faisant assister aux débuts de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique. Le film déroule sans temps mort toute une série d'évènements et, malgré sa longueur, passe très vite, d'autant plus que l'action bénéficie en plus du cadre grandiose dans laquelle elle se déroule, et que l'on a droit à deux scènes d'anthologie, la ruée du bétail affolé par un incendie criminel, et l'attaque de Darwin. Volontairement mélodramatique, avec tout ce que cela comporte, le film n'a pas été salué, loin s'en faut, par la critique officielle, obnubilée par le snobisme qui veut qu'un bon mélo se termine toujours tragiquement. Les choix du réalisateur, assez marqués dans leur recherche systématique du détail, tout en se démarquant assez nettement de ceux de son film précédent, "Moulin rouge", peuvent néanmoins ne pas correspondre aux goûts de chacun, et on obtient l'un de ces films très typés qui laissent rarement indifférent, divisant ceux qui adorent et ceux qui détestent.

Avec un casting essentiellement australien, le scénario nous transporte à la veille de la seconde guerre mondiale, et est centré sur la lutte d'une anglaise un peu coincée, Sarah Ashley (Nicole Kidman) pour sauver le domaine dont elle a hérité après l'assassinat de son mari. Aidée d'un conducteur de bétail, le Drover (Hugh Jackman), et accompagnée d'un gamin aborigène orphelin qu'elle a pris sous sa protection, Nullah (Brandon Walters) elle va traverser des contrées immenses et inhospitalières pour mener à Darwin un troupeau de 1500 têtes. C'est aussi à Darwin qu'elle va se retrouver sous les bombardements des japonais, peu après l'attaque de Pearl Harbor. Cette saga, et l'idylle entre Sarah et Drover, rappellent des films comme "Autant en emporte le vent" ou "Out of Africa", Luhrmann ne s'étant jamais caché de lorgner vers ces références cinématographiques. L'histoire comporte également de nombreuses allusions à l'histoire du pays, marquée par l'influence britannique qui a supplanté la culture aborigène des autochtones (le fait que le personnage de Nullah soit le narrateur du récit amplifie cet aspect, mais il ne faut pas non plus trop chercher, dans cette fiction, une rigueur historique absolue).

Nicole Kidman est omniprésente tout au long du métrage et son jeu expressif lui permet d'opérer avec bonheur la transformation de lady Ashley d'une aristocrate froide et hautaine en une femme amoureuse d'un homme et d'un pays. Hugh Jackman lui donne parfaitement la réplique, et l'alchimie du couple fonctionne très bien, même si l'on peut regretter le manque relatif d'audace du réalisateur pour tourner leurs scènes les plus intimes. David Wenham, quant à lui, incarne avec beaucoup de conviction Neil Fletcher, le "méchant" du film, et le jeune Brandon Walters se sort fort bien de son premier rôle, emblématique de la condition des enfants métis. Le dernier "personnage" principal du film, c'est l'Australie, qui lui donne son titre et lui apporte ses paysages de carte postale d'une beauté d'autant plus indéniable que la photographie léchée du film joue beaucoup sur l'esthétisme des détails et sur les lumières. Les décors, fouillés, et les costumes, somptueux, ont aussi fait l'objet de recherches approfondies pour reconstituer au mieux la réalité des années 1930.

"Australia", tourné dans un style rétro parfaitement assumé, joue avec toute la gamme des sentiments humains, l'amour, la haine, le courage, la mesquinerie, le racisme, la méchanceté, et présente un juste équilibre entre l'action et les émotions, avec un humour assez présent dans sa première partie. Pour autant que l'on ne soit allergique ni à la démesure de Luhrmann, ni aux mélos romantiques, ce film est prenant et captivant, son principal défaut étant qu'il laisse un peu de distanciation avec le spectateur, essentiellement du à la présence d'une narration. Il renoue avec la tradition du cinéma spectacle de pur divertissement qui fait rêver tout en plaçant les rapports humains au centre de l'histoire. A mon sens, un des meilleurs films de l'année 2008, à laquelle cette édition blu-ray rend un bel hommage.

 
Australia (Blu-ray)