DVD A LA LOUPE

Résumé : Au cours d'une opération scientifique qui a mal tourné, le docteur Bruce Banner est exposé à une surdose de radiations nucléaires. Miraculeusement indemne, il sort néanmoins affecté de cette douloureuse expérience et développe le pouvoir de se transformer en Hulk, un monstre vert à la force surhumaine et à la rage incontrôlable. Cette créature ne se manifeste que lorsque ce dernier est soumis à une intense émotion. Mis au ban de la société, le docteur Banner est obligé de se cacher pour ne pas faire subir aux autres sa métamorphose. Le général Ross, le père de Betty, l'ex-petite amie de Bruce, est chargé de stopper le monstre par tous les moyens. Glenn Talbot, rival scientifique de Banner, est également sur les traces de Hulk. Lorsque Betty découvre que la créature a un rapport avec les recherches du père de Bruce, elle devient la seule à pouvoir comprendre ce qu'est Hulk...

Avis : L'année 2003 fut donc l'année des adaptations de bande dessinée : X men 2, Daderevil, Hulk et prochainement Spiderman 2, voilà un programme intéressant pour les amateurs de super héros. Et franchement, sur le papier Hulk a de quoi faire saliver.
Tout d'abord (et avant tout) par l'originalité d'un projet qui met à la tête de ce blockbuster de l'été un réalisateur intéressant, atypique et attachant : Ang Lee. En effet, ce dernier est le metteur en scène de fresque spectaculaire (Tigre et dragon) comme de drames intimistes (Ice storm) en passant par des films différents et surprenants par leur ton et leur regard sur l'amérique (on se souvient de Ride with the devil qui nous proposait un une vision intéressante de l'ouest américain). Qu'allait bien pouvoir faire ce réalisateur aux commandes de cet énorme film ? Le suspense était puissant jusqu'à ce 2 juillet 2003.
Les réponses apportées lors de la projection de Hulk sont non seulement terrifiantes car la déception est incommensurable mais on se pose longtemps la question de savoir comment le metteur en scène d'un film aussi esthétiquement sublime que Tigre et dragon a pu réaliser un film aussi laid visuellement parlant. Bien sûr, il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Lee : il ose et pour aller à fond il se plante à fond. Ainsi, le fameux pari de mise en scène qui veut séparer systématiquement l'écran en plusieurs parties pour figurer les cases d'une BD n'est pas une idée proprement mauvaise sur le papier mais s'avère vite catastrophique sur un écran pendant près de 2H20... Non seulement le procédé reste la plupart du temps inutile et vain mais il devient TRES rapidemment agaçant à force d'effets tape à l'oeil gratuits et sans réel impact sur l'intensité dramatique. De plus, il est la plupart limité dans l'espace par un format cinéma 1.85 trop restreint pour exploiter à fond les potentialités du split screen. Contre exemple à cette faute de goût : De Palma (Blow out, Pulsions, Snake eyes) ou Tarantino (Kill Bill) utilisent parfaitement le split screen car ils développent ainsi le format large 2.35 cinémascope dans toute sa splendeur ce que ne fait pas Lee. Et quand Hulk apparait sur grand écran, difficile de ne pas être dubitatif tant le monstre soi disant effrayant "fait numérique" avec cette gamme de vert certes fidèle à l'esprit BD mais plutôt moche dans les faits. La dernière scène de destruction massive (le combat dans le lac) frise à ce titre le n'importe quoi générale et remporte la palme de la pire scène d'action de l'année. En tout cas, la plus laide et oubliable.
Côté intrigue, certes les idées ne manquent pas et le rapport père-fils ne manque pas d'intensité dans cet affrontement pervers où le père de Bruce Banner (Nick Nolte) est responsable de sa monstruosité. Mais cette éventuelle intensité dramatique est rapidemment désamorcée par des acteurs perdus dans leur propre rôle et visiblement peu soucieux de s'y investir.
L'ensemble constitue donc une terrible déception.

 
Hulk - Edition collector / 2 DVD