DVD A LA LOUPE

Résumé : Un commando de la Protection Animale fait irruption dans un laboratoire top secret pour délivrer des dizaines de chimpanzés soumis à de terribles expériences. Mais aussitôt libérés, les primates, contaminés par un mystérieux virus et animés d'une rage incontrôlable, bondissent sur leurs "sauveurs" et les massacrent. 28 jours plus tard, le mal s'est répandu à une vitesse fulgurante à travers le pays, la population a été évacuée en masse et Londres n'est plus qu'une ville fantôme. Les rares rescapés se terrent pour échapper aux "Contaminés" assoiffés de violence. C'est dans ce contexte que Jim, un coursier, sort d'un profond coma...

Avis : 3 ans après "The beach", Danny boyle décide de retourner dans sa chère Angleterre déçu par l'expérience du blockbuster Hollywoodien. Sclérosé, tétanisé par la fox sur sur le tournage de La plage, le film a déçu faute de liberté artistique suffisante, la faute à une pression commerciale terriblement pesante sur le projet de "la star du Titanic" comme en parlait les tabloids. Du coup, il est vrai que même s'il possède bien quelques qualités, le film n'était pas à la hauteur des promesses ou des attentes d'un public cinéphile fan du metteur en scène de Transpotting. 28 jours plus tard se présente donc comme un revival artistique où Boyle refait du cinéma en oubliant le livre des comptes de ses producteurs.
Réalisateur intéressant et créatif, Boyle entretient une thématique cohérente dans ses différents films : thématique qui illustre les rapports qu'entretient un individu central (ici Jim) avec une ou des communautés. Je m'explique : dans Petits meutres entre amis, la communauté soudée de copains déconneurs va exploser sous le coup des trahisons et des coups de théatre. Chacun se révèlera fondamentalement égoiste, individualiste et finalement étouffer par le groupe sans cesse source de malheur et de mauvaises décisions. Dans Transpotting, Ewan Mc Gregor fait partie de la communauté des junkies. Alors qu'il est parfaitement intégré dans ce monde d'embrouilles, il choisit sciemment de trahir tous ses amis et de quitter la culture du groupe. Di Caprio fera la même chose dans La plage. Un temps parfaitement en osmose avec la communauté, il sera rejetter et sera finalement l'origine de la dissolution de la confrérie (secte ?) de The beach. Sous ce constat se cache un portrait pessimiste de l'humanité représentée comme source d'aliénation et de perversion de l'intégrité humaine. En clair, les personnages principaux de ces différents films sont contraints à de telles concessions par la pression sociale que c'est la négation même de leur personne qui devient le sujet du film.
Boyle reprend ce fil conducteur astucieux dans 28 jours mais d'une façon toujours surprenante et audacieuse. Il se dégage alors de l'ensemble une cohérence appréciable avec son oeuvre tout en ne donnant jamais l'impression de se répéter. Ainsi, les premières images voyant un Jim déambulé dans un Londres désert sont à la fois les plus étranges, oniriques et apaisantes : en ignorant la cause de cette soudaine désertification, Jim vit là ces derniers instants de paix sociales juste avant de se faire sauvagement agresser par 2 zombies déchaînés. La contamination, sujet central de 28 jours, montre combien l'autre représente une menace dans l'univers Boyle. Menace physique de mourir mais plus grave : menace de rentrer directement dans la culture de troupeau de ces zombies défigurés.
En jouant sur l'économie comme la cohérence stylistique (ce qui est moche ne doit pas être beau à l'écran d'où le tournage en HD et non en 35MM) Boyle insuffle force et dynamisme dans un genre (film de zombie) un peu daté voire kitsh. La partie militaire renvoit directement au 30 dernières minutes de La plage mais en beaucoup plus violent (le film est interdit au moins de 16 ans) et dynamique. Au final, on retient un film fort, bien interprété et soutenu par une musique envoûtante. Beau succès en Grande Bretagne et aux USA (40 millions de recettes) 28 jours n'a pas trouvé son public en France (moins de 500 000 entrées).
La séance de rattrapage est obligatoire.

 
28 jours plus tard - Edition spéciale belge