DVD A LA LOUPE

Résumé : Conscient de son rôle à jouer dans le futur, John Connor vit désormais clandestinement. Mais Skynet, le réseau global de machines qui a déclaré la guerre au genre humain envoie un T-X pour achever la précédente mission du T-1000. Le seul espoir de survie de John repose à nouveau sur le Terminator...

Avis : Donner un troisième volet à un Terminator 2 qui était l'un des meilleurs "sequels" donnés à un premier film n'était pas chose facile. D'autant plus que James Cameron (le père du Terminator) avait refusé de repasser derrière la caméra pour la bonne et simple raison que pour lui, la boucle était bouclée, tout était dit.
Malgré tout, John Brancato et Michael Ferris, les scénaristes et Jonathan Mostow le réalisateur relèvent le défi qui, sur le papier semblait de taille : comment trouver une suite qui d'une part tienne la route quant au scénario, tienne la route quant aux effets spéciaux et enfin tienne la route quant aux scènes d'action. Au visionnage de ce DVD, force est de constater que le défi a été assez bien relevé et que ce film boucle l'histoire du Terminator comme s'il avait été conçu au départ tel une trilogie. Car là était la grosse difficulté : à la différence de Matrix, Terminator n'était pas conçu dès le départ comme un triptique et ce n'est que grâce à l'ingéniosité des scénaristes qu'au final cette histoire en 3 volets tient bien la route.

Le scénario : le 2ème opus laissait John Connor le sauveur de l'humanité à l'âge pré-adolescent. Ce troisième volet nous fait retrouver le jeune héros quelques années plus tard : à l'image de sa mère sa vie est faite d'errances et de doute faisant de lui un personnage instable, à la rue, cherchant sa place dans un monde qui finalement ne le concerne plus puisque le rôle qu'il avait à y jouer fut effacé lors de la destruction du dernier Terminator dans le Jugement Dernier. A partir de là on comprend facilement dès le début du film qu'il n'est plus le héros principal. Le réalisateur, de façon ingénieuse (car ainsi il évite le piège de refaire T2) décale le centre d'intérêt du spectateur vers Kate Brewster, jeune fille vétérinaire, promise à un avenir des plus classiques (se marrier avec son petit ami et avoir des enfants). En effet, c'est elle qui au fur et à mesure du film prend le pas sur John Connor jusqu'à cette scène choc où l'on apprend que Schwarzie fut envoyé du futur non pas par Connor mais par Kate après que Scwharzie eut tué Connor dans le futur (vous me suivez toujours). Bon, bref, Kate devient la pierre angulaire de l'intrigue car tout l'intérêt du film vient du fait de comprendre comment une femme anonyme va devenir celle qui pourra sauver l'humanité dans le futur. Intéressante méthode qui encore une fois décale complètement l'intérêt du spectateur : après tout, et si John Connor n'était pas celui qui nous sauvera ?
Autre aspect du scénario, le conflit du Bien et du Mal : chacun des 3 volets de Terminator voit toujours la confrontation entre un être de Bien et un être sorti tout droit de l'Enfer représentant le point de vue des Machhines. Ce 3ème volet ne fait pas exception à la règle. Pour autant, là encore sur le papier, il semblait difficile de faire plus fort que le T1000 de Terminator 2. Mais à nouveau, Jonathan Mostow transforme l'essai : son T-X dispose d'une structure similaire au méchant de T2 mais sa batterie d'armes, son esprit d'anticipation sont encore plus aiguisés. Et pour accentuer le tout, ce Méchant a l'apparence physique d'une femme belle et sensuelle. On retrouve la froideur des sentiments du 1er Terminator (rappelez vous le plan de T1 où le 4x4 de Schwarzie écrase un jouet d'enfant dans la rue juste avant de tuer la première Sarah Connor) accentuée par le côté féminin du personnage en total décalage avec les actions qu'elle accomplit. Mais on peut considérer que le message du réalisateur est ambigü : en effet, T1 et T2 nous avait démontré que le futur de la race humaine était "La Femme" sorte de cinquième élément nécessaire à l'équilibre des choses. T3 reprend ce message de façon plus parlante, mais en donnant délibérément les traits d'une femme à la machine à tuer, Jonathan Mostow accentue la portée du combat final qu'elles doivent se livrer, reléguant les personnages "homme" au second plan.

Les scènes d'action : tout "Terminator" qui se respecte se doit de contenir des scènes d'action fracassantes : là aussi T3 n'est pas en reste avec quelques morceaux d'anthologie : scène de la poursuite en camion grue, scène de poursuite après le gunfight du cimetierre, scène dans les locaux de Skynet, scène enfin du combat final des 2 terminators. T3 observe la stricte continuité qui s'impose par rapport aux 2 épisodes précédents (puisqu'on retrouvait déjà ces scènes dans les 2 premiers opus). Certains pourraient considérer que de ce côté là, le film pêche un peu puisqu'il n'apporte rien par rapport aux deux autres films. Néanmoins ce serait oublier que les différents scénarios participent du même principe de base à savoir, la fuite en avant face à un ennemi plus fort, plus rapide et plus entraîné. Dès lors, on ne pourrait imaginer un T3 sans poursuite, sans combat final, sans gunfight... et sans forcément faire plus fort, T3 respecte ces codes narratifs et propose quelques moments d'adrénaline pure qui raviront les amateurs que nous sommes.

Les effets spéciaux : T2 avait proprement révolutionné l'art des effets spéciaux au cinéma en créant, avec le T-1000, des animations d'une fluidité et d'une précision diaboliques. T3 n'est pas en reste même s'il est vrai que les effets proposés ne sont pas radicalement meilleurs que T2. Néamoins l'animatronique des Terminators de la première scène du film n'a plus rien à voir avec les marionnettes de T1 et même si les animations du T-X sont très proches de celles du T1000 de T2, le processus s'est encore amélioré pour donner à l'écran un résultat extraordinaire. De même pour le maquillage de Schwarzie : Stan Winston, encore aux commandes, fait un visage du Terminator encore plus précis, plus fouillé dans le détail et le visage à la fin du film mi-métal, mi-chair révèle tout l'énorme talent du Mister "Special Make-Up Effects" du cinema.

Sans vouloir révéler la fin du film reconnaissons que T3 est une assez bonne réussite pour un 3ème opus d'une saga. Volontairement plus noir, plus pessimiste que ces aînés, T3 prend le risque de nous présenter une fin peu académique mais somme toute logique en fin de compte. A la fois grave et pleine d'espoir, la scène finale permet au film de parfaitement se positionner par rapport aux deux premiers. De plus, Jonathan Mostow en réalisateur intelligent, n'a pas cherché à réinventer la roue : il n'augure pas d'un hypothétique 4ème épisode mais prend un mythe, le Terminator, et l'histoire qu'il lui fait subir nous ramène finalement à ce qu'il y a de plus terrible en l'espèce humaine, à savoir cette recherche parfois inconsciente de l'auto-destruction.

 
Terminator 3 : Le soulèvement des machines - Coffret Ultimate