Résumé : Eddy et Stuart partagent la même chambre dans leur campus universitaire. Suite à une erreur administrative, le 3ème colocataire se trouve être une fille, Alex. Rapidement, les sentiments prennent place dans leurs vies, des sentiments croisés... Cette improbable situation va finalement les rapprocher pour le meilleur et pour le pire.
Avis : Cette histoire d'une amitié amoureuse entre trois étudiants dans un campus américain, précurseur d'un genre qui allait fleurir dans les années suivantes, est d'un niveau beaucoup plus relevé que les "American Pie" et autres "Allumeuses!". Les dialogues sont savoureux, et les situations cocasses mais crédibles. Alex, la fille, est attirée par Eddy, un garçon sensible et réservé, un peu intello, mais gay. Donc malgré le caractère extraverti, macho et grossier de Stuart, c'est plutôt vers lui qu'Eddy est attiré, alors que Stuart lorgne sur la belle Alex qu'il rêve de mettre dans son lit... Cette situation où les attirances physiques contrarient les connivences intellectuelles, et où l'amitié doit composer avec les peines de cœur et une certaine jalousie, conduit à des rebondissements scénaristiques traités à la fois sur les modes comiques, tendres, romantiques et quelquefois sérieux. Ce méli-mélo inextricable est aussi à l'origine de la seule vraie faille du scénario, à savoir trouver une fin satisfaisante. Ni triste, ni heureuse, la fin laisse le spectateur un peu sur sa ...faim.
Les trois acteurs principaux sont absolument parfaits dans leur rôle, d'un grand naturel (à aucun moment on ne se dit qu'ils jouent la comédie), et l'alchimie entre eux est étonnante. Ils sont tellement dans leur rôle que le réalisateur leur a laissé improviser de nombreuses scènes. Alex (Lara Flynn Boyle), d'abord contrariée de se retrouver avec deux garçons, révèle une nature généreuse, au caractère affirmé, légèrement extravertie (son hobbie est de jouer au théâtre), un rien exhibitionniste. Eddy (Josh Charles) est sérieux et réservé. Il ne prend d'ailleurs conscience de son homosexualité qu'en côtoyant ses deux colocataires. Quant à Stuart (Stephen Baldwin), il est excessif, pas très fin, un tantinet macho et limite obsédé sexuel. Ces trois caractères dissemblables se rapprochent néanmoins dans une amitié sincère, que les attirances sexuelles vont compliquer. Le scénario approfondit essentiellement cette dualité amitié-sexualité, ce qui donne l'occasion à plusieurs épisodes d'un érotisme assez poussé, mais jamais gratuit. Ce ne sont d'ailleurs pas les scènes de nudité qui sont les plus osées (la baignade dans le lac est plutôt sage), mais celles où le réalisateur cadre les orgasmes d'Alex sur son visage particulièrement expressif. Les comédiens se sont d'ailleurs apparemment lancés sans retenue dans leur rôle, comme nous le révèle le réalisateur dans ses commentaires. Andrew Fleming fait preuve de beaucoup de tendresse envers son attachant trio de personnages, et il a inséré dans le scénario de nombreuses anecdotes personnelles vécues quand lui-même était en faculté. Son traitement de l'homosexualité masculine est par ailleurs d'une grande modernité pour un film tourné en 1993.
Cette petite comédie n'a pas eu le succès qu'elle mérite, peut-être de part son classement restrictif lié au caractère érotique des scènes et à certains propos à la limite du scabreux. Mais cette peinture alerte, amusante et sans temps mort des rapports amour-amitié de jeunes adultes est une réussite notable, à voir ou revoir avec délectation.
L'Image :
2.5/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 1.85:1
Avis :
Couleurs généreuses, belle luminosité et contrastes marqués. La définition est bonne, on trouve juste quelques petits défauts de compression sur des plages uniformes en arrière plan. Le traitement de la photo est agréable, avec des cadrages précis et originaux. A signaler les belles images du Parc de Malibu Creek.
Avis :
On ne peut attendre d'effets sonores spectaculaires d'une comédie essentiellement axée sur les dialogues. Les pistes surround apportent néanmoins une enveloppe sonore convenable, surtout lors des rares passages musicaux, dus à Thomas Newman. Le son est clair et bien équilibré, mais l'amplitude reste assez limitée, avec peu de différence de qualité entre VO et VF.
L'Interactivité
:
2/3
L'ergonomie
des menus :
Menus fixes et muets sans originalité, mais à l'ergonomie intuitive. Le film est découpé finement en 28 chapitres. On peut changer de piste audio et de sous-titres à la télécommande, y compris les commentaires du réalisateur.
Les bonus :
Bien que peu nombreux, les bonus sont de qualité, avec un commentaire passionnant et une autre fin vraiment alternative. Dommage qu'il n'y ait pas de making of, ou d'interview des acteurs.
Commentaires du réalisateur. Andrew Fleming parle de manière simple et transparente du tournage du film, de ce qu'il a voulu faire, et des rapports entre les acteurs. Intervenant avec assez peu d'interruptions, il évoque la genèse du film (prévu initialement pour être un téléfilm) et rend un hommage appuyé au cinéma français, révélant qu'il a pris ses références dans "Jules et Jim" et chez Eric Rohmer. Il nous parle aussi de l'aspect délicat de tourner des scènes de sexe en évitant la grivoiserie et la répétition, et il révèle que certaines scènes chaudes n'ont pas été simulées, en particulier celle où Stuart s'active à procurer du plaisir à Alex sous ses draps alors qu'elle discute avec Eddy au téléphone. Cette révélation donne un caractère particulier à l'épisode quand on voit les expressions faciales de l'actrice... Il explique enfin qu'il a eu du mal à trouver une fin satisfaisante avouant, que "quand on ne sait pas où on veut aller, c'est difficile d'y arriver".
Fin alternative, en VOst ou commentée par le réalisateur, qui aimait beaucoup cette version mais que tout le monde trouvait un peu trop triste. Pour une fois, ce n'est pas une variation de la fin que l'on trouve dans le film, mais bien une scène entièrement différente.
Filmographies sélectives de Lara Flynn Boyle, Stephen Baldwin, Josh Charles, et de Andrew Fleming .
Bandes-annonces, en 4/3 VOst, de deux autres comédies estudiantines, "A propos d'hier soir", et "Big Party"
Les Visuels :
0.5/1
La pochette / Le packaging
Boîtier amaray noir, et un joli visuel de pochette, avec les trois héros du film en gros plan, et une incrustation où ils s'éloignent en se tenant les uns aux autres. Un feuillet 4 pages avec photos et liste des chapitres est inséré dans le boîtier.
La sérigraphie
Sérigraphie très fine techniquement mais banale sur le plan esthétique, avec de nombreux textes bleus sur fond blanc, et la reprise d'une fraction du visuel de la pochette. Le titre est en anglais, et les logos sont nombreux et envahissants. Le rond central est imprimé.
Note Finale
: (15/20)
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