Résumé : Mariés depuis neuf ans, Bill et Alice Hardford sont au bord de la crise conjugale, quand Alice avoue à son mari les fantasmes érotiques qu'elle a eu quelques temps auparavant à l'égard d'un inconnu. Bill, déboussolé, va errer dans la nuit , côtoyer le monde de l'érotisme nocturne et se trouver confronté à la mort énigmatique d'une call-girl…
Avis : "Eyes Wide Shut" qui réunit à l'écran le couple star d'Hollywood, Tom Cruise et Nicole Kidman, est le dernier film de Stanley Kubrick, décédé juste après en avoir réalisé le premier montage et y avoir consacré près de deux ans de travail. On n'est donc pas sûr que cette version corresponde exactement à ce qu'il voulait, car il avait souvent l'habitude de retoucher ses réalisations après un premier montage. Le film est une adaptation du roman "Traumnovell" de Arthur Schnitzler, et a été présenté pour la première fois en septembre 99, à l'ouverture de la 56ème Mostra de Venise. D'une qualité artistique incomparable, accord parfait entre une image exceptionnelle et une musique envoutante, le scénario fit l'objet de critiques très contrastées. Les plus enthousiastes louent la justesse d'une comédie de mœurs analysant un couple en crise en proie à la jalousie, et les détracteurs critiquent la lenteur excessive du rythme narratif (le film dure 2h30) et le caractère scabreux, aux limites du voyeurisme, de certaines scènes (le film a d'ailleurs été censuré aux Etats Unis en rajoutant digitalement des personnages fictifs pour masquer les ébats les plus explicites de la scène d'orgie). En fait tout cela est vrai, la perception de chacun résultant d'une équation personnelle par rapport au sujet traité, et du malaise éventuellement ressenti devant cette peinture de la "bonne société" new-yorkaise. Une scène du début du film illustre ces différences de perception : quand Alice, en train de se préparer pour sortir à une soirée mondaine, va aux toilettes et s'essuie d'un geste discret, certains ont souligné le peu d' intérêt que cela présente de filmer un geste de la vie courante aussi banal, d'autres faisant remarquer à quel point Kubrick réussit à éviter toute vulgarité et à donner à cette scène un naturel et une fluidité exceptionnels.
Les deux acteurs principaux sont absolument remarquables, et il est difficile de dire si le fait qu'ils étaient à l'époque mari et femme les a aidés à interprêter leur rôle, et si ce film a pu influencer leur divorce survenu un an et demi plus tard. Contrairement à l'idée reçue, il n'y a qu'une scène de sexe entre eux, et pas très explicite. Le caractère osé réside dans la scène d'orgie à laquelle assiste Bill lors de son escapade nocturne, mais surtout dans l'analyse des fantasmes féminins, plutôt romantiques, et des fantasmes masculins plus ancrés dans la réalité, laissant chacun se positionner par rapport à ce qu'il voit à l'écran, reflet d'un épisode critique de la vie d'un couple aisé, mais somme toute ordinaire. Si Alice apparaît plusieurs fois entièrement nue, c'est toujours à l'occasion de scènes de la vie de tous les jours, et cela présente toujours un caractère naturel et "normal" qui contraste avec la nudité des autres femmes entrevues au cours du film, dans des circonstances qui sont, elles, plus exceptionnelles (malaise de la droguée, participantes à l'orgie, femme morte à la morgue…). Le traitement en noir et blanc des représentations imaginées par Bill de l'infidélité de sa femme permet de souligner le décalage entre fantasmes et réalité.
L'Image :
3/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 4/3 - Ratio : 1.33:1
Avis :
Image au format 1,33 "conforme aux souhaits du réalisateur". Ce choix est assez rare pour un film moderne, d'autant plus qu'en salles le film a été projeté en 1,85:1 (recadré donc). Techniquement, l'image est parfaite, les couleurs étant très lumineuses, les scènes sombres ont un rendu exceptionnel. Cette qualité technique est au service d'une qualité artistique tout aussi remarquable. Tous les plans, que ce soient les intérieurs cossus, les images de nuit en ville, les plans rapprochés sur les personnages et leur visage témoignent de l'art de Kubrick pour une réalisation sans faille, d'une précision absolue. Le fait que le tournage ait duré 19 mois est aussi le signe de la quasi perfection recherchée par le cinéaste. L'alternance de tons chauds de dominante rouge et de tons froids de dominante bleue illustre aussi l'opposition veille-sommeil, vie et mort, réalité et rêverie
Le Son :
3/3
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 en français et anglais - Sous-titres : anglais, français, ...
Avis :
Qualité technique aussi bonne que l'image, essentiellement au service d'une musique subtile en adéquation totale avec le scénario. Pratiquement pas de différence entre la VO et la VF, au doublage près, bien sûr. Parfois discrète, la musique envahit l'espace lors de certaines séquences, la plus marquante étant le début de la scène d'orgie avec l'assemblée des participants accueillant les belles masquées. La bande sonore, relevée par des basses profondes, présente alors une ampleur et une clarté exceptionnelle. Comme pour l'image, tout est "léché", aucune fausse note (de goût) ne vient perturber un ensemble parfaitement cohérent, construit avec une grande rigueur.
L'Interactivité
:
2/3
L'ergonomie
des menus :
Le menu principal permet d'accéder aux menus langues, chapitres, et bonus. Le film est découpé en 38 chapitres, et il y a possibilité de changer la langue et les sous-titres à la volée, sans repasser par le menu. Possibilité de sous-titrer les interviews des bonus
Les bonus :
Biographies et filmographies, assez complètes. Dommage qu'il n'y ait aucun accompagnement musical.
Interviews de Tom Cruise, Nicole Kidman et Steven Spielberg. Les trois interviews sont axées sur la personnalité de Stanley Kubrick, sa manière méticuleuse de filmer, son rapport au temps et sa façon de diriger ses acteurs. On a un peu l'impression que Tom Cruise continue de jouer un rôle, alors que Nicole Kidman est plus spontanée (elle ne peut d'ailleurs un moment retenir ses larmes à l'évocation de la mort de Kubrick). Spielberg analyse en professionnel confronté aux mêmes problématiques, et ne tarit pas d'éloge sur un artiste qui recherchait la perfection, et qui s'est sans cesse renouvelé.
Deux Pubs TV
Les Visuels :
0.5/1
La pochette / Le packaging
Boitier cartonné avec un visuel bien réalisé, montrant les visages du couple Hartford (Cruise-Kidman) prêt à s'embrasser. Mais alors que Bill semble attentionné, le regard d'Alice est ailleurs, symbolique de ses fantasmes avec un autre homme. Le verso présente un résumé, les détails techniques du DVD et quelques photos.
La sérigraphie
Pas de sérigrahie. Le disque argent comporte juste le titre du film et quelques logos, en noir mat .
Note Finale
: (17/20)
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