DVD A LA LOUPE

Résumé : Le climatologue Jack Hall (Dennis Quaid) a une théorie concernant un changement climatique à l'échelle de la planète : par le réchauffement de la planète et la fonte des glaces du pôle nord, nous serions à l'aube d'une nouvelle ère glaciaire. Quand ? Dans 10 ans, dans 100 ans ? Les nombreuses perturbations climatiques à travers le globe vont lui donner subitement raison : Jack assiste ainsi impuissant à la destruction de Los Angeles tandis qu'un énorme raz-de-marée va s'abattre sur New-York. Or, Sam, son fils est à New-York... Jack décide de partir à sa recherche.

Avis : Bon vous allez me dire, encore un film d'Emmerich, donc dans l'ordre : les américains sont les plus forts, ils vont sauver la planète, les français sont bons à rien ou mauvais à tout (au choix !) et bien sûr y'aura un foutu clébard (soit un labrador, soit un setter irlandais) qui s'en sortira alors que des milliers de pauvres gens vont mourir...!
Hé bien, sans être totalement faux, ce postulat de départ doit être un petit peu nuancé. Car oui le film d'Emmerich fonctionne sur les mêmes ressorts que les précédents avec un accent patriote gonflant des plus impérialistes qui soit, mais sans mentir, il semblerait que le "père Roland" soit en train de vieillir un peu. Car figurez-vous que dans ce film, les Etats-Unis vont avoir besoin du reste du monde (preuve s'il en est que c'est un film de science-fiction !) et la nation triomphante, arrogante et conquérante des Stargate et autres ID4 laisse place à un pays plus humble avec en filigrane un message à l'attention des masses américaines gavées de pop-corn et de coca "low fat and low sodium" : "Attention, contre la puissance de la Nature, les Etats Unis ne peuvent rien faire". On pourrait rire à l'infini de la mièvrerie d'un tel message, mais reconnaissons lui le mérite d'exister : ce n'est pas demain ni "le jour d'après" qu'Emmerich fera du cinéma d'auteur (il n'en a ni la prétention ni l'envie) mais son dernier film essaie, maladroitement certes, de faire reconnaître à son pays ses propres erreurs et c'est déjà pas si mal. Autre scène du film qui oeuvre dans ce sens, le passage de la frontière mexicaine par des "réfugiés" américains : ironie du climat, la calotte glaciaire s'étend sur une grande partie de l'Amérique du Nord, obligeant les populations à fuir toujours plus au sud. L'humour avec lequel Emmerich dépeint le franchissement de la frontière américano-mexicaine, avec ces hordes de "homeless" qui débarquent au Mexique prouve qu'un réalisateur comme lui est aussi capable d'auto-dérision face à la toute puissance de son pays. Et rien que cela constitue une avancée assez saine de ce genre de cinéma. Néanmoins, les vieux démons d'ID4 ("C'est nous qu'on est les plus balèzes") reviennent de temps en temps dans le film avec notamment cette scène où l'un des personnages sauve une française bloquée dans un taxi....mais l'allusion est plus subtile ou en tout cas moins voyante que dans tous les précédents films d'Emmerich.

Bon, arrêtons l'aspect "message" du film et concentrons nous sur son "pourquoi", à savoir le pur divertissement. Là dessus Emmerich réussit un sans faute.
D'abord parce qu'avec un scénario minable (l'histoire d'un père qui va chercher son fils, prisonnier des éléments extérieurs), il a fait un film d' "entertainment" qui atteint parfaitement son but initial : en mettre plein les yeux au spectateur. Et là dessus nous ne sommes pas déçus. De nombreuses scènes sont absolument ahurissantes : la palette numérique a tourné à plein régime, mais "bon Dieu que c'est bien fait" ! Ainsi en est-il de la scène de Los Angeles dévastée par les tornades ou de l'incroyable vague qui va engloutir tout Manhattan, ou encore des scènes multiples où les personnages se retrouvent au coeur de la tempête de neige, là où le froid est tel que ces derniers gèlent sur place. Rien à dire, c'est surréaliste, mais techniquement parfait.
D'autre part parce que le réalisateur sait bien doser son supense : même lorsque l'on suit le voyage de Jack à travers la tempête de neige pour rejoindre New-York, Emmerich sait habilement rajouter une couche de tension dramatique (scène de sa femme qui attend désespérément une ambulance pour un enfant malade par ex.) en marge de l'itinéraire du héros principal. Seul bémol : la scène des loups sur le pétrolier pris dans la neige : sans faire de "spoiler", cette scène tombe véritablement à plat, et même si le spectateur sait depuis le début du film que ces loups auront un rôle à jouer, on comprend mal pourquoi Emmerich en rajoute dans la palette numérique (même la bestiole du Pacte des Loups est mieux faite) en utilisant un animal symbole des peurs les plus ancestrales : l'effet est désastreux et confine plus au ridicule qu'à l'augmentation du suspense dans les situations que vivent les personnages.
Mais qu'importe, laissons là cette scène un peu idiote pour appréhender le film dans son ensemble et le spectacle que nous propose au final le réalisateur est assez bon. Les personnages principaux sont bien campés (avec toujours cette idée que la "Famille" est une notion au-dessus de tout dans l'inconscient collectif américain) et Dennis Quaid est assez crédible (même s'il est moins à l'aise que dans ses rôles de "guignol" façon "l'aventure intérieure"). Le jeune Jake Gyllenhaal (acteur troublant de l'excellent Donnie Darko) tient bien son rôle au même titre que Ian Holm (le prêtre du 5ème élément) mais leurs prestations à tous sont un peu effacées par la qualité des effets spéciaux du film. Et c'est d'ailleurs le gros reproche que l'on pourrait faire : le spectateur attend d'Emmerich un spectacle hors norme qui met au second plan le jeu des comédiens : le Jour d'Après ne fait pas exception à la règle, alors achetez un seau de pop corn, mettez les neurones en stand-by et prenez en plein la tronche pendant 2 heures.... le cinéma c'est fait aussi pour ça et comme c'est certainement le meilleur film de ce réalisateur, autant en profiter.
Ah j'oubliais : le clébard s'en sort à la fin....mais ça vous vous en doutiez déjà !

 
Le jour d'après - Edition collector belge / 2 DVD