DVD A LA LOUPE

Résumé : Mado (Nicole Garcia), actrice célèbre passe ses vacances en compagnie de son frère Simon (Jean-Pierre Marielle), de son amant Brice (Bernard Giraudeau) et de son fils Julien (Robinson Stévenin) qui veut devenir cinéaste.
Julien est fou amoureux d’une jeune fille de la région, Lili (Ludivine Sagnier), qui ambitionne d’être comédienne. Mais celle-ci se jette dans les bras de Brice, metteur en scène reconnu, et lui propose de tout quitter pour l’emmener à Paris…

Avis : Au dos de la jaquette, vous pourrez lire « Claude Miller s’est entouré d’acteurs extraordinaires pour nous offrir cette excellente satire sur le monde du cinéma ». Pour moi, ce film n’est pas une satire du monde du cinéma mais un véritable cri d’amour pour tout ce qui fait le cinéma. Un peu à l’instar de Quentin Tarantino qui hurle son amour du cinéma bis (et tout autre cinéma d’ailleurs) à travers ses films, ici Claude Miller rend un hommage vibrant à tout ce qui contribue à la création d’un film, à toute la gente du cinoche, en passant du jeune réalisateur pur et orgueilleux au vieux qui se contente de faire des films qui marchent…en mettant en opposition une jeune actrice ambitieuse à une plus ancienne, imbue de sa personne.
Il s’agit d’un film qui n’hésite pas à montrer tout le processus créatif de n’importe quel film de l’écriture du scénario à partir d’éléments vécus jusqu’à la réalisation en studio et le choix des acteurs…comment l’affectif peut prendre part à cette création…. Mais ce qui fait la force invulnérable de ce film, c’est que sous jacent à cette comparaison, Miller brosse, grâce à une situation en huis clos sur la moitié du film, un chassé croisé humain, une description désabusée des relations humaines, tendres et triste à la fois.
On pourrait dire que le film est quasiment vu par les yeux de Julie Depardieu (une fois de plus impeccable) qui se contente d’observer sans rien dire mais en souffrant (elle sombre à cause de ça dans l’éthylotabagisme le plus actif qui soit) le va et vient de la maison de campagne. Elle comprend mais ne cherche pas à justifier ou à dénoncer les attitudes de ses comparses et si elle est méprisée pendant une bonne partie de l’histoire, c’est quand même elle qui sera la véritable gagnante. Comme je le disais, une bonne partie des comportements humains est décrite dans ce film et on pourrait croire quasiment à une étude de mœurs, le côté didactique en moins. Nous avons affaire à un jeune homme romantique, passionné par ce qu’il fait, pur et plein d’orgueil et qui veut vivre sans concession puis une jeune fille, simple et naïve que certains pourront prendre dés le début du film pour une salope mais qui pour moi sais qu’elle n’a qu’un atout pour réussir : son corps (et dieu sait si la plastique de Ludivine Sagnier est superbe) Son comportement sera d’ailleurs appelé à changer une fois qu’elle aura acquis la célébrité. Ses ambitions seront les mêmes mais elle ne sera plus la jeune fille naïve et ambitieuse, elle deviendra capricieuse. Ensuite il y a le vieil homme, revenu de tout, qui ne se plait nulle part et qui ne trouve son bonheur que dans le sommeil et la bouffe. La femme entre deux ages, qui a réussi mais qui ne sait pas se montrer humble…. Chaque personnage est parfaitement détaillé et le rythme lent du film permet de bien mettre en place les relations humaines qui découlent : les relation mère/fils, la plupart du temps ombrageuses, les relations amants/amantes, frères/sœurs, jeune/anciens…. Et ce qui transcende tout cela c’est le jeu des comédiens tous, mais vraiment tous parfaits. Miller en profite aussi pour écorcher un peu le mythe jouissif de la Jet Set en montrant comment des gens simples (en l’occurrence Julien mais aussi indirectement Lili) peuvent se sentir complètement perdus dans ce monde surfait et sans âmes. Comme je le disais ce film ne s’impose pas par son rythme, lent mais parfaitement soutenu, structuré, sans aucun relâchement, qui prend le temps de s’arrêter sur chaque protagoniste, à les décrire dans leur environnement et leur situation. La mise en scène est dans le même goût : sans extravagance, légère, simple, très descriptive, ne s’arrêtant que sur l’essentiel et renforçant le désarroi de certaines situations.

On peut donc dire en conclusion qu’il s’agit d’un des meilleurs films français de ce début de millénaires, l’un des plus touchants pour ses personnages, un film qui brosse avec réalisme et tendresse nos petites vies, si semblables à celles des personnages. Un film émouvant et beau de simplicité, que tous les amoureux de cinéma devraient voir. Les acteurs, Ludivine Sagnier et Robinson Stévenin en tête crèvent l’écran.

 
La petite Lili