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Résumé : Au 10ème siècle, Ahmed Ibn Fahdlan est contraint à l’exil par le calife de Bagdad. Ambassadeur en Asie Mineure, son chemin croise celui de rudes voyageurs vikings qui s’apprêtent à rentrer en Scandinavie pour porter secours à un village victime des assauts répétés d’une horde de démons. Selon l’oracle, treize guerriers doivent se mettre en route immédiatement…et le treizième guerrier doit être un étranger. Ni équipé, ni taillé pour ce genre d’aventure, Ahmed est contraint de les accompagner. Ce qui l’attend à l’arrivée est pire que tout ce qu’il pouvait imaginer.
Avis : Avant d’être un formidable film d’action et une très belle épopée, « Le 13ème guerrier » est avant tout un film courageux….courageux mais maudit !.
En effet. Prenez le postulat de départ : le héros est un musulman, relativement peu courageux, d’une force limitée et d’une croyance en son dieu à toute épreuve…avouez que cela peut sembler surprenant pour un film hollywoodien. Ensuite, la seule tête d’affiche importante est justement ce personnage, les autres ne sont que des « imports » de pays scandinaves. Ce film, c’est un peu le choc des cultures, le croisement des gens du sud avec ceux du nord sans empathie ni méfiance, simplement curieux de croiser leurs connaissances, et une troisième entité, mystérieuse qui contraint les deux premières à s’allier.
Le film met sur le même pied d’égalité la philosophie arabe et celle viking, il rend hommage à la dure vie des gens du nord et à l’épicurisme de ceux du sud, s’attarde à montre de façon semblable l’intelligence vive des arabes et celle pragmatique des vikings. Rien que ça, ça a de quoi faire saliver n’importe quel cinéphile avide de films mouvementés mais intelligents.
Ensuite, il y a le parti pris esthétique. On est bien loin des péplums d’antan avec des villages bien proprets, des villageois propres et aimables, des palais royaux magnifiques…non ! Nous sommes à l’exact opposé. Le village viking est sale et crasseux, boueux, les maisons sont ternes et sans vie. L’environnement est vraiment crédible avec ses zones alentours déforestées, des champs au milieu de la friche, entretenus par des paysans (surtout des femmes) loin du canon hollywoodien habituellement rencontré. Les guerriers sont véritablement de grosses brutes, à l’allure massive, au physique marqué par les combats vécus jadis.
Le palais du roi fait plus penser à une grange de luxe qu’à une maison bourgeoise….tout est fait pour rendre encore plus réaliste l’histoire et peut dérouter le spectateur lambda par son parti pris.
On ne peut pas parler de l’esthétisme du film sans parler de la virtuosité de la mise en scène. On retrouve là le McTiernam de l’époque « Die Hard » avec des combats d’une rare lisibilité, des affrontements d’une beauté incroyable, un découpage des plans et un montage aux petits oignons. Un coup de maître, plus proche dans la qualité (pour moi il le dépasse même sur ce point) de « BraveHeart » que du très mauvais et récent « Troie ». On a vraiment l’impression de gigantisme humain des armées opposées.
Enfin, il y a les bonnes idées du film, qui renforcent l’aspect de qualité et de réalisme : le fait que les deux partis en présence ne parlent pas la même langue et que ce soit le héros qui doive apprendre à comprendre ses pairs était vraiment bien. J’ai aussi adoré l’hommage fait à « Lawrence d’Arabie » grâce au personnage de Omar Sharif.
Malheureusement, si ce film avait tout pour arriver au hit parade des meilleures réalisations et des scénarios les plus excitants jamais rencontrés, le destin voulu par les producteurs en a été tout autre. En voyant le chef d’œuvre contestataire de la bonne pensée américaine qu’allait devenir ce film, ils ont décidé de le remonter afin d’en obtenir une œuvre beaucoup moins subversive, beaucoup plus formaté pour le public….et les cinéphiles que nous sommes ne peuvent que s’en ressentir chagrinés car cela a laissé des trous béants dans l’histoire. Imaginez : 45’ de films enlevé, 1/3 de la durée totale !!?? Comment voulez vous que cela ne s’en ressente pas. Par exemple : deux des 13 guerriers disparaissent pendant un combat sans qu’on le voit…des personnages apparaissent subitement puis disparaissent aussi sec sans que l’on sache vraiment pourquoi (le fils du roi)….Une fois de plus, la volonté des financiers a eu raison de celle de l’artiste au détriment de l’œuvre et du public. Quel dommage.
En conclusion, ce film est un véritable chef d’œuvre maudit, une histoire traversée par un souffle épique hors du commun (on avait guère vu mieux avant le « seigneur des anneau ») un hymne au respect des différences mais qui ne peut mériter la note maximale au vu des coupe honteuses infligées par ces messieurs les producteurs. A voir et à revoir en attendant le director’s cut (soi disant perdu selon le réalisateur lui-même).
