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Résumé "Les associés" : Dès leur plus jeune âge, Joe, Jim et Sherry ont été élevés ensemble. Ils forment aujourd’hui un trio de voleurs intrépides qui écument les musées d’Europe. Lorsqu’ils décident de prendre leur retraite, ils déclenchent la fureur de leur père adoptif qui est aussi leur commanditaire principal.
Avis : Aux yeux de beaucoup de monde, « Les associés » tout comme « Broken Arrow » pourraient être considérés comme de simple divertissement de John Woo. Sorti pour le nouvel an chinois, à la suite de l’échec retentissant de son chef d’œuvre « une balle dans le tête » et par là donc étant visiblement qu’un pur film commercial destiné à remettre Woo sur la sellette, il est facile de s’arrêter à ces simples apparences. « Les associés » est pourtant un petit chef d’œuvre d’action/comédie qui a nettement influencé ses congénères qui ont suivi.
Il est cependant vrai que tout ce qui faisait la singularité de John Woo est pris à contre-pied : Chow Yun-Fat, d’habitude héros magnifique et impassible joue ici le rôle d’un rigolard plaisantin (mais tout aussi brillant dans son domaine que dans les précédents films de Woo), les fusillades tourbillonnantes ne sont plus assurées par notre groupe d’associé mais par les gens qui les pourchassent, quand nos héros sont amenés à glisser sur le sol un flingue à la main, il ne le font plus miraculeusement mais avec une planche à roulette sous le ventre…etc, etc.
Il faut tout d’abord voir dans ce film un cri d’amour du réalisateur pour la France et le cinéma français, notamment celui de Truffaut, plus précisément le chef d’œuvre qu’est Jules et Jim. Ceci est retranscrit dans les prénoms des 2 hommes du groupe (Joe et Jim…plus authentiques car d’origine Hongkongais) et le triangle amoureux dans le quel il vit. J’en profite pour souligner que l’histoire d’amour est, au contraire de beaucoup de films dont ce sujet n’est pas le principal, très bien décrite, sans sombrer dans le pathos ou le voyeurisme. On arrive à un sommet de romantisme qui égalerait presque celui de « Volte Face ».
Ensuite, l’action se passe pour la majorité en France, sur la côte d’Azur exactement. Rien que ça, ça peut donner l’eau à la bouche de beaucoup de cinéphiles français.
Cette vision de la France par le maître du cinéma d’action, ainsi que la musique, elle aussi extrêmement intéressante ne tombe jamais dans la caricature.
Pour en revenir sur les qualités de la réalisation, la trame scénaristique certes simple mais bien construite, parfaitement huilée, un pur bijou de mise en scène, de montage et d’audace. C’est simple, chaque scène d’action a été vue et revue (en moins bien) dans des films plus contemporains, français ou américains.
La scène d’attaque du camion fait penser à « fast and furious » ou encore « XXX » , la scène de cambriolage acrobatique a été littéralement pillée par De Palma pour son « Mission impossible » celles des laser copiée pour « haute voltige ». La poursuite automobile n’a pas à rougir devant « Ronin » ou les « taxi ».
Il y a une seule scène qui n’ait pas été encore copiée à ma connaissance, l’extraordinaire séquence du bal ou Palma Yun-Fat danse en fauteuil roulant. On n’a jamais vu aussi léger et cohérent dans le montage.
La séquence de cambriolage en fauteuil roulant est aussi tout bonnement spectaculaire. Je ne crois pas que même Jackie Chan ait inventé quelque chose d’aussi audacieux et inventif.
Je vous passerai les détails sur les séquences de fusillade. Qui connaît John Woo sait à quoi s’attendre. On a même droit à quelques séquences de Kung-fu, certes légèrement parodique.
En conclusion, « Les associés » est un formidable divertissement, un cri d’amour à la France et son cinéma mais aussi surtout à Hong kong (on ne compte pas le nombre d’allusions à la rétrocession de HK à La Chine disséminées tout au long du film) que Woo signe juste avant son départ pour les States. Il y met tout son talent, tout son savoir faire pour un peu plus nous faire regretter (en utilisant massivement l’humour et allant presque jusqu’à la parodie) le temps béni où il était le maître du film noir et d’action.
Résumé "Just Heroes" : Just Heroes est l’histoire de trois frères qui cherchent à savoir qui a pu commanditer l’assassinat de leur père, grand parrain d’une triade chinoise..
Avis : Ce film est une coréalisation John Woo/Wu Ma tourné dans le but de financer la retraite de l’immense réalisateur Chang Cheh et ce film apparaît en effet plus comme un hommage qu’une véritable production personnelle.
Tout y est : le code d’honneur des gangsters, les trahisons, les affrontements… L’ambiance aussi est là : les gangsters aux grands manteaux noirs aussi mais on n’a vraiment du mal à se sentir impliqués. Seuls les affrontements armés réussissent à nous sortir de notre torpeur pourtant agréable. En effet, le problème véritable est qu’on comprend vite lors du visionnage que Woo ne s’est impliqué que dans les séquences d’action par ailleurs formidables. Le film ne décolle qu’à ses moments là et le reste, bien que n’étant pas inintéressant n’arrive pas à captiver outre mesure. On ressent une franche rupture entre chaque séquence et ceci à tendance à nous déconnecter un peu du film. Heureusement d’ailleurs que Woo était là pour relever le niveau et inscrire sur la pellicule des combats dantesques qui rappellent facilement « The Killer » (la séquence de l’entrepôt » ou annoncent « BlackJack » avec Dolph Lundgren mais aussi « Volte Face ».
Je passerai rapidement sur le scénario, très dépouillé et dont la trame initiale fait un petit peu penser au « Parrain » de Coppola avec ce fils de mafieux qui n’a pas voulu faire sa vie dans le Milieu.
Ce film reste cependant à visionner pour les acteurs : Stephen Palma, Andy Lau, James Wong, Wu Ma….Tous ont bien voulu s’investir pour assurer un nombre maximum d’entrées et payer ainsi la retraite méritée d’un grand maître.