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DVD A LA LOUPE


M LE MAUDIT - EDITION 2004

Lui écrire Hotkiller

M le maudit - Edition 2004 DVD sorti le 01/09/2004


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Editeur : Opening
Distributeur :
Opening

Année de production : 1931

Durée du film : 1 h 47 min.

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Nombre de visites :
1870


   

Le Film : 10/10

Résumé : Berlin, 1930 : un meurtrier sème la terreur parmi la population en assassinant sauvagement des petites filles. Devant l'incapacité de la police à trouver ce meurtrier, la pègre locale décide d'organiser la chasse à l'homme...

Avis : Avec l'arrivée du "parlant" dans le monde du cinéma à la fin des années 20, Fritz Lang décide d'utiliser cette nouvelle technique et de la mettre au service de sa création artistique. M Le maudit sera donc le premier film sonore du réalisateur, l'un de ses plus achevés du point de vue technique filmique, l'un des ses meilleurs du point de vue scénario et montage. En effet, avec des films comme celui-ci, le spectateur ne peut s'empêcher de se dire qu'il est en train de voir un monument du cinéma, une oeuvre d'une richesse cinématographique rarement égalée qui sera source d'inspiration pour de futurs grands maîtres tels Alfred Hitchcock, un incontournable, une référence qui fait que l'expression 7ème art pour qualifier le cinéma prend toute sa mesure.

Le film est inspiré d'un fait réel, l'histoire de Peter Kurten, sombre tueur d'enfants, baptisé le Vampire de Dusseldorf et qui fut executé en Allemagne en 1930.
Partant de ce fait divers Fritz Lang nous propose à la fois un modèle de film noir et de film policier le révélant comme un maître du cinéma de suspens. Ainsi Fritz Lang a-t-il l'immense talent de faire naître les émotions dans l'esprit de son spectateur avec des plans d'une simplicité et un talent déconcertants.
Dès le début du film par exemple, le réalisateur lance "la machine à suspens" à travers une horloge située dans une cuisine : la mère d'une petite fille qui attend son retour de l'école est occupée à préparer un plat. Mais la caméra fait plusieurs retours sur l'horloge de la cuisine, symbole du temps qui passe et de cette petite fille qui ne rentre pas : émotionnellement parlant, le spectateur évolue en même temps que le personnage de la mère, cette sorte de communion des sentiments conférant aux prises de vues du réalisateur une naturelle intensité.
De même, quelques minutes plus tard, avec deux plans, Fritz Lang révèle le sort de la petite fille : son ballon roule par terre, tandis que son ballon de baudruche (offert par l'assassin) s'envole dans les airs et s'emmêle dans des fils électriques. Fritz Lang, suggère plus qu'il ne montre et l'horreur des faits n'en a que plus d'impact, portée qu'elle est par l'imagination du spectateur.

Puis le scénario du film, une fois l'horreur des faits avérée s'intéresse à la description du tueur : le début du film nous montre un tueur représenté en ombre chinoise, puis nous le découvrons de dos en train de rédiger une lettre. Ce n'est que plus tard que nous découvrons le visage de l'assassin (toujours ce génie du suspens savamment entretenu), Fritz lang ayant cette trouvaille absolument géniale d'un point de vue narratif que de révéler le tueur alors que celui-ci se regarde dans un miroir : le spectateur découvre le visage de l'horreur en même temps que l'assasin découvre la noirceur de son âme.

Ce talent dans la construction de l'histoire on le retrouve tout le long du film. Ainsi en est-il par exemple lorsque le réalisateur alterne les scènes de méthodes de recherches du meurtrier par la police et par la pègre : par un montage simple mais efficace, le spectateur se retrouve plus impliqué dans l'histoire que les personnages eux-mêmes puisqu'il apprend des informations des deux "camps"et peut comparer deux méthodes d'investigation totalment différentes. Pour tenter d'arrêter l'assassin, le "milieu" va faire appel à une technique d'investigation très simple : utiliser toux ceux qui sont dans la rue et que l'on ne remarque pas, les mendiants, afin d'observer et éventuellement de découvrir "der Kinder Mörder".
Nouvelle trouvaille du génial Fritz Lang pour nous présenter cette confrérie des mendiants : un long plan séquence à base de travelling et de zoom (2mn) qui passe à travers le décor pour finir vers un gros plan du "chef" des truands....tout est dit dans ce plan : truands à la petite semaine ou de haut vol, infirmes, et quêteurs de tout genre font corps pour retrouver l'assassin.
Cet assassin que Fritz Lang d'ailleurs ne laisse pas tomber du point de vue du scénario. Depuis le début du film comme une lancinante rengaine du malheur, ce dernier s'amuse à siffloter l'air de Peer Gynt d'Edvar Grieg d'après le conte d'Ibsen. Et très vite nous comprenons la nature schyzophrénique du tueur : celui-ci, guidé par une force irrépressible ne peut s'empêcher de tuer; une scène nous le révèle amèrement : le tueur auprès duquel une jeune enfant vient d'échapper parce que rejointe in extrémis par sa mère décide de s'assoir en terrasse d'un café. Subtilement le personnage est placé derrière un rideau de buissons : il commande à boire; malgré ses efforts pour se contenir il est rejoint par ses démons et commence à siffloter : la caméra de Lang se rapproche et l'on découvre le visage du personnage à travers la densité des feuillages en proie aux plus profonds tourments. Ainsi Fritz Lang nous livre-t-il la personnalité éminemment duale de son héros : son visage était caché par les buissons au même titre que son "Mr Hyde" tapi au plus profond de son âme est caché sous le vernis de sa vie simple mais bourgeoise. Ironie du sort, cet air de Peer Gynt qui est la signature musicale de l'assassin sera également sa perte. Un marchand de ballons aveugle reconnaît cet air, s'en souvient et fait la relation avec le premier meurtre, ayant déjà vendu un ballon offert par l'assassin à la première victime du film. Prevenant un autre mendiant celui-ci écrira a la craie sur sa main la lettre "M" qu'il aposera sur l'épaule de l'assassin à la faveur d'une bousculade. Il est permis de se poser la question de savoir si Fritz Lang n'a pas utilisé la technologie du parlant de façon ironique dans ce film puisqu'effectivement, l'air siffloté par le tueur est la seule "musique" du film et sera l'élément clé pouvant permettre son arrestation. Connaissant le génie artistique du réalisateur, on peut légitimement croire qu'il ait voulu utiliser ce nouveau procédé technique au service de son histoire lui donnant ainsi une plus grande dimension d'un strict point de vue narratif. Là encore, tant les moyens que la méthode ont rarement été aussi bien mis au service d'un film.
Fritz Lang poursuit donc cette ironie et le manteau de l'assassin porte cette marque comme le furent en son temps les marques d'infâmie pour ceux qui avaient défié les lois établies. Dans un miroir ce dernier va se rendre compte de cette marque : le regard rempli de terreur, il n'aura de cesse que d'essayer vainement de fuir. Caché puis découvert dans un immeuble commercial, la pègre va le ramener dans une cave des bas-fonds de la cité pour organiser son procès. Cette dernière partie du film est un peu plus légère par rapport au reste du scénario, Fritz Lang s'amusant à dépeindre une faune du milieu mal organisée, s'accordant quelques passages drôles (il faut voir les truands investirent l'immeuble et fouiller l'ensemble des bureaux), mais c'est pour mieux surprendre son spectateur à la fin du film. Devant une cour des miracles contemporaine l'assassin jette des yeux hagards et perdus. Il se lance dans une diatribe pathétique pour tenter de sauver son âme, plaidant la folie irrépressible et la maladie mentale. Mais la sentence de cette Cour est sans appel : "Il faut protéger nos enfants. A mort ! A mort !".

Ce dernier passage du film est l'achèvement du message politique que Fritz Lang veut adresser à ses contemporains. Car en effet, M. le Maudit est aussi et avant tout un film politique. Tourné à l'époque de l'avènement du nazisme, il fut d'abord baptisé "Les assassins sont parmi nous". Ce titre fut alors censuré par le régime nazi et rebaptisé "M. Une ville cherche un meurtrier". Outre un descriptif sommaire mais vivant de la difficulté de vivre en Allemagne en général et de la détresse de la population allemande en particulier, Fritz Lang dissèque sur le ton du film noir la frontière ténue qui sépare le bien du mal, ce corridor étroit où l'ame humaine peut basculer à tout moment, poussée qu'elle est par les forces les plus sombres qui soient. Mais en témoin éclairé de son époque le réalisateur cristallise l'angoisse de ses contemporains sur un seul homme et dénonce par là même, les comportements aberrants guidés par la peur de l'autre (scènes ou la foule prend à parti de soi-disants assassins d'enfants), cette peur qui, un an après le film, portera Hitler au pouvoir, malgré la dernière phrase prémonitoire du film où une mère qui a perdu sa fille lance dans un déchirant sanglot de douleur qu'il faudra "davantage veiller sur nos enfants". Il n'en sera rien et Fritz Lang s'exilera alors pour la France puis les Etats Unis.

Quelques mots pour finir sur l'extraordinaire composition effectuée par Peter Lorre dans le rôle du meurtrier. Ses yeux globuleux, ses mains courtes et charnues en font un extraordinaire personnage de cinéma. Son jeu d'acteur est d'une magnifique justesse notamment dans ses expressions du visage passant de l'être le plus impitoyable qui soit à celui de l'homme au regard d'enfant terrorisé. Hollywood ne s'y trompera pas et lui réservera une excellente carrière de seconds rôles les années suivantes. Tous les autres comédiens sont également excellents mais il faut dire que Fritz Lang, à la manière de Saint Simon qui s'amusait à portraitiser de façon pamphlétaire ses contemporains, nous expose avec talent deux personnages que tout oppose : le commissaire Lohman et le chef du Milieu Schränker. Ces deux personnages sont brillament interprétés et donnent au film de Fritz Lang une dimension à la fois profondément humaine et profondément universelle.

M le Maudit est donc un immense classique, d'un glaçant réalisme qui jette les bases des règles du film de suspens (procédé narratif par lequel le spectateur en sait plus sur l'intrigue que les personnages du film et qui sera sublimé beaucoup plus tard par Alfred Hitchcock) et où toutes les techniques sont mises au service de l'histoire. Il faut dire que Fritz Lang fait partie de ces quelques réalisateurs tels Orson Welles, Howard Hawks ou John Huston qui ont réellement inventé le cinéma : lorsque l'on voit leurs films on peut se dire qu'ils ont jeté les bases de tout ce qui a pu se faire depuis lors, le reste n'étant, et on le constate amèrement de nos jours, qu'un aimable verbiage filmique sans grand intérêt.


L'Image : 2.5/3

Détails techniques : Format Vidéo : 4/3 - Ratio : 1.33:1

Avis : Le film est proposé dans une qualité étonnante de remastérisation : on notera quelques poussières par ci par là et un éclairage qui se fait plus vacillant sur certaines scènes. Néanmoins, compte tenu de l'âge du film, on ne peut que s'étonner de la qualité générale des contrastes et rendre hommage à l'éditeur qui nous propose une édition à la hauteur de ce chef d'oeuvre.


Le Son : 2/3

Détails techniques : Dolby digital 2.0 (dual mono) en allemand - Sous-titres : français

Avis : 1er film parlant de Fritz Lang, le film fut tourné en muet puis le son fut rajouté en studio au montage. La restauration du son est légèrement un peu en retrait par rapport à celle de l'image (contraintes techniques ?) avec un souffle permanent en arrière plan sonore et une tendance à être un peu trop aigü. Malgré tout, les dialogues se dessinnent de façon très claire et précise sur les enceintes frontales (c'est un dual mono). A noter une longue période silencieuse aux alentours de la vingtième minute, ce qui peut sembler curieux mais est conforme à l'oeuvre originale. A noter que les sous-titres ne peuvent être enlevés.


L'Interactivité : 0/3

L'ergonomie des menus :
L'interactivité du film n'est pas des plus fouillées qui soit. En effet, le sommaire ne propose que 2 choix : le film ou les chapitres. Pas de menu "son", le film étant par défaut directement en allemand sous-titré en français. Néanmoins la présentation baigne dans une lumière sombre que quelques arrières plans rouge sang viennent légèrement réhausser, restant ainsi en tout point dans l'esprit du film.


Les bonus :

Aucun bonus n'est présenté dans ce DVD. Il faut dire que ce film, vendu à l'unité, fait aussi partie d'un coffret regroupant M. le Maudit et un autre film de Lang : le testament du Docteur Mabuse. Ce coffret présente sur un troisième DVD bon nombre de bonus relatifs aux deux films. Je ne saurais trop vous conseiller l'achat de ce coffret ne serait-ce que pour en savoir un peu plus sur l'immense talent de ce réalisateur. Toujours est-il qu'il est bien dommage qu'en édition single, aucun bonus n'accompagne le film.

La version proposée par ce DVD a été restaurée en 2000 et propose un métrage d'une longueur d'1h45 mn. Il faut dire qu'entre les scènes censurées par les allemands, les coupes faites pour les besoins du marché américain et les bobines égarées, la durée du métrage a évolué entre 98mn et 1h57. Néanmoins rendons grâce à l'éditeur de nous proposer la version la plus communément admise comme originale par les spécialistes.


Les Visuels : 0.5/1



La pochette / Le packaging

Le couleurs de la jaquette ne risquent pas de tromper l'acheteur : nous sommes bien en présence d'un pur film noir. Le contraste du rouge et du noir est d'un assez bon effet mais on regrettera peut-être que figure une des scènes clés du film sur le recto (Peter Lorre qui voit la marque sur son manteau). Il eut été préférable de reproduire l'une des affiches dessinées où une main est représentée avec la lettre M écrite à la craie.



La sérigraphie

La sérigraphie est remarquable de qualité et de définition (aspect brillant). Les logos et les mentions légales sont très discrèts. Rien à redire, c'est du bel ouvrage, avec ce rond central imprimé permettant de voir l'intégralité du visage de Peter Lorre.


Note Finale : (15/20)

Commentaires concernant cette critique

- le 30/03/2005 à 18:43 par décurion : Une excellente critique pour un film qui le mérite bien. Que le spectateur ne se borne pas à la note de 15/20 dûe à l'image et au son car ce film vaut davantage. C'est un des piliers du Cinéma.

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