DVD A LA LOUPE

Résumé : 1776, Caroline du Sud. Le conflit entre les indépendantistes et les anglais semble inévitable. Benjamin Martin, qui connaît trop bien les horreurs de la guerre, ne veut pas s'en mêler. Mais quand les anglais, aux portes de sa plantation, s'en prennent à sa famille, il n'a plus le choix...

Avis : "The Patriot" se déroule dans le sud des Etats-Unis, lors de la guerre d'Indépendance, au moment où la nation américaine allait se construire, avec l'aide des français conduit par Lafayette, contre les anglais. Le scénario profite de la trame historique générale pour montrer la lutte d'un homme forcé par les circonstances de prendre les armes. Le film est à grand spectacle, avec des costumes rutilants, de beaux décors et des scènes de bataille épiques. Par contre ses nombreux détracteurs ont dénoncé de nombreuses contre-vérités historiques concernant d'une part le comportement des anglais, présentés ici comme des assassins sanguinaires, et d'autre part sur le positionnement des noirs dont la triste condition d'esclaves est largement sous-estimée. Le rôle effectif des troupes de Lafayette est également beaucoup trop occulté, même si le film se termine dans la bouche du héros par les mots "Vive la France". Raconter une histoire originale en travestissant des faits réels n'est ni une nouveauté au cinéma, ni forcément répréhensible quand les intentions sont clairement affichées. Mais le fait que ce film soit une fois de plus à la gloire des américains, surtout de la part de Roland Emmerich qui avait déjà réalisé "Independance Day" en a hérissé plus d'un. Au delà de ce défaut notable, on ne peut nier à ce film une mise en scène grandiose, servie par un casting remarquable.

Mel Gibson reprend un rôle très semblable à celui qu'il avait dans "Braveheart", un combattant valeureux mettant toute son énergie pour sauver sa patrie contre, une fois de plus, les anglais. Ici, il incarne Benjamin Martin, un ancien militaire, hanté par son passé, qui aurait bien rangé les armes mais qui est pris dans un terrible engrenage quand un de ses fils est assassiné par ordre du Colonel William Tavington. Celui-ci est interprété magistralement par Jason Isaacs, mais le caractère beaucoup trop outré du personnage (il va jusqu'à faire brûler vifs tous les habitants d'un village, enfermés dans une église) est à mettre au passif du film, même si c'est l'un des ressorts principaux qui font agir Benjamin Martin. Il faut néanmoins souligner que ce personnage est inspiré d'un officier britannique qui a réellement existé, Banastre Tarleton, réputé pour sa brutalité. Les personnages secondaires sont nombreux et en général interprétés sans fausse note. On citera le fils de Benjamin, Gabriel Martin (Heath Ledger), le colonel américain Harry Burwell (Chris Cooper), le commandant français Jean Villeneuve (Tchéky Karyo) et le général anglais Cornwallis, commandant en chef de l'armée anglaise (Tom Wilkinson).

Le film est long, mais la densité des scènes d'action est telle que l'on ne s'ennuie jamais. Là également, il faut reconnaître à Emmerich sa capacité à mettre en image des grandes fresques spectaculaires, et les batailles sont, malgré leur violence, d'une beauté visuelle impressionnante. Le réalisateur joue aussi largement sur la corde des sentiments du spectateur, la musique de John Williams insistant également beaucoup sur les passages les plus tragiques. Heureusement, un peu d'humour, léger mais présent, permet de temps en temps de détendre l'atmosphère, surtout après des scènes d'atrocités. Le scénariste Robert Rodat avait également écrit l'histoire de "Il faut sauver le soldat Ryan" et on retrouve son souci de montrer la guerre à travers un petit groupe de personnes filmées au sein de l'action, plutôt que de montrer les grandes stratégies des états- major. Mais son propos aurait, ici, probablement fait beaucoup plus mouche s'il s'était contraint à être moins manichéen et un peu plus fidèle à l'Histoire.

 
The Patriot : Le chemin de la liberté