DVD A LA LOUPE

Résumé : Dans un avenir pas si lointain, une poignée de survivants barricadés dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de l'ancien monde... Des zombies, qui désormais pensent et communiquent, s'organisent pour prendre d'assaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamé chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants d'un genre nouveau...

Avis : Plus de vingt ans après Le jour des morts vivants, George A Romero redonne vie aux cadavres pour un film gore nouvelle génération. Avec un budget d'à peine 15 millions de dollars (le budget café de King Kong) le réalisateur de La part des ténèbres fait ni plus ni moins qu'un film de fin du monde avec des décors impressionnants et des centaines de figurants. Loin des effets numériques faciles, lui et son équipe privilégient les trucages traditionnels pour un résultat souvent bluffant. A bien des égards, le spectacle est visuellement étonnant et tient parfaitement la route. Une vraie leçon à une époque où de jeunes réalisateurs issus du clip font n'importe quoi avec dix fois plus d'argent pour un résultat dix fois moins spectaculaire. Loin de se reposer sur des acquis technique, Romero fait évoluer ses créatures dans la continuité du Jour des morts vivants où un zombie domestiqué par un savant fou montrait de stupéfiantes capacités d'apprentissage. Les monstres ne sont plus seulement représentés comme une masse désincarnée. Ils sont désormais capables de susciter l'empathie voire la pitié chez le spectateur ce qui constitue un élément quasi inédit dans le genre.

Cette audace scénaristique est d'autant plus payante que Romero représente le reste de l'humanité (exception faite du trio vedette) comme un cloaque corrompu et répugnant. On retrouve ainsi dans Land of the dead les thématiques chers à son auteur puisque la masse a toujours été synonyme de bêtise chez Romero. Que ce soient les cow boys racistes de La nuits des morts vivants, les motards dégénérés de Zombies ou les militaires cinglés de Day of the dead, toutes les corporations semblent entraîner un phénomène pire que la zombification : la folie et le meurtre. En comparaison, les morts vivants ne sont que des créatures guidées par leur instinct quand les hommes sont incapables de mettre à profit des millions d'années d'évolution pour simplement coexister.

Et Romero d'appuyer là où ça fait mal en réécrivant la lutte des classes dans sa description d'un monde post apocalyptique. En effet, dans Land of the dead, quelques milliers de survivants se sont barricadés dans une citée bunker où cohabitent deux types d'habitants : une poignée de privilégiés vivant dans une tour en forme de centre commercial (clin d'oeil évident à Zombie) et une immense majorité de miséreux croupissant dans les taudis environnants. Cette vision d'une société pyramidale constitue à l'évidence une allégorie de l'Amérique actuelle où une corporation de puissants dirige le peuple en utilisant la peur comme moyen de manipulation. Ici, ce sont bien sûr les zombies qui font office de menace mais lorsque Dennis Hopper -qui incarne le dictateur de la ville- sort un "On ne négocie pas un terroriste" la critique du gouvernement Bush n'est même plus implicite.

Pour la première fois, Romero ne fait plus dans la critique universelle : il tire à boulets rouges sur le gouvernement US actuel. Espérons qu'à long terme, cette pique ne perde pas de sa pertinence et sa subversivité. Reste que les spectateurs qui ne veulent pas voir dans Land of the dead une métaphore politique pourront aussi trouver leur compte. Certes, L'armée des morts (du moins la director's cut) et Shaun of the dead ont su remettre au goût du jour les explosions crâniennes dégoulinantes, les amputations fraîches et les vilaines morsures. Ce n'est rien toutefois comparé au massacre orchestré par Romero et son équipe de techniciens-maquilleurs toujours aussi inspirés.
Entre des scènes de cannibalisme franchement plaisantes (tiens un doigt, un pied, des tripes...) et des maquillages soignés (certains zombies sont des modèles du genre) les fans devraient trouver leur compte. Sans être aussi gore que Le jour des morts vivants qui restera LA référence du genre, Le territoire des morts n'en reste pas moins un film de zombies couillu et spectaculaire. Et si le maître du genre manque parfois de moyens pour mettre à l'image un script ambitieux, le métrage n'en reste pas moins terriblement attachant. On ne saurait que trop conseiller aux fans ce nouvel opus.

Les ajouts de cette director’s cut plus longue de seulement trois minutes se concentrent sur une scène inédite et des plans gores rallongée ou ajoutés :
- 1 seule vraie scène inédite par rapport à la version salle à la vingt troisième minute. Elle concerne le personnage de John Leguizamo lors de son arrivée dans le building dirigé par Dennis Hopper. Ainsi, John Leguizamo frappe à la porte du superbe appart de monsieur Kaufman mais est reçu par le domestique noir une paire de ciseaux à la main. L'homme de main est nerveux car il a entendu des bruits suspects dans l'appartement voisin. Alerté, Leguizamo se précipite dans le loft où il trouve un pendu et une femme hystérique. Le pendu est en fait un père de famille en passe de se zombifier. Le fils fait irruption dans la pièce au moment où le père revient "à la vie" : il saute à la gorge du jeune homme et le mord mortellement. Leguizamo défonce le crâne du père (bel effet gore) avant que des agents de sécurité pénètrent dans l'appartement. "C'est votre problème maintenant" dit Leguizamo qui sort de la pièce. Fin d'une scène d'une durée frôlant les 2 minutes.
Les ajouts gores :
- Les premiers ajouts concernent le premier combat entre les zombies et les hommes lorsqu'ils défoncent une barrière et que les militaires se font déborder. Les plans de cannibalisme semblent plus longs et moins hachés qu'au cinéma. On y trouve également quelques plans inédits notamment un oeil salement arraché par un zombie gourmand.
- Des plans gores également ajoutés dans la scène où Simon Baker et le "matador" vont chercher des munitions pour l'expédition. On y voit notamment un long panoramique sur des jambes arrachées. Les plans de cannibalisme sont plus longs et dégoûtants.
- Le jeune homme chargé par Leguizamo de récupérer l'argent de Kaufman mourait hors champ au cinéma suite à une agression de plusieurs zombies. Le carnage est désormais explicite avec une bonne séance d'étripage avec un bon plat de trippes bien fumantes.
- Sur la scène du chantier (là où Big Daddy ramasse le marteau piqueur) quelques plans très sanglants ont été rajoutés. Le plus marquant : un zombies ouvre la bouche de sa victime et lui casse la mâchoire avant de littéralement lui retourner la peau du visage. Impressionnant mais un peu court. Le carnage final demeure totalement inchangé ce qui décevra sûrement quelques fans qui s'attendaient peut être à plus de détails saignants concernant le massacre de la foule près des barrières électrifiées.

 
Land of the dead : Le territoire des morts - Edition collector intégrale / 2 DVD