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DVD A LA LOUPE


TOTO LE HéROS / 2 DVD - EDITION 2005

Lui écrire ninnin4

Toto le héros / 2 DVD - Edition 2005 DVD sorti le 13/04/2005


Cliquez pour voir la jaquette en haute-définition

Editeur : Mk2 Editions
Distributeur :
Warner Home Vidéo


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Nombre de visites :
868


   

Le Film : 10/10

Résumé : Le petit Thomas est persuadé qu'il a été échangé à la naissance avec son voisin Alfred. Devenu adulte, il croit toujours qu'Alfred lui a volé sa vie et qu'il a tout connu à sa place : l'amour de sa famille, celui d'Evelyne, la richesse, le bonheur. Bien des années plus tard, le vieux Thomas (Michel Bouquet) se demande s'il n'est pas passé à côté de son existence....Il part alors retrouver son ennemi de toujours, et il va prendre de grandes décisions qui donneront - enfin - un sens à sa vie.

Avis :  « Toto le héros », drôle de nom pour un film aussi dramatique que celui-ci. Sorti en pleine mouvance des films enfantino-crétin type « Maman, j’ai raté l’avion » et autre nullité avec McCauley Culkin, et ornementé d’une affiche rappelant furieusement ce type de production, il est aisé de comprendre que ce film a du égarer bon nombre de spectateurs et ce malgré son statut d’œuvre culte (c’est moi qui le place à ce niveau) du cinéma d’auteur franco belge.

Si ce film raconte bien la vie d’un petit garçon, il s’éloigne cependant de façon totale des productions familiales hollywoodiennes en narrant le destin brisé de ce même enfant et sa lente descente aux enfers qui durera jusqu’à sa mort.
Malgré une structure narrative compliquée mais cohérente, faite de flash-back, de fantasmes, de réalité de rêve et de voix off le postulat de départ est des plus simples : deux familles voisines, l’une excessivement riche dont le père est le promoteur commercial de la petite ville de résidence, l’autre, nettement moins aisée et où l’activité du chef de famille consiste à être pilote de ligne sur des petits avions. Ces deux familles ont le même jour un garçon mais le feu se déclare à la maternité et le petit Thomas (Toto) est persuadé que dans la panique, une des mères s’est trompé d’enfant et qu’ainsi, il se retrouve dans la famille qui n’est pas la sienne (vous aurez compris le sens dans lequel il est persuadé que ça c’est produit). De là, l’objet de son désir va être d’essayer de récupérer sa famille et dans le même temps, de fomenter une vengeance et une rancune qui seront à l’origine d’une tristesse et d’une mélancolie peu communes.
On sent déjà la volonté du réalisateur d’établir en toile de fond une espèce d’enquête policière. Mais il ne s’arrête pas là et brode autour de personnages hyper détaillés des influences de tragédie antique (on reconnaîtra les triangles amoureux, la notion d’inceste, la mort du père, la soif de vengeance…) mais aussi ces drames sociaux qui font la particularité de notre cinéma d’auteur européen type frères Dardenne (à travers lequel sont souvent dénoncés la lutte des classes, la descente en flèche de la petite bourgeoisie suffisante, la prétention bouffie de celle-ci qui n’est là que pour masquer un spleen bien plus profond….).
Et c’est bien là l’originalité de ce petit bijou de film, c’est la mélancolie qui l’habite et qui pourrait presque (si la fin n’était pas aussi ‘heureuse’)) vous donner envie de vous pendre à la fin du visionnage tant la vie de cet homme est des plus tristes qu’il m’ait été donné de voir au cinéma. Pourtant, le réalisateur se refuse à toute sorte de misérabilisme et évite les écueils rencontrés par le puant « Dancer in The Dark ». Si le destin de Toto n’a rien à envier à celui de l’héroïne du film précité, on ne peut pas en dire autant sur le traitement du personnage. Toto est tout ce qu’il y a de plus ‘normal’. Son enfance, son physique, sa famille, un tas de chose de ce type font que n’importe qui peut s’apparenter à lui…et c’est ce qui rend ce personnage aussi tragique, ce sont les sentiments qu’il éprouve. Qui dit que l’échange de bébés a vraiment eu lieu ? Lui ! Par ses propres souvenirs ! Mais de quoi un nourrisson d’à peine quelques jours peut se rappeler ? Enki Bilal, dans sa dernière trilogie en cours soulevait aussi ce problème d’un homme qui remontrait ses souvenirs jusqu’au moment de sa naissance, mais cela relevait de la science fiction pure. Ici pas de doute, on a envie de croire ce personnage convaincu du fait. Mais la force du metteur en scène sera de laisser une place au doute pour peu que le public cherche à élucider le mystère. Ceci est un exemple type des convictions qu’on peut avoir sans en apporter la preuve et rien que cela rend le personnage des plus humains qui soit. S’en suivent une multitude de sentiments et de situations que chacun de nous à rencontrer. Toto, fasse à cela ne fera rien pour changer le cours des choses. Il en sera même le vecteur principal et ne trouvera le bonheur qu’au moment où il décidera de lui-même de la marche à suivre. De l’amour éperdu pour sa soeur qu’il perdra en voulant une preuve tangible et indéfectible à la mort de son père, dont père du petit Alfred est indirectement responsable et qui l’obligera dans la foulée à choisir une carrière professionnelle qu’il ne souhaitait pas et dans lequel il ne trouve aucun épanouissement personnel, tout est pour lui une succession d’échec qui ne font qu’accentuer sa rancœur et le verront finir comme petit vieux aigri dans une maison de retraite où personne d’entre vous ne voudrait finir.

Ceci ne serait rien sans l’interprétation sans faille que livre les 3 acteurs qui incarnent Thomas aux trois époques différentes. Du petit garçon au regard angélique à celui bien plus affable de Jo De Backer qui joue Toto adulte en passant par Michel bouquet incarnant Thomas vieux et assurant la voix off tout au long du film, ils sont tous simplement parfait et arrivent malgré des disparités physiques évidentes à donner corps et cohérence à un personnage compliqué et ambivalent. Ils permettent à eux trois d’illustrer la noirceur de la vie, la difficulté des rapports humains, l’impossibilité de rester fidèle à soi même. Ils sont notre reflet de nos ambivalences : la volonté d’avoir et celle de ne pas posséder (Thomas veut la vie d’Alfred et ne se rend pas compte qu’Alfred aurait souhaité être à la place de son petit voisin pour ne pas avoir tous ses problèmes), celle d’aimer et d’être aimé en retour (l’amour impossible entre Thomas et sa sœur), la difficulté de prendre une décision pour garder ce qu’on a (Thomas et son nouvel amour). Bref, tout passe par ce personnage : l’envie, la jalousie, l’égoïsme, la tristesse, l’envie de mourir mais de ne pas partir sans avoir réussi ses desseins mais dans le même temps l’amour, la gaieté (formidable séquence de piano sur l’aire de « Boum » de Charles Trenet), l’insouciance enfantine (les larcins des deux frangins) et la fraternité, seul moment de bonheur de Thomas quand lui rend visite à son frère Célestin.
Les autres ne sont pas en reste. Alfred, l’ennemi juré de Toto trouve grâce à mes yeux quelque soit les époques choisies et sa sœur Evelyn, ou la jeune femme qu’il aimera plus tard arrivent toutes deux à faire croire à cet amour impossible. Enfin, bien avant le 8ème jour, Jaco Van Dormael mettait déjà en scène le formidable Pascal Duquenne qui explose ici de naturel dans le rôle du frère trisomique. Je ne vous cache pas que le film repose largement sur l’interprétation mais aussi sur le traitement de ces protagonistes voulu par le scénariste (qui n’est autre que le réalisateur, soit dit en passant.)
La réalisation est quant à elle aussi très soignée. Nous avons vu que la structure narrative était des plus complexes. Le réalisateur va arriver malgré cela à rendre son film palpitant car il arrive à remonter le puzzle de façon parfaite sans jamais perdre son spectateur et ce grâce à des artifices faciles : chaque époque a son propre style : couleurs légèrement sépias pour l’enfance, ambiance film noir pour les fantasmes et les rêves de Thomas, couleurs grisâtres pour l’époque adulte, etc... On appréciera dans le même temps une variété de cadrages impressionnante et une recherche de la beauté des plans des plus poétiques qui soit sans chercher à faire de l’esbroufe. Bon nombre de réalisateurs ont par la suite piqué (inconsciemment ou non) piqué des idées à ce film. Pour faire court, je ne citerai qu’un exemple : La splendide envolée de caméra au dessus du champ rappelle furieusement la ‘fin’ du film de Gaspard Noé « Irréversible » quand on quitte le film sur la belle Monica Belluci couchée dans une prairie. De même, la narration au début du film, quand Thomas raconte la formation de sa famille n’est pas sans rappeler celle d’ »Amélie Poulain » (tout comme le style visuel d’ailleurs).

Enfin bon, ce film est loin d’être ce que le titre pouvait laisser entendre. Il s’agit d’une des plus tristes allégorie de la vie et sans sombrer dans un misérabilisme aucun, le réalisateur brosse un portrait d’un homme, de sa naissance à sa mort dans sa vaine recherche d’une vie meilleure. Je ne pense qu’il faut y voir une vision désespérée et glauque de la vie. J’ai plutôt eu l’impression que Jaco Von Dormael cherchait à nous dire à travers les actes manqués de son personnage de Toto : pourquoi chercher ailleurs le bonheur alors qu’il peut être sous vos yeux. Seuls vos actes vous permettront de l’atteindre. En tout cas, ruez vous sur cette petite merveille qui a amplement mérité sa caméra d’or au festival de Cannes en 1991 au regard de sa qualité de mise en scène mais aussi son césar de meilleur film étranger en 1992. Voilà du cinéma d’auteur comme on les aime : ambitieux, intelligent, humble, émouvant, et pourtant qui vous transporte autant émotionnellement que psychologiquement. Comme le dirait Miche Bouquet, voici un film nécessaire. Ma note se justifie par le fait qu’il s’agit pour moi d’une œuvre unique, sans aucun équivalent et en plus d’une qualité formelle extraordinaire.


L'Image : 3/3

Détails techniques : Format vidéo : 16/9 - Ratio : 1.66 :1

Avis : Du bon travail. La colorimétrie respecte l’original, la compression est bonne et le master bien nettoyé. Il n’y a pas grand-chose de dire de plus sur ce point là.


Le Son : 2/3

Détails techniques : Dolby Digital 2.0 en français - Sous Titres : Sans

Avis : Une petite remasterisation en 5.1 n’aurait pas été du luxe, d’autant que MK2 a toujours su faire des choses convaincantes sur ses éditions. Ce n’est pas que le mono d’origine soit mauvais mais il sature par moment et manque d’envergure sur les rares scènes où il le mériterait.


L'Interactivité : 2.5/3

L'ergonomie des menus :
Superbes menus en 16/9ème qui reprennent le thème des héros des années 40 : couleurs délavées, fond de musique rappelant cette époque Le travail éditorial est vraiment réussi sur ce plan là. Très bonne lisibilité avec de toute façon très peu de titres.


Les bonus :

L’intégralité des bonus se retrouve concentré sur le disque 2 :

  • Très bon documentaire de 52’ intitulé ‘Mémoires de héros’
  • Making-of de 27’
  • ’Architecte d’un rêve inachevé’, qui dure 9’


  • Pour une édition qui ne se revendique pas collector, on appréciera un contenu fort intéressant et quand même suffisamment complet pour ceux qui veulent en savoir plus. On ne regrettera que l’absence de commentaire audio.


    Les Visuels : 0/1



    La pochette / Le packaging

    Boîtier amaray transparent deux DVD en version pocket. Si le gain de place, on regrettera que MK2, qui nous avait habitué jusque là à de plus beaux packaging, n’ait pas opté pour un digipack fin d’autant que la jaquette laisse la part belle à l’affiche originale sans presque aucune écriture superflue. La transparence du boîtier permet de découvrir sous le dvd du film un texte de Michel Bouquet sur sa perception propre du metteur en scène. Très bon bonus !



    La sérigraphie

    Sérigraphies tout ce qu’il y a de plus simples sans être désagréable et/ou déshonorant : fond blanc, titre en rouge dans la partie supérieure, maison d’édition en noir sur la gauche, tout le reste est concentré délicatement dans la partie inférieure.


    Note Finale : (17.5/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 19/03/2006 à 21:06 par ninnin4 : Merci pour vos compliments les gars
    - le 18/03/2006 à 10:11 par Hotkiller : Bravo ninnin4 pour cette belle critique intéressante sur un film qui l'est tout autant. Ce film est un film rare, n'hésitez pas....vraiment ! Comme le dit l'auteur de cette critique, c'est du cinéma d'auteur dans le très bon sens du terme, c'est à dire personnel et intime.

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