DVD A LA LOUPE

Résumé :  San Francisco est la proie d'un mystérieux assassin qui reproduit les crimes odieux commis par les plus célèbres "serial killers". La psychiatre Helen Hudson, spécialiste des tueurs en série, vit en reclus chez elle depuis son agression par l'un d'entre eux, et, traumatisée, ne communique avec l'extérieur que par Internet. Elle va cependant accepter de coopérer avec l'inspecteur Jill Monahan, pour mettre fin à cette terrible série de meurtres...

Avis : Les amateurs de thrillers policiers devraient apprécier "Copycat", qui reprend , sans le plagier, plusieurs des recettes qui avaient fait le succès de "Le silence des agneaux". On y retrouve une atmosphère étouffante, et une lutte entre un tueur en série et une femme, Helen Hudson, qui bénéficie de l'aide ambiguë d'un autre psychopathe, emprisonné et qui tire en sous-main certaines des ficelles de l'intrigue. Helen Hudson (Sigourney Weaver) est cependant fort différente de Clarice Starling, et un des points forts du film est de décortiquer la personnalité complexe de cette criminologue devenue agoraphobe, qui cherche à oublier le traumatisme d'une agression subie treize mois plus tôt, en se réfugiant dans l'alcool et les médicaments. L'enquête proprement dite est menée par l'inspecteur M.J. Monahan (Holy Hunter), une jeune femme dynamique et pétillante, experte au tir, et son collègue Reuben Goetz (Dermot Mulroney), à la fois décontracté et très attachant. Le couple formé par les deux policiers amène une étincelle de sens commun dans l'atmosphère glauque du film, mais il ne va pas être épargné par des évènements dramatiques qui influeront sur le dénouement final. Là aussi, le film prend le temps de brosser la personnalité des deux jeunes gens et d'approfondir la nature de leur relation.

Deux tueurs en série se partagent les rôles des méchants. Il y a d'abord Daryll Lee Cullum, auteur de l'agression sur Helen Hudson tout au début du film, et maintenant en prison, personnage vicieux et repoussant, joué par un formidable Harry Connick Jr. Et il y a le tueur en série Peter Fowley, qui cherche à imiter dans ses crimes ses plus illustres prédécesseurs, auquel William McNamara prête son physique de jeune homme bien sous tous rapports, et en conséquence, d'autant plus inquiétant. L'ensemble du casting est parfait, mais il faut souligner la performance de Sigourney Weaver jouant sans la moindre fausse note un rôle difficile et complexe. Holly Hunter donne aussi beaucoup d'humanité à son personnage, soulignant par contraste la noirceur insensible des deux assassins.

L'intrigue ne consiste pas à trouver le coupable, qui est révélé assez tôt dans le film, mais à traiter du jeu du chat et de la souris entre le criminel d'un côté, et Helen Hudson et M.J. Monahan de l'autre. Ce choix du scénariste se fait cependant un peu au détriment du film, qui perd trop tôt une partie de son mystère, au profit, il est vrai d'un suspense plus accentué. La réalisation de Jon Amiel est de forme très classique, mais très soignée, et avec un traitement recherché du détail, et en évitant la plupart des clichés du genre. Le directeur de la photo Laszlo Kovacs joue sur les contrastes entre les lieux, les lumières et les couleurs pour donner de la variété à l'image et souligner l'ambiance des différentes scènes (le contraste entre la chaleur de l'appartement d'Helen à comparer à la froideur des toilettes de l'université où se déroulent les agressions du début et de la fin du film). Amiel est également aidé par la partition musicale du relativement peu prolifique Christopher Young qui signe là une oeuvre tout à fait remarquable.

"Copycat" se déroule à un rythme vif, sans temps mort, et son suspense maintient une forte tension chez le spectateur du début à la fin. Il s'adresse bien sûr aux amateurs du genre et n'est pas à conseiller aux plus jeunes à cause de plusieurs scènes franchement traumatisantes. Un peu éclipsé lors de sa sortie par "Se7en", qui s'adressait au même public et dont la forme présentait plus de modernisme, il apparaît, quelques années plus tard, d'une qualité pas très éloignée, que ce soit au niveau du scénario ou de la noirceur de l'atmosphère, et probablement plus réaliste en ce qui concerne les personnalités des tueurs en série.

 
Copycat