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DVD A LA LOUPE


LA VICTOIRE EN CHANTANT - EDITION COLLECTOR / 2 DVD

Lui écrire ninnin4

La victoire en chantant - Edition collector / 2 DVD DVD sorti le 27/09/2005


Cliquez pour voir la jaquette en haute-définition

Editeur : Pathé
Distributeur :
Fox Pathé Europa

Année de production : 1976

Durée du film : 1 h 30 min.

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Nombre de visites :
2845


   

Le Film : 7.5/10

Résumé : Janvier 1915, en Afrique Noire. A des milliers de kilomètres de la côte, un comptoir français ignore tout de la guerre qui ravage l'Europe. On y coule des jours tranquilles dans la moiteur tropicale. Un jour, arrive la nouvelle du grand conflit. Graines de p'tits chefs et mâles sûrs de leur morale décident aussitôt d'aller s'emparer d'un petit poste allemand gardé par trois malchanceux soldats, à une journée de marche. "La victoire en chantant", c'est l'histoire de l'épopée dérisoire de ce bataillon ridicule, formé de bric, de broc et de chair à canon indigène.

Avis : Q’il est bon de (re) découvrir « La victoire en chantant » en cette période où notre si belle France essaye de faire oublier les désastres de la colonisation outrancière dans les pays concernés en essayant de publier un traité en en vantant les mérites. Véritable four public à l’époque de sa sortie en salle, il n’est pas difficile d’en comprendre les raisons tant avec son premier film, juste quelques années après la fin de la crise algérienne, Annaud tire à boulets rouges sur le colonialisme, les colons, la beaufitude française et la prétendue supériorité de l’homme blanc sur le ‘nègre’. Malgré des défauts apparents, il est un film à découvrir d’urgence et à montrer dans tous les cours d’histoire de France et de Navarre.

Tourné avec des bouts de ficelle, « LVC » n’en n’essaye pas moins d’être une grande fresque et surtout le premier témoin du génie et de l’érudition de son auteur. L’image, portée par l’excellente bande originale de Pierre Bachelet alterne entre le très bon et le moyen. J’entends par là que la caméra se borne souvent à des plans fixes et le montage n’est pas toujours des plus heureux. Il y a aussi certains plans pas toujours très bien cadrés avec des avants plans flous qui masquent une bonne partie de l’image et même des défauts de netteté sur des visages pourtant filmés de près.
On sent néanmoins une application certaine dans l’envie de retranscrire un environnement et une ambiance particulière : l’ennui, la chaleur écrasante, les déjeuners sur l’herbe….tout concours à ceci. Dans le même ordre d’idée, Annaud s’est vraiment appliqué dans les scènes d’ambiance de village. Des siestes méritées au travail acharné, des jours de marché aux fêtes, toute la vie communautaire d’un village africain commun est passé sous l’œil du cinéaste et donne au film un aspect documentaire, une volonté de photographe qui renforce les propos tenus par le scénario.
Pour dire un mot rapide des acteurs, ils sont tout simplement parfaits. Les ‘noirs’, pris pour la plupart dans les villages, donc indigènes, ils sont criants de vérité que ce soit dans leur costume que dans leur façon de subir les outrages des blancs. Quant au casting des colons, il est tout à fait divin. Jean Carmet est des plus délicieux dans son rôle de militaire désabusé, alcoolique et déprimé, un des rares à avoir encore un peu de cervelle mais laissant sa volonté aux plus forts en gueule que lui. Les commerçants et leurs épouses sont eux formidables et nous verront plus tard qu’ils sont l’incarnation parfaite de ces bidochons gueulards et veules, plongés dans leur petit confort et leurs certitudes. Dirigés d’une main de maître ou sujets à un choix de casting judicieux, ils s’allient de façon idéale aux deux prêtres pour donner une image pas très florissante de notre société française coloniale et chacun de nous reconnaîtra en eux un de ses propres défauts. Fait marquant qui marquera ensuite toute sa filmographie un peu à la manière de Luc Besson, il s’agit là d’un film de trognes dans le sens où la plupart des acteurs (surtout les seconds rôles) marquent durablement la rutine par leur ‘gueule’ très caractéristiques et qui à elle seule donne déjà l’orientation du personnage.

Comme je l’ai dit un petit peu plus haut, l’aspect documentaire ne s’arrête pas à l’image et on sent que le jeune Jean-Jacques a mis une bonne partie de son vécu dans l’histoire qui transpire de réalisme. Il dresse un regard caustique mais parfois tendre aussi sur la société coloniale et plus particulièrement sur nous autres, français. Par bien des aspects, je ferai volontiers une analogie avec la formidable saga de François Bourgeon qui au début des années 80 bouleversera le monde de la bande dessinée et qui s’intitule « Les passagers du vent ». Le récit se veut porté par des élans romanesque sans grand équivoque, d’une beauté graphique remarquable et porteurs d’idéaux bien à l’encontre de ces petits régimes de droite ou de gauche qui ont abusivement exploité des territoires d’une grande beauté culturelle ou géographique en modifiant des frontières ethniques au grand mépris de la quiétude dans laquelle vivait toutes ces tribus et de leur façon de vivre certes très éloignées de la nôtre mais qui n’appartenait qu’à eux. Comme ce chef d’œuvre du huitième art, « La victoire en chantant » est un appel à la tolérance entre les peuples, au respect d’autrui dans toutes ses composantes (culturelles, idéologiques, sociologiques…) et un brassage intelligent de nos races mais si je déteste employer ce mot quand on parle d’humains qui doit se faire plus dans l’amour et le partage que dans la violence et l’obligation.
Le point fort du film est certainement le développement des personnages. Je ne reviendrai pas sur la qualité d’interprétation, j’en ai parlé plus haut mais je disserterai plutôt sur le fait qu’avec « Le nom de la rose », c’est dans ce film qu’Annaud s’est le plus attardé sur leur psychologie. Le fait que tous les évènements soient observés et critiqués (dans le sens littéral du terme) par un regard innocent et idéaliste renforce le point de vue de l’auteur et permet ainsi un nombre incalculable de dénonciations de pratiques que nous autres, trouvons aberrantes à l’heure actuelle mais qui ne l’étaient pas il n’y a encore que 40 ans en arrière.
Tout d’abord, ce film est, je trouve, bien plus anti clérical que ne le sera « Le nom de la rose » par la suite et conchie ainsi ces prêtres prêts à tout pour évangéliser par n’importe quel moyens les indigènes, au mépris de leurs propres croyances en préférant brûler les statues païennes plutôt que de chercher à comprendre leurs buts. Ils se rapprochent ainsi bien plus de l’inquisition de Bernardo Guy que de l’érudition et la tolérance de Frère Guillaume. Dans le même temps, ils exploitent leur supériorité blanche en faisant prendre des vessie pour des lanternes aux noirs en leur assénant, preuve à l’appui que seule la volonté divine pourra leur permettre de chevaucher un vélo convenablement.

Dans le même temps, Annaud en profite pour dénoncer les comportements patriotiques exacerbés, intempestifs, non réfléchis. Par ces gens prêts à tout pour sauver l’honneur de la France, entonnant au moindre sursaut de courage la marseillaise, Annaud dresse un portrait peu reluisant des mentalités françaises et montre son mépris des grandes gueules opportunistes prêt à retourner leur veste à la moindre contrariété ce qui les classe irrémédiablement dans la catégorie des lâches. La force de cette phrase à elle seule résume ce fait : ‘s’ils viennent, on se rend pas…mais faut pas qu’y viennent !’ Il impose alors un vrai héros au film. C’est ce jeune géologue, calme et réfléchi qui n’a pas besoin de prouver ses valeurs à son pays natal pour défendre ses compatriotes. Il montre le besoin d’autorité qui sommeil en chacun de nous, ce besoin d’être gouverné par des gens qui nous fascine et qui bouscule nos mentalités (union avec une noire)
Ce qui est le plus fort, c’est qu’à travers cette anecdote (un village français essaye d’envahir le village allemand voisin), le réalisateur nous refait toute la guerre de 14. De la débâcle des premiers assauts à l’abandon des blessés surtout étrangers sur le champ de bataille en passant par les tranchées, l’organisation d’un pouvoir militaire (réquisitions) à la victoire tout est passé à la moulinette…..Et l’aberration des objectifs et des moyens mis en œuvre, le ridicule de la situation et des personnages n’est pas sans rappeler certains récits du grand Hugo Pratt (Corto Maltese avec Cush ou les aventures du capitaine Koïnsky) Dommage qu’il y ait quelques pertes de rythme en milieu de métrage où on perd en intensité avec les personnages qui deviennent trop nombreux et disparates par éclatement du groupe ce qui fait qu’on perd un petit peu le fil et la notion de temps.

Je voudrais finir sur le travail du monteur. Devant l’échec public et critique du film en France et malgré cela l’envie de le diffuser à l’international notamment aux USA ou le remontage recevra l’oscar du meilleur film étranger intitulé alors "Noirs et blancs en couleurs" disponible sur le dvd 2 de cette édition , Annaud a du faire remonter intégralement son métrage. ET malgré peu de changements évidents (4min en moins, une structure légèrement différente avec une introduction pré générique placée bien après, quelques plans raccourcis), on obtient une oeuvre bien supérieure dont je conseille d’emblée le visionnage en lieu et place de la version française. Les scènes sont mieux agencées entre elles, la structure, bien plus concise est nettement plus solide et donne aspect plus fini au film ce qui confirme qu’un talent de réalisateur est certes important pour la réussite artistique dune œuvre mais que celui du monteur l’est presque tout autant. Il y a peu de plans disparus. Ce sont surtout des raccourcissements de certains trop long et contemplatifs qui ralentissait le rythme et qui faisaient que le spectateur pouvait être amené à ‘décrocher’.

« La victoire en chantant » est donc le premier film d’un de ceux qui figureront parmi les plus brillants réalisateurs contemporains. Comme tout premier film, il contient de nombreux défauts mais on ne pourra pas reprocher à son auteur de ne pas s’être complètement investi dans son travail et dans ses idéaux. Il en reste alors une charge virulente contre la colonisation, un critique acerbes des comportements des coloniaux vis-à-vis des indigènes et un pamphlet contre la méchanceté, la cruauté, le racisme et la lâcheté qui sommeil en chacun de nous. L’universalité du récit (le rapport aux journaux d’époque et leurs images atroces lus pendant le repas nous renvoie directement aux images cathodiques d’attentas et de génocide que nous balance la TV pendant que nous nous goinffrons) et son intemporalité permet de rendre ce film caustique plus proche de la satire sociale que de la franche comédie. Une œuvre magistrale dont l’édition ici présente permet de mieux en apprécier les tenants et les aboutissants.


L'Image : 2/3

Détails techniques : Format Video : 16/9 – Ratio : 1.66 : 1

Avis : Le choix du 1.66 reste discutable dans ce genre de production mais bon, la petitesse du budget y est certainement pour quelque chose. Malgré quelques scories, l’image est plutôt bien nettoyée, les couleurs ravivées, la compression impeccable. Du travail honnête mais perfectible cependant.


Le Son : 1.5/3

Détails techniques : Dolby Digital 5.1 Français – Sous titres : Français

Avis : Bien que supérieur sur le deuxième montage, le bidouillage multicanal n’a de 5.1 que le nom tant la quasi intégralité de la bande sonore se limite à l’enceinte centrale…à l’exception de quelques bouts de la B.O.F


L'Interactivité : 2.5/3

L'ergonomie des menus :
Menus animés, en 16/9ème qui reprennent un esthétique très 1920, dans les tons sépia, avec le principal au fond d’un ovale lui-même entouré de fioritures. C’est la musique de Pierre Bachelet qui illustre ces menus pour le plus bel effet.


Les bonus :

Disque 1 :

  • Commentaire audio du réalisateur toujours aussi prolixe et dont l’écoute apporte toujours un nombre d’information impressionnant
  • 25 passionnantes minutes d’interviews croisées de J.J Annaud et Jacques Perrin, productrices du film. Ils reviennent ensemble sur la genèse du film.
  • Bande annonce réalisée par JJ Annaud du film « Section spéciale » de Costa-Gravas. Document capital car c’est cette bande annonce qui a permis à Annaud de passer du stade de réalisateur de spots publicitaires à celui de long métrage.

  • Disque 2 :
  • Très ironique bande annonce qui se sert des propos de colonialistes pour mieux dénoncer la colonisation.
  • En à peine 20’, Annaud revient dans une interview sur ses exigences de metteur en scène et tout ce qu’il inclut dedans : direction artistique, direction d’acteurs….
  • Galerie d’images répertoriées selon des critères : costumes, décors…
  • Filmographies sélectives des 3 acteurs principaux
    Très bon petit livret complémentaire inséré dans le surétui cartonné, aux côtés du boîtier.
    Une fois de plus, Annaud nous livre une édition des plus intéressante qui soit d’un de ses films…A quand une réédition digne de ce nom de « 7 ans au Tibet »


  • Les Visuels : 0.5/1



    La pochette / Le packaging

    Simple boîtier amaray transparent double dvd dont la jaquette a le mérite de ne pas reprendre le visuel du surétui cartonné épais qui le recouvre, le boîtier et le très joli livret relié à la façon début de siècle qui accompagne.

    [ Voir le Top Packaging pour ce DVD ]



    La sérigraphie

    Les sérigraphies complètent l’intérieur du coffret et donnent un ensemble de plutôt belle facture. On regrettera que le choix des visuels soit basé sur des photos à la netteté discutable car la qualité d’impression est excellente et l’agencement des titres judicieux.


    Note Finale : (14/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 05/05/2006 à 19:46 par ROLLO TOMASI : Félicitation ninnin4 comme d'habitude. J.J. Annaud est peut-être notre plus grand cinéaste.
    - le 05/05/2006 à 08:11 par Hotkiller : Bravo et superbe loupe ninnin4 ! Annaud est véritablement l'un des meilleurs pour pointer la bêtise de ses contemporains (constante dans tous ses films). Comment en effet ne pas voir le rapprochement entre ces colons et les "Brochard et autres Losserand" de son Coup de tête : même étroitesse d'esprit, même arrogance...Comme tu l'as très bien dit, ce film est "historique" : à regarder d'urgence pour ne pas mourir idiot.

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