DVD A LA LOUPE

Résumé : Jules César défie Cléopâtre de construire un palais en trois mois. Conscient du défi, l'architecte Numérobis court chercher ses amis Panoramix, Astérix et Obélix. De son coté, Amonbofis, jaloux de ne pas avoir été choisi, veut absolument faire échouer son concurrent.

Avis : S'il n'est pas toujours facile d'adapter à l'écran une bande dessinée réaliste à succès (voir les réussites mitigés de "Michel Vaillant", et encore plus "Blueberry"), c'est une vraie gageure que de s'attaquer à une BD caricaturale, surtout quand il s'agit d'une des séries les plus mythiques. "Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre" réussit l'exploit de conserver l'ambiance de la BD originale et de faire passer de façon assez crédible les performances quasi surnaturelles des héros, tout en restant fidèle à l'aspect graphique des personnages et au scénario de l'album qui a inspiré le film, "Astérix et Cléopâtre", un des meilleurs de la série BD. Bénéficiant lors de sa réalisation du plus gros budget de l'histoire du cinéma français, ce long métrage est aussi l'un de ceux qui eut le plus grand succès en France (deuxième français, septième toutes origines confondues). Réalisé par Alain Chabat, il fait suite à "Astérix et Obélix contre César", tourné en 1999 par Claude Zidi, qu'il dépasse largement à tous points de vue, spectacle, humour et fidélité à la BD, permettant aux familiers de ce petit univers de s'y retrouver totalement.

Les gaulois vedettes sont interprétés dans les deux films par le même duo, Christian Clavier (Astérix) et Gérard Depardieu (Obélix), le casting étant complété ici par une brochette de comédiens qui s'en donnent à cœur-joie, au premier rang desquels l'adorable Monica Bellucci, une Cléopâtre absolument irrésistible, Jamel Debbouze, parfait en Numérobis dépassé par l'ampleur du défi auquel il doit faire face, et Alain Chabat qui passe de l'autre côté de la caméra pour interpréter l'orgueilleux Jules César. On citera encore Claude Rich en Panoramix, le druide disposant de la fameuse potion magique, Edouard Baer en Otis, le bras droit de Numérobis (qui vient d'inventer l'ascenseur!) , et Gérard Darmon en Amonbofis, le méchant de l'histoire qui n'hésite devant aucun coup bas pour retrouver sa place d'architecte de la Reine en faisant échouer son rival. Le budget conséquent du film permet un certain faste au niveau des costumes, Cléopâtre détenant une garde robe variée et colorée et de nombreuses coiffures recherchées, des paysages très plaisants (le film a été tourné principalement au Maroc), des décors figurant le palais, et des scènes de sa construction qui disposaient de deux mille figurants.

Le scénario présente une aventure à rebondissements qui ne surprendra guère les lecteurs de la BD, mais il est enrichi par une multitude de blagues, private jokes et références cinématographiques ou télévisuelles parodiques, évitant toute vulgarité. Il est d'ailleurs bien difficile de tout capter au premier visionnage, et cet humour sans cesse présent permet de revoir plusieurs fois le film avec un plaisir renouvelé. On pourra reconnaître ainsi des allusions à "Star Wars", "Titanic", "Il était une fois dans l'ouest", "Cyrano de Bergerac", et de nombreuses références à notre société de consommation et ses publicités. Tout cela permet d'étoffer de manière plaisante les dialogues, car s'il est souvent nécessaire de simplifier un roman pour tenir dans la durée d'un film, le scénario plus simple d'une BD comme Astérix demande au contraire d'être un peu développé. On notera également la reprise réussie d'un gag récurrent dans les albums, à savoir les attaques de pirates façon Barbe-Rouge qui se terminent systématiquement en radeau de la méduse.

Tout n'est cependant pas parfait, avec une tendance de Christian Clavier à surjouer, Depardieu qui malgré un certain embonpoint fait maigrelet par rapport à l'Obélix de la BD, et Chabat qui manque de majesté en Jules César, surtout face à une Cléopâtre volontaire, orgueilleuse, capricieuse et absolument craquante. Mais ces détails n'empêchent pas d'apprécier totalement cette aventure hilarante et dépaysante, permettant de se sortir du quotidien tout en faisant fonctionner quelques neurones pour essayer de capter toutes les blagues qui parsèment les dialogues.

Un troisième film inspiré par la BD est prévu, avec une sortie début 2008, en espérant que "Astérix aux Jeux Olympiques" réussisse à se hisser au même niveau que les aventures égyptiennes de nos deux gaulois.

 
Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre