Ce "Zombi 3" est un film étrange, presque surréaliste. Crédité au compte d'un Lucio Fulci fatigué et déjà malade, il aurait en réalité été tourné en grande partie par le duo composé de Claudio Fragasso et de l'excentrique Bruno Mattei. Le script nous conte une nouvelle invasion de morts-vivants, due cette fois-ci à un virus ( cannibale ? ) échappé d'un laboratoire de l'armée qui comptait en faire une arme bactériologique. Bien entendu, les scientifiques responsables et l'armée vont tenter d'éradiquer la mal, tandis qu'un petit groupe de survivants va affronter les zombies ainsi lâchés sur l'île. Au-delà de cette intrigue simpliste, prétexte à de nombreuses séquences bien saignantes, il est aisé de différencier les scènes orchestrées par le réalisateur de "L'enfer des zombies", parvenant presque à mettre en avant un aspect onirique et macabre, nous présentant des morts-vivants putrides d'une lenteur respectueuse de la tradition, baignés dans un brouillard omniprésent et paresseux, des séquences entières réalisées par les deux compères, avec des zombies vifs, adeptes de la baston à mains nues et des fusillades sommairement filmées, totalement en adéquation avec le style caractéristique du réalisateur des "Rats de Manhattan". Et il en va de même pour les idées les plus saugrenues et folles du métrage, telle cette tête coupée zombiesque s'échappant d'un frigo pour aller attaquer un jeune couple en quête de nourriture ou encore ce nouveau-né affamé, alors qu'il n'est pas tout à fait sorti du ventre de sa mère. Mais le "Zombie" de George A. Romero est également bien présent dans l'esprit de ce film, avec des séquences en hommage direct ( la séquence sous forme de flash d'informations ou encore le final avec la fuite en hélicoptère ) et en plagiat pur et simple ( l'évacuation de l'hôtel ). Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ressort de ce maelström improbable un film sympathique, volontaire dans ses effets gores, burlesque dans ses empoignades théâtrales et son vague discours écologiste flou, et bien tourné vers une action non-stop, enchaînant les rebondissements sans retenue. L'interprétation est parfois hasardeuse, surjouée ou décalée ( la mort au ralenti du personnage principal lors d'une scène du final héritée de "La nuit des morts-vivants" ) et la mise en scène est bien vivante, sans pour autant utiliser beaucoup d'effets. Les effets spéciaux sont en demi-teinte, parfois approximatifs dans la maquillage des zombies, mais toujours expansifs dans un gore des plus juteux. Donc, ce "Zombie 3" s'avère être une agréable curiosité, même si l'on peut regretter d'y voir associer presque abusivement le nom du grand Lucio Fulci !
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