C’est un film de 90 min extrêmement agréable à regarder, sans fioriture, sans baisse de rythme, où le fusil en question sert de lien entre différents moments d’une poursuite impitoyable dans laquelle Lin (James Stewart, très à l’aise, avec un côté un peu cynique plaisant et toujours ce regard un peu halluciné par moments) cherche à retrouver Dutch qui aurait commis un crime atroce le touchant personnellement. Bien entendu, plus on avance dans le film, plus on en apprend sur sa motivation et les liens unissant ces deux êtres que tout oppose : Dutch est une brute, voleur, tueur sans scrupule et assez malin pour survivre dans cet Ouest impitoyable ; Lin aurait sans doute été fermier s’il n’avait pas été obnubilé par son désir de vengeance, il est courtois et poli, droit et surtout tenace. Leur route va croiser celle d’un Wyatt Earp sur le retour mais fort sympathique, d’une tribu d’Indiens cherchant à rééditer le coup des Sioux contre Custer (avec Rock Hudson en chef peinturluré, assez ridicule mais qui vaut le coup d’œil), d’un marchand d’armes roublard mais pas assez prudent, d’une chanteuse (Shelley Winters) qui tombera immédiatement sous le charme et d’autres éléments constitutifs de ces westerns surannés. On a droit à de belles images de chevauchées sur les crêtes face au soleil levant, au siège d’une position tenue par quelques soldats trop jeunes (avec Tony Curtis dans un de ses premiers rôles) et à des fusillades orchestrées de main de maître ; des séquences plus intimistes permettent de donner plus d’épaisseur à ce film efficace, notamment ces discussions au coin du feu, dans le désert entre les assiégés, où transparaissent certaines des valeurs fondamentales du mythe américain. Et puis, il faut voir James Stewart dire See ya ! à Shelley Winters avec un regard intense et un plissement des lèvres inimitables.
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