Ce film est décidément une réussite majeure du western classique, fondé sur un scénario habile dont la morale repose sur cette phrase énoncée par le propriétaire du journal local : Quand la légende devient des faits (ou rejoint la réalité), nous imprimons la légende.
Car il s’agit avant tout d’un film sur ces légendes de l’Ouest, du temps où le chemin de fer ne traversait pas encore les Etats-Unis, où la paix avec les Peaux-Rouges était précaire et où les grands éleveurs faisaient tout leur possible pour préserver l’état d’open range afin de conserver la mainmise sur le bétail, au détriment des petits fermiers.
Des acteurs au diapason d’une histoire prenante, avec James Stewart toujours habité, passant de l’assurance d’un sénateur accompli aux doutes d’un jeune avocat tombé de haut ; John Wayne, qui fait une cour timide à Hallie et voit petit à petit celle-ci se tourner vers le frêle homme de loi, est très juste et éclabousse l’écran, même s’il n’apparaît pas dans beaucoup de scènes. Comme d’habitude chez Ford, une multitude de seconds rôles savoureux gravitent autour de ces personnages, parmi lesquels l’inénarrable sheriff, un gros couard ne pensant qu’à manger des steaks gigantesques et à protéger sa nombreuse famille. Ma préférence va à Edmond O’Brien, qui interprète Peabody, le patron de presse local constamment ivre mais capable de fulgurances oratoires inimitables. On remarquera les apparitions de Lee van Cleef et de John Carradine.
Un très grand film, intelligent et sensible. Un western monumental.
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