Bon petit film que ce quasi huis-clos de Pascal Laugier qui joue astucieusement avec les codes du genre, sachant ménager quelques moments de frayeur et une savoureuse atmosphère de mystère et d’angoisse. Grâce à une photo soignée proche du sépia dans laquelle les couleurs semblent comme gommées, on se sent tout de suite à son aise dans cette histoire se déroulant en 1958 dans un orphelinat lugubre (malgré une apparence extérieure rappelant quelque vague faste d’antan) des Alpes françaises. D’autant que l’essentiel se joue avec très peu de personnages, tous féminins. Si j’ai toujours du mal avec Lou Doillon qui semble déclamer ses lignes de texte avec un côté artificiel ou complètement allumé, force est de reconnaître sur la durée qu’elle campe plutôt justement la seule pensionnaire de l’établissement, côtoyant Anna, jouée par une Virginie Ledoyen tout en décalage, une jeune fille venue nettoyer le bâtiment, engagée par une directrice austère désireuse d’aller aux sports d’hiver.
Pour le reste, on est dans la lignée de Shining ou d’Amityville en ce sens que c’est bien l’orphelinat qui est au centre de l’histoire : quels mystères abrite-t-il ? Quels sont ces « enfants qui font peur » dont parle une petite fille au début ? D’où proviennent les bruits que perçoit Anna et pourquoi s’efforce-t-elle d’en rechercher la cause, alors même qu’on lui recommande la prudence ?
La fin, graphiquement superbe, ne permet de répondre qu’à quelques questions, laissant l’imagination du spectateur conquis faire le reste.
Pas de temps mort et, n’étaient des dialogues sonnant souvent creux, une vraie réussite du genre. Au travers de quelques plans nettement plus fantastiques (et suffisamment rares pour ne pas sombrer dans la surenchère) et d’une caméra stylée, on sent la patte de Christophe Gans, producteur ici. Silent Hill n’est pas loin…
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