Ce "L'attaque des crabes géants", produit et réalisé par Roger Corman, l'un des meilleurs artisans de la série B américaine, utilise à sa manière la peur du nucléaire ( nous sommes en pleine "guerre froide" au moment du tournage du film ) et la vague déferlante d'invasions d'animaux géants au cinéma pour nous présenter ces improbables crabes gigantesques. Le script reste simpliste, avec une expédition, composée essentiellement de scientifiques, se rendant sur une île ayant subie des retombées radioactives suite à un essai nucléaire, à la recherche d'une précédente équipe, disparue sans laisser de traces. Et bien entendu, après quelques événements mystérieux, les crabes géants promis par le titre vont faire leur apparition pour s'attaquer à l'ensemble du casting. Sans préambule, le film débarque ses personnages sur cette île mystérieuse, et après une très rapide exposition de la situation, laisse s'accumuler les éléments étranges lourds de menaces ( un marin se fait décapiter sous l'eau, des trous énormes qui apparaissent brusquement dans le sol, les falaises s'effritent ), tandis que des voix sorties de nulle part viennent perturber le sommeil des différents protagonistes, jusqu'à ce que les crabes mutants pointent le bout de leurs pinces pour venir occire plusieurs participants avant de se montrer au grand jour et d'annoncer clairement leurs intentions belliqueuses. Si les personnages affichent des caractères bien trempés ( la palme revenant au botaniste rigolard ), les vraies vedettes du film restent bien sûr les monstres eux-mêmes, gigantesques, intelligents ( ils absorbent l'énergie et les connaissances de leurs victimes ), capables de parler au travers d'objets et ..ronflant en dormant ! Le réalisateur n'hésitera pas d'ailleurs à nous laisser largement le temps de les admirer dans la seconde partie du métrage, même si leur graphisme peut largement prêter à sourire de nos jours, mais tout en participant activement au charme désuet émanant de ce film. Et malgré cette idée délirante de crustacés énormes, Roger Corman essaie de rendre "crédible" ( enfin, tout au moins plausible ) cette mutation, à grand renfort d'explications scientifiques et d'exposés sur l'atome et l'électricité, sans pour autant que cela n'arrive à faire baisser le rythme continu et vif de ce métrage où il se passe toujours quelque chose. L'interprétation est correcte mais sans grands effets et la mise en scène de Roger Corman est inventive, parfaitement maîtrisée dans les séquences sous-marines et suit l'action de près. Les effets spéciaux sont parfois étonnants pour l'époque, même si les crabes ont une animation limitée et un "look" plus hilarant que menaçant ( leurs yeux par exemple ). Donc, ce "L'attaque des crabes géants" fait partie du patrimoine historique de la série B fantastique américaine, se révèlant sympathique et toujours agréable à suivre, presque cinquante ans après sa réalisation !
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