Ce "Wendigo", s'inspirant d'une vieille légende indienne, oscille entre drame et fantastique pour nous livrer un conte bien étrange. Le script nous présente un couple et leur fils, en route pour un week-end à la montagne qui suite à une collision avec un cerf, sera confronté à des chasseurs peu accueillants et glauques, laissant ensuite place à une succession de faits étranges, faisant intervenir le Wendigo, un esprit maléfique. D'entrée, le métrage parvient à instaurer un climat très menaçant, avec ces chasseurs pas très nets et surtout leur "chef", Ottis, aux intentions ambiguës, tout en exacerbant le choc des cultures entres ces montagnards rustres et ces citadins dépassés par les événements, lors d'une longue première séquence, pleine de sous-entendus laissant présager le pire. Et si par la suite, le film s'intéresse beaucoup plus aux relations internes de ce couple, devenu attachant par sa présentation réaliste, le sentiment de danger persiste, omniprésent, aussi bien représenté par les cauchemars du petit garçon que par la présence récurrente d'Ottis, ou encore l'introduction presque onirique de la légende du Wendigo. Et ce jusqu'à ce que le métrage bascule brusquement dans une dramatique fantastique prenante, haletante, laissant naître un suspense explosant brusquement de la tension passive accumulée, pour nous amener au final désespérément triste et mélancolique, ajoutant encore à la palette de sentiments contradictoires éprouvés tout au long du film, surtout que le réalisateur nous place dans l'optique du petit garçon pour suivre un dernier acte plus que douloureux, ne s'appuyant en fait que très peu sur la mythologie, instrument d'une possible vengeance ( encore que le film reste très flou à ce sujet, imposant au spectateur de se forger sa propre opinion ), tout en ne faisant intervenir graphiquement l'esprit démoniaque qu'avec une parcimonie soucieuse de respecter une sobriété collant tout à fait avec le ton du film. Les personnages principaux ont retenu une bonne partie de l'attention du réalisateur, celui-ci ayant l'intelligence d'étaler la présentation sur une bonne partie du métrage, permettant quelques révélations surprenantes, même si le film se ménage quelques passages glauques et sordides( le dépeçage du cerf ). L'interprétation est on ne peut plus juste et sobre, Jake Weber laissant sous-entendre une folie intérieure forte. La mise en scène est probante, le réalisateur utilisant à bon escient ses effets d'optique et de caméra surprenants. Les quelques effets spéciaux présentant le Wendigo sont appréciables, d'autant plus que celui-ci reste souvent dans l'ombre. Donc, ce "Wendigo" dépasse largement le cadre du film fantastique pour venir toucher le spectateur plus profondément !
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