Lorsque Jess franco s'attelle à revisiter "Les yeux sans visage" de Georges Franju, cela donne "Les prédateurs de la nuit", une série B forcément gore, érotique et portant tous les stigmates de l'univers du réalisateur. Le script reste classique, avec ce responsable de clinique privée qui, aidée de sa compagne, enlève et séquestre des jeunes femmes pour redonner un semblant de jeunesse à ses riches patientes, en leur prélevant des hormones, tout en cherchant à rendre un visage à sa soeur, défigurée à la chaux par une ancienne patiente mécontente du résultat de sa chirurgie esthétique. Mais lorsque ce couple va enlever la fille d'un riche américain, un détective privée lancé sur ses traces va perturber ce petit monde fait de perversion et d'horreurs. Si l'intrigue s'avère être sans surprise, on sent bien que le réalisateur a cherché à se faire plaisir avec ce métrage, tant au niveau de la représentation d'un luxe bourgeois éhonté, que dans l'exposition de personnages bien barrés ( voir Gordon, l'homme à tout faire, violeur, certainement nécrophile mais terriblement docile face à ses "maîtres" ) dans une multitude de seconds rôles hauts en couleurs, comme les affectionne tant Jess Franco. Mais si le film ne parvient pas à susciter le moindre suspense ni à créer de tension, ne sortant jamais des sentiers battus, il recèle quand même son lot de séquences horrifiques plus que jouissives ( l'opération ratée demeurant la plus forte ) ainsi qu'une tendance naturelle chez l'auteur à se laisser aller à des scènes érotiques, saphiques ou non, tout en restant finalement bien sage et en laissant le spectateur imaginer ce que peuvent contenir les nombreux sous-entendus salaces et pervers. Mais ce qui fait aussi en grande partie l'attrait de ce métrage, c'est son interprétation, regroupant une incroyable brochette de figures connues du cinéma d'exploitation, avec un Helmut Berger impeccable en médecin propre sur lui mais en réalité bien détraqué dans son utilisation de le science, accompagnée d'une Brigitte Lahaie gentilement perverse, tandis que gravitent autour d'eux Chris Mitchum présentant un charme typiquement américain volontairement caricaturé, ainsi que Telly Savalas ou encore Stéphane Audran en patiente pas si folle que cela. Le film peut également compter sur la participation de la toute mignonne Florence Guérin, offre à Anton Diffring un rôle de savant nazi totalement adéquate, sans oublier le plaisir de retrouver Caroline Munro en captive farouche. Enfin, le réalisateur permet à Howard Vernon de reprendre le temps d'une séquence le rôle de son célèbre Docteur Orlof, tout en faisant apparaître lors de cette même scène Lina Romay, qui fut sa muse pendant des années dans un clin d'oeil au spectateur complice et attentif. Et ce casting de rêve permet d'oublier les défauts, surtout le manque d'originalité, du film, surtout que Jess Franco nous offre une mise en scène vivante et que les effets spéciaux sont globalement de bonne facture, démonstratifs et saignants. Donc, "Les prédateurs de la nuit" devrait ravir les amateurs du réalisateur, tout en faisant passer un agréable moment aux autres !
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