Avec "Le monstre est vivant", le réalisateur Larry Cohen signa son film le plus connu, qui fait figure de petit classique du genre. Le script nous met en présence d'un couple dont le nouveau-né se révélera être un monstre difforme et sanguinaire, et tout en suivant le parcours sanglant de ce bébé très "spécial", insistera sur l'attitude des parents face à l'anormalité de leur "enfant".
D'entrée, le réalisateur nous présente une famille ordinaire, ravie de l'heureux événement qui s'annonce, qui se s'affole pas pour se rendre à l'hôpital où la mère va accoucher, créant ainsi un climat de confiance, de "normalité" sereine, pour mieux le détruire ensuite dès la découverte macabre de la salle d'accouchement jonchée des cadavres du personnel médical. Ensuite, tout en parsemant son film d'attaques plus suggérées que réellement montrées, mais parfois porteuses d'une tension palpable ( dans l'école, par exemple ), Larry Cohen dépeint largement les réactions de ce couple, dont le père reniera complètement la parenté avec la créature, alors que la mère semblera sombrer lentement dans une folie douce, avant de nous gratifier d'un dernier acte riche en émotions, ne dédaignant pas de s'offrir quelques instants d'un suspense palpable et qui s'avérera être cruellement ironique.
Et même si le bébé-monstre peut être considéré comme la vraie "vedette" du métrage, l'auteur prend soin de nous le montrer que petit à petit ( employant judicieusement une caméra subjective pour nous permettre de suivre ses mouvements ), morceau par morceau, conservant ainsi efficacement un certain mystère quant à ses difformités.
Les personnages principaux, s'ils ont du mal à être attachant au départ ( les blagues du père semblent totalement déplacées et surfaites ), gagnent ensuite rapidement en authenticité et leur confrontation intimiste avec l'adversité arrive à "toucher" le spectateur, aussi bien les réactions d'un rejet presque dégoûté d'une partie de leur entourage que, et ce sera ce qui intéressera le plus le réalisateur, leurs sentiments plus que partagés face à la venue de cet enfant aberrant et meurtrier, oscillant entre compassion et répulsion complète, qui seront finalement l'un des enjeux principaux du film.
L'interprétation est tout à fait crédible, les parents, joués par John Ryan et Sharon Farrell parviennent aisément à faire passer leurs émotions, et la mise en scène de Larry Cohen, malgré un certain amateurisme contraignant par moments, anime agréablement le métrage, avec son sens habituel des angles de prise de vue originales. Les effets spéciaux de Rick Baker, encore presque novice, sont efficaces et l'animation du monstre demeure réussie.
Donc, "Le monstre est vivant", même s'il a légèrement vieilli, mérite amplement son statut et captive de bout en bout !
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