Chuck Parello, déjà responsable d'un "Henry, portrait of a serial killer 2" bien insipide, nous offre avec ce "Ed Gein, le boucher" un portrait beaucoup plus convaincant du célèbre tueur en série ayant inspiré aussi bien "Massacre à la tronçonneuse" que "Psychose" ou "Le silence des agneaux".
Le script décrit la lente plongée dans la folie de cet homme esseulé suite à la mort de sa mère qu'il chérissait, du début de ses exactions, avec plusieurs profanations de sépultures, jusqu'au passage à l'acte, avec des meurtres sordides, qui conduiront finalement à son arrestation.
Bien évidemment centré sur le personnage d'Ed Gein, l'intrigue s'attache à suivre les faits et gestes de cet homme d'apparence normal, juste vaguement simplet, tout en imposant instantanément ses obsessions ( la découverte de la chambre, avec ses têtes réduites et ses masques que l'on supposera déjà fait de peau humaine, par le gamin ) et en nous permettant de s'introduire dans son passé, peuplé de religion ( à cause d'une mère traditionaliste ) grâce à des flashes-backs chronologiques réguliers mais judicieusement utilisés par le réalisateur ( la parenthèse entre la mort de la mère et celle de la tenancière du bar ). Et d'entrée, l'ambiance malsaine et macabre, dont sera empreint tout le métrage, s'installe, surtout avec l'accumulation de petits détails déposés devant la caméra sans aucune complaisance, comme étant naturels dans l'univers du tueur. Mais ce sera lorsque celui-ci se décidera à tuer que le métrage prendra véritablement son envol, distillant des séquences fortes en tension ( la première visite du policier ), aptes à générer un suspense étouffant, tout en mettant mal à l'aise le spectateur, celui-ci se trouvant étonnamment proche de l'assassin, presque au point de souhaiter qu'il s'en sorte, tant le réalisateur impose une condition de victime à son personnage principal.
Alors bien sûr, on pourra regretter que plusieurs aspects de la démence d'Ed Gein soient juste effleurés ( sa passion pour le cannibalisme, dont la mise en pratique restera en suspens, son attirance pour le Troisième Reich ) ou à peine exposés ( ses déguisements en peau humaine, utilisés uniquement pour un scène très surréaliste ), mais finalement, la sobriété relative ( pas de gore direct ici, mais seulement quelques plans sur des cadavres ) de l'ensemble ajoute encore au climat putride et à la noirceur de l'ensemble, et les sous-entendus font beaucoup plus travailler l'imagination qu'un déluge d'abominations.
L'interprétation est juste, Steve Railsback en impose définitivement en meurtrier dérangé en étant crédible dans un jeu sans aucune éxubérance, et la mise en scène naturaliste du réalisateur convient parfaitement au style du film.
Donc, ce "Ed Gein, le boucher" s'avère être une immersion extrêmement réaliste et froide dans le monde obsesionnel et détraqué de ce tueur légendaire !
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