Avec "Fragile", le réalisateur espagnol Jaume Balaguero persiste dans le fantastique, tout en apportant à son film une touche émotionnelle forte et émouvante.
Le script met en scène une infirmière, nouvellement arrivée dans un hôpital pour enfants en train d'être fermé, qui s'apercevra bientôt qu'une présence hostile hante les lieux.
Après une séquence d'introduction suffisamment persuasive et douloureuse ( même si rien n'est véritablement montré ), le métrage s'attache à présenter ses personnages, tout en ne s'attardant pas avant de remettre le spectateur dans l'ambiance, avec une succession de séquences nocturnes ou non ( l'ascenseur ) parvenant sans mal à mettre mal à l'aise, puisque l'on s'attend à chaque instant à l'apparition de ce qui hante hante les lieux, mais en parsemant l'intrigue d'indices que nous découvrons en même temps que l'héroïne, entraînant sur une piste peut-être trop aisée. Mais le réalisateur ne cède heureusement pas aux effets faciles, tout en allant crescendo dans la visualisation du fantôme et retarde sans cesse son apparition pour se réserver pour une dernière bobine extrêmement réussie, porteuse d'un twist probant et terrible, et d'un graphisme explosant lors du final d'une beauté à couper le souffle.
Mais l'auteur prend aussi le temps de s'intéresser à ses personnages avec une héroïne bien tourmentée ( même si le parti pris quant à la véracité de ce que voit la jeune femme est peut-être trop vite prononcé ) et de jeunes enfants malades attachants, isolés dans leur hôpital coupé du monde, que le spectateur ne peut s'empêcher de prendre en pitié.
Et si le film s'avère être prenant et propose une atmosphère triste, le climat de tension restera omniprésent, enflant même au fur à et mesure que les éléments se mettent en place, tout en se ménageant même quelques plages de suspense, et bien sûr, quelques frissons viendront sporadiquement agrémenter l'ensemble, même si on a quand même l'impression que le réalisateur ne s'est pas donné pour priorité absolue d'effrayer à tout prix.
L'interprétation est juste, crédible, assumée par une Calista Flockhart qui arrive parfaitement à retranscrire la mélancolie de son personnage, et la mise en scène de Jaume Balaguero est tout à fait maîtrisée, sachant s'investir dans l'action, sans pour autant avoir recours à des effets superficiels. Les effets spéciaux sont probants, et l'on pourra presque reprocher au film la peu de temps de présence à l'écran de la "Mechanic girl", tant son graphisme est réussi, tout en étant douloureux.
Donc, "Fragile" peut être considéré comme une réussite à tous les niveaux, surpassant même son statut de film du genre pour se transformer en une véritable ode à l'Amour émouvante !
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