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Avec "L'empire de la terreur", le réalisateur Roger Corman continue d'explorer les écrits d'Edgar Allan Poe, mais cette fois-ci sous forme d'un film à sketches, formule encore en vogue dans les années soixante, et en profite pour offrir un triple rôle au formidable Vincent Price.
Ayant pour lien un vague alibi lié à l'instant de la mort, le métrage nous propose donc des adaptations assez libres de l'écrivain.
Dans le premier segment, intitulé "Morella", le réalisateur réintroduit l'univers gothique pour nous conter l'arrivée d'une jeune femme au manoir décrépi de son père qu'elle n'a pas revu depuis des années, pour découvrir que celui-ci est toujours hanté par la mort précoce de sa femme. D'une manière très théâtrale, principalement basé sur des séquences de dialogue, la vengeance post-mortem de cette épouse nous est succinctement présenté, la courte durée de ce premier sketch ne permettant pas vraiment d'installer pleinement un quelconque climat, malgré une issue bien sentie, qui n'est pas sans rappeler celle de "La chute de la maison Usher" ( dont le métrage reprendra quelques plans pour l'incendie final ).
La seconde partie du film, "Le chat noir", une des nouvelles les plus connus d'Edgar Poe, est quant à elle adaptée ici très librement, ne reprenant que la trame globale pour nous présenter cette homme alcoolique qui punira sa femme adultère et son amant d'une façon propre au récit de l'auteur, avec l'indispensable présence du chat. Mais le ton de ce sketch est plus volontiers tourné vers la comédie, avec notamment un jeu outrancier de Vincent Price ( l'excellente séquence de dégustation de vin, en compagnie de l'acteur Peter Lorre, lui aussi fameux ), tout en se moquant complaisamment du délire alcoolique ( les hallucinations du final, ainsi que la splendide scène onirique, purement jubilatoire ) du héros, mais aussi de l'attitude maniérée d'une certaine bourgeoisie.
Enfin, dans "Le cas de M. Waldemar", le réalisateur s'intéresse à une séance d'hypnose au moment du décès de Vincent Price, tout en reprenant légèrement un aspect gothique, mais aussi un court chassé-croisé amoureux, puisque la trop courte durée empêche également ce segment d'être véritablement prenant, malgré une chute très réussie mais bien trop vite expédiée pour avoir une réelle ampleur.
L'interprétation repose essentiellement sur la performance de Vincent Price, fidèle à lui-même, en arrivant selon les parties du métrage à passer d'un jeu sobre et en parfaite adéquation avec le sujet, à une outrance pétillante et formidable. La mise en scène de Roger Corman est assez discrète, tout en prenant parfois des angles de prises de vues étranges et en utilisant les effets classiques de l'époque ( les flous, les images étirées ) parfaitement.
Donc, ce "L'empire de la terreur" résume assez bien la relation entretenue par le réalisateur avec les écrits d'Edgar Poe, même si l'on pourra regretter la trop courte durée du premier et du dernier sketch, qui auraient vraiment mérité d'être plus approfondi pour être véritablement probant !
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