Ce "Au service de Satan", réalisé par Jeff Lieberman qui signe ici son retour aux affaires dans le genre, après avoir été l'auteur de quelques perles dans les années quatre-vingt ( dont le très réussi "Survivance" ), cache, malgré son titre ésotérique, un slasher roublard, assez méchant et pervers, mais en tout cas bougrement efficace et prenant.
Le script met en scène un gamin, féru d'un jeu vidéo dans lequel on est l'assistant de Satan ( le "Satan's little helper" du titre original ) qui, le jour d'Halloween, rencontre un vrai tueur en série déguisé en Satan et commettra l'erreur de se proposer de l'aider, mettant ainsi sans s'en rendre compte sa famille en danger.
Après une présentation de personnages quelque peu atypiques ( la palme revenant à une mère complètement allumée ), le film ne tarde pas à nous présenter son assassin à l'oeuvre, profitant de la fête d'Halloween pour enchaîner les mises en scène macabres ( passant inaperçues au milieu des festivités morbides ), permettant déjà au réalisateur de faire preuve d'un humour noir décapant, tout en affichant une brutalité réelle ( le chat ! ), avant que la rencontre avec l'enfant, persuadé d'avoir en face de lui le vrai Satan, ne fasse monter d'un cran la tension, surtout lors du retour à la maison, qui ose prendre à contre-pied le genre, avec des personnages qui au lieu de fuir le meurtrier, se jettent dans ses bras, faisant redouter au spectateur une violence imminente, larvée, tout en exacerbant le côté bien pervers de l'assassin masqué.
Ensuite, les rebondissements s'accumuleront régulièrement, alternant des séquences graphiques très jouissives ( l'attaque sur le parking du supermarché ) avec celles parvenant aisément à installer un suspense conséquent ou à surprendre ( l'agression du père ), jusqu'au double retournement de situation du final qui peuvent hélas être prévisible, surtout le second, mais qui font preuve d'une belle ironie sarcastique.
Jouant à fond la carte des faux-semblants pour embrouiller les protagonistes à défaut de leurrer entièrement le spectateur, le métrage s'offre la perspective de profiter de ses situations pour imposer un humour bien souvent noir mais aussi délicieusement absurde ( l'amalgame entre Satan et Dieu ), tout en critiquant de manière outrageuse une certaine bourgeoisie ( le bal masqué ), mais surtout en stigmatisant de façon volontairement exagérée l'univers des jeux vidéos, coupable ici d'avoir totalement déconnecté le jeune héros de la réalité.
Et si le tueur arrive à en imposer, retournant à son avantage un déguisement pas forcément propice à générer des sueurs froides, par sa prestance et son silence pesant, les autres personnages parviennent à être un minimum attachant, rendant leurs mésaventures encore plus palpitantes.
L'interprétation est cohérente, même si le petit héros ne possède encore qu'un jeu aléatoire, avec la prestation de la toute mignonne Katheryn Winnick qui inverse ainsi la tendance. La mise en scène du réalisateur est performante, suivant l'action de près, tout en osant des plans assez fous ( le parking du supermarché ). Les effets spéciaux se font assez rares dans ce film peu gore, mais d'une violence réaliste ( le passage à tabac du boyfriend ), avec juste quelques maquillages communs et une éventration quant à elle bien graphique.
Donc, ce "Au service de Satan" est une oeuvre très maligne, parfois cruelle, surpassant aisément son statut de slasher pour nous offrir des sensations suffisamment rares et délectables pour être soulignées !
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