Ce "Le fléau selon Clive Barker", appelé ainsi pour ne pas confondre avec le titre homonyme inspiré des écrits de Stephen King, mais surtout pour mettre en avant le nom de l'écrivain/ réalisateur anglais ( ici uniquement producteur ), nous invite à une fin du monde certes peu originale, mais efficace.
En effet, le script nous annonce que tous les enfants du monde sont brusquement tombés dans le coma il y a dix ans et s'attaquent à leur réveil à tous les autres humains. Un petit groupe tentera d'échapper comme ils le peuvent à cette menace très sérieuse.
D'entrée, le métrage interpelle son spectateur avec une première séquence marquante nous montrant un père emmenant son fils tombé en catalepsie se rendant compte que l'hôpital est débordé par ce genre de cas, avant de dresser un trop bref constat d'un monde sans jeunesse, qui aurait mérité d'être plus conséquent pour que le film gagne en profondeur dramatique. La présentation des personnages sera elle aussi très brève, ne dévoilant que partiellement et progressivement les liens les unissant, pour arriver au réveil de ces gamins ( devenus bien sûr des adolescents ), synonyme d'une montée en puissance de la violence et d'une tension palpable, le danger pouvant se cacher n'importe où, à chaque détour d'un couloir, derrière chaque porte fermée. Mais tout en arrivant à surprendre de temps en temps, le métrage s'enferme dans le schéma trop classique du petit groupe luttant contre l'ennemi, que l'on pourra ici facilement comparer à des morts-vivants issus de l'imaginaire de George A. Romero, l'intrigue allant même jusqu'à reprendre certains thèmes de "La nuit des morts-vivants" ( le parricide, le huit-clos ), tout en apportant suffisamment de rebondissements pour alimenter une action continue et soutenue, en apportant même une dimension mystique à l'ensemble lors d'un final très ouvert et en présentant un nihilisme certain assez rare ( le jeune couple ).
Mais hélas, le côté prévisible des situations ressort trop souvent pour permettre au métrage de nous impliquer complètement, les apparitions des enfants, si elles font parfois mouche, sont quand même téléphonées, et les fausses alertes trop grosses pour ne pas être facilement identifiables ( la matraque ).
Heureusement, le film fait preuve d'une générosité évidente dans son traitement, aussi bien dans une brutalité graphique ( la jambe cassée ) que dans des plans sanglants assez volontaires ( la mort du gamin sur la barricade ), tout en créant parfois le malaise avec les réactions bizarres des protagonistes et bien entendu avec l'utilisation d'enfants meurtriers, mais ne s'occupe que très peu d'entretenir le mystère quant à la raison de cette brusque agressivité dévastatrice en ne parsemant pas ( ou très peu ) l'intrigue d'indices ou de pistes susceptibles d'amener le spectateur à s'interroger.
On pourra aussi regretter certaines incohérences flagrantes, difficilement imaginables ( le hasard fait trop bien les choses dans le composition du groupe de rescapés, et certaines situations laissent perplexes, comme partir les mains vides d'un commissariat rempli d'armes à feu ), qui viennent légèrement gâcher l'ensemble.
L'interprétation est convaincante, avec un James Van der Beek bien loin de sa prestation dans la série "Dawson", et la mise en scène est fluide, assez énervée par moments, tout en demeurant très classique. Les effets spéciaux sont globalement probants, douloureux même pour certains, mais toujours très réalistes.
Donc, ce "Fléau selon Clive Barker" se laisse suivre sans difficulté, tout en étant parfois bien prenant, mais souffre de situations sous-exploitées et d'un air de "déjà-vu" trop récurrent !
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