Avec le convoyeur, Nicolas Boukhrief (co-fondateur de Starfix à l'époque) entre dans le cercle très restraint des nouveaux réalisateurs français à suivre de près. Un peu à l'instar de son compère Christophe Gans, il signe avant tout un film de cinéphiles mais loin d'être élitiste afin de contenter le plus de spectateurs possible. Je dis "de cinéphile" car son film est soupoudré par ci par là de plusieurs clins d'oeil à d'autres oeuvres qui ont forgé la culture de quiconque s'intéresse au cinéma.
Prenons par exemple le nom de la société de convoi de fonds, la vigilante, hommage on ne peut plus explicite au polar très noir de William Lustig.
Et c'est bien un polar que nous livre Boukhrief, un polar très noir même, mais pas seulement. En effet si le film s'ouvre sur une scène "choc" (concept hyper efficace pour calmer directement une salle de cinéma et mettre l'ambiance!) et que la mise en place des lieux et personnages suit les critères du polar, on passe ensuite à une sorte de satyre sociale sur le milieu des convoyeurs de fonds, milieu à très haut potentiel cinématographique jamais utilisé avant. Puis on a également un drame intimiste sur le personnage de Dupontel, magistral en incarnation moderne du De Niro de Taxi Driver, névrosé et dont l'histoire nous est dévoilé au compte-gouttes.
Mais suite à une seconde scène choc, on retombe dans le polar efficace et sans concession. A ce propos les personnages secondaires, Dujardin à contre-emploi, Berléand à 200% et autres, sont tous impecables.
Petit bémol, le personnage d'Aure Atika est inutile et certains points du scénario sont perfectibles.
Mais ne boudons pas ce plaisir de découvrir un vrai film de genre français, réussi et si rare dans notre pays devenu un pays de cinéma comique... Merci à tous les Boukhrief, Gans, Noé, Kounen, Aja et Siri (et certainement quelques autres) pour nous offrir du vrai cinéma qui n'a rien à envier à personne!
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