Avec "La chambre des tortures", Roger Corman signe un autre petit classique du cinéma d'épouvante gothique, en adaptant une nouvelle d'Edgar Allan Poe, "Le puit et le pendule", même si ce film n'atteint pas les sommets du "Masque de la mort rouge".
Le script, écrit par Richard Matheson, suit la déchéance d'un homme, déjà torturé par un passé trouble, à la suite de la mort de son épouse dont il se sent responsable, alors que des événements étranges viennent secouer la quiétude du chateau, amenant à penser que la défunte hante les lieux.
D'entrée, le métrage impose une imagerie gothique affichée, avec l'arrivée au manoir perdu dans la brume ( introduction récurrente dans l'oeuvre de cette période pour Roger Corman ) d'un jeune homme venant s'enquérir des raisons du décès de sa soeur, épouse du propriétaire des lieux. Et si toute la mise en situation des personnages et les tentatives d'explications fumeuses du mari pour expliquer la mort de sa femme auront quand même bien du mal à passionner le spectateur, dès que le film semble prendre un tournant plus surnaturel, une certaine tension vient se mettre en place, avant que le retournement de situation de la dernière bobine ( au demeurant prévisible ) n'amène un final spectaculaire, halluciné, justifiant à lui seul la vision du film.
Car effectivement, en plus du manque évident de rythme incombant à la première partie du métrage, l'ensemble est beaucoup trop touffu, développant plusieurs situations pas vraiment nécessaires ( la véritable mort de la mère du châtelain )et venant nuire de manière préjudiciable à la fluidité du film, alors que les évocations des tortures passées sont bien timides.
Mais cela n'empêche pas certaines séquences d'être percutantes ( l'exhumation du cadavre, par exemple ), les flashbacks sont judicieusement utilisés, et les décors gothiques ainsi que les extérieurs du chateau sont remarquablement photographiés.
Mais ce qui permet au métrage de gagner en émotions, c'est la formidable prestation de Vincent Price, arrivant avec une facilité déconcertante à alterner les sentiments de faiblesse presque pitoyable avec une impression de folie sourde effrayante, et la présence de Barbara Steele, nymphe du cinéma de genre des années soixante ajoute un minimum de sensualité au film.
La mise en scène de Roger Corman est bien vivante, épaulée par des mouvements de caméra bien maîtrisés, et les longs travellings dans les couloirs du chateau sont toujours très efficaces.
Donc, cette "Chambre des tortures", si elle n'est pas exempte de tout défaut, laisse une agréable impression, en grande partie grâce à son final remarquable !
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