Difficile de critiquer "Taxi Driver"... C'est comme s'attaquer à The Rock quand on pèse 65 Kgs tout mouillé comme moi... Voilà ce que je ressens au moment où je commence cette critique. Bon je ne vais pas trop réfléchir et foncer dans le tas!
Autre collaboration mythique de Scorsese et De Niro, "Taxi Driver" est un film intelligent qui pousse le spectateur dans ses moindres recoins. Devant sa télévision, il regarde De Niro, et comprends tout. Pas besoin de parler: les images parlent d'elles même. Le désespoir et la détresse de Travis Bickle est telle qu'elle crève l'écran. On assiste impuissant à la descente en enfer d'un soldat de retour du Viet-Nam, paumé, sans emploi, sans le sous qui va finalement devenir chauffeur de Taxi. Tout les soirs, il assiste au même triste spectacle de la décadence humaine. Partout dans les rues de New-York, il ne voit que macros, prostituées, junkies, gangsters... Dès le départ, on sent l'homme légèrement instable et raciste. Telle une grenade, Travis Bickle est un homme dangereux, n'attendant qu'un coup de pouce, qu'une seule secousse, pour que la goupille se décroche. Et, comme vous allez le voir au long du film, ces coups de pouce ne manquent pas...
Ce que je retiendrais de ce film, c'est l'incroyable performance de De Niro qui parvient à retranscrire toutes les émotions de Travis, juste avec son visage... Comme je le disais, on dirait qu'il est en osmose avec le spectateur tellement les échanges émotionnelles semblent naturels. Les émotions justement, elles se bousculent au portillon. On s'attache à Travis au début, on ressens même de la pitié pour ce pauvre homme. La sympathie vient après, avant de revenir à la pitié lorsque le pauvre Travis montre combien il est décalé du reste du monde en emmenant la fille de ses rêves dans un cinéma porno... pour un premier rendez vous. On sent ensuite la haine monter en cet homme, doucement mais sûrement. Toujours a deux doigts d'exploser, on commence à craindre Travis Bickle. Les seuls moments où il semble normal et serein, c'est lorsqu'il est dans son taxi: véritable bulle protectrice, il est le seul à pouvoir lui fournir un peu de réconfort...
Ce film est tout simplement magnifique, véritable page du cinéma Américain à part entière, de ce cinéma de l'asphixie typiquement "Don Siegelien". La réalisation n'est pas en reste, et les plans ambitieux déjà présents dans "Mean Streets" sont encore plus aboutis dans ce "Taxi Driver". Scorsese maîtrise de mieux en mieux son art, et De Niro crève lui aussi de plus en plus l'écran.
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