Pour son premier long métrage, Alex de la Iglesia nous livre un gros délire complètement déjanté, contestataire, énergique en diable et porteur d'un humour hallucinant.
Le script nous présente, dans un futur totalitaire, une bande de terroristes très spéciale ( tous les membres du groupe accusent de tares et autres difformités physiques et mentales, à l'exception de leur chef, "seulement" en partie défiguré ) qui, pour lutter contre une société qui les rejettent en prônant la beauté, enchaîne les enlèvements et autres actes terroristes. Mais leur dernière action, l'enlèvement de la fille d'un riche industriel va prendre une tournure inattendue.
Mais au-delà de son intrigue originale, surprenante et multipliant les rebondissements tous plus délirants les uns que les autres, c'est la volonté jusquauboutiste totale du réalisateur qui frappe d'entrée le spectateur.
En effet, que ce soit dans un humour, souvent noir mais aussi caustique et engagé, omniprésent, jouant aussi bien sur l'absurdité des situations que sur la bêtise ravageuse des ses personnages ( la répétition des ordres lors de la préparation de l'enlèvement, par exemple ), dans l'action non-stop qui enveloppe le film, amenant des gunfights débridés et sanguinaires ( l'enlèvement, ou encore le final dans le bar ), ou encore dans ses scènes gore généreuses ( le membre du commando tué par "Le Chat", ou encore le héros torturé avec une lame de rasoir dans une séquence sadique à outrance ), le métrage cherche toujours à aller plus loin, plus vite, plus fort, pour surprendre et provoquer le spectateur qui ne peut s'empêcher de jubiler dans un tel spectacle.
Et en plus de se montrer si démonstratif, le réalisateur en profite également pour lancer des critiques acerbes sur tout ce qui bouge, les médias en prendront ainsi pour leur grade ( l'hilarante séquence de présentation des membres du groupe ), mais aussi notre société tout entière qui exclut les handicapés en tous genre au profit d'une beauté superficielle et crétine, mais l'auteur stigmatise aussi la cupidité absolue de son héros roublard qui profite de la crétinerie de ses acolytes pour les duper et se remplir les poches.
Mais surtout, Alex de la Iglesia sait parfaitement tirer partie de chaque des situations de son métrage pour les transformer en autant de tableaux rigolards, parfois irrévérencieux et un brin pervers, mais faisant toujours mouche, tout en faisant régulièrement référence à de nombreux classiques du cinéma.
L'interprétation est partie prenante dans la création de cet univers farfelu, en évitant de tomber dans le piège de la démesure, et la mise en scène du réalisateur est bien énervée en dynamisant au maximum les séquences d'action du métrage.
Les effets spéciaux sont probants, aussi bien dans la création de décors crasseux que dans l'utilisation d'un gore certes primaire mais définitivement jouissif.
Donc, ce "Action mutante" s'avère être un premier essai transformé pour le réalisateur, mais aussi pour le spectateur qui ressortira de ce film avec un grand sourire aux lèvres, la tête encore pleine de la succession de délires auquel il vient d'assister, avec qu'une seule envie : y retourner !
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