Batman, moi j'adore. C'est sûrement le super-héros que je trouve le plus intéressant; origines, psychologie, costume, tout me va dans Batman. Déjà adorateur des films de Burton (avec une énorme préférence pour Batman Returns), ultra déçu par la vacuité des épisodes du père Schumi et grand fan de la série animée de Bruce Timm, c'est dire si j'attendais ce Batman Begins avec impatience, d'autant que Following, Memento et Insomnia (dans une moindre mesure) donnait le la sur le potentiel du sieur Nolan.
Autant se mettre d'accord tout de suite : à mon sens, BB est le meilleur opus de la série, point barre. Appuyé par des choix tous assumés et cohérents (un grand réalisme, des personnages fouillés, la volonté de retourner aux origines pour opérer un vrai "reload" de la franchise et de la mythologie) et une connaissance du matériau de base hallucinante (les clins d'oeils au fans pullulent), le film est une réussite. En plus des raisons déjà mentionnées, Nolan réussit un tour de force au niveau narratif qui force le respect. En effet, le film est incroyablement dense de ce point de vue. Le premier quart d'heure nous apprend pêle-mêle : les origines du trauma de Bruce Wayne, son exil, sa formation physique et psychologique par Ras Al Gul, la nature de son lien avec Rachel, le personnage de Katie Holmes; sa relation passée avec son père et la figure protectrice que représente Alfred, et sa quête de justice via un symbole universel de peur (très personnelle), qu'est la chauve-souris. On voit bien d'ailleurs, et ce pour la première fois, la véritable synergie qui s'opère entre Bruce Wayne et les chauves souris dans ce plan somptueux dans la Batcave, où il se relève petit à petit, comme reprenant des forces, comme renaissant au milieu d'une armée de chauves souris. Sur des bases fournies et solides, le film va développer tous ces aspects. Certains furent déconcertés par le "long prologue" qui amène bruce Wayne à devenir Batman (1h au compteur avant de voir apparaître le Dark Knight); je trouve pour ma part que ce développement est très bénéfique au film et à l'identification du spectateur avec Bruce Wayne. Grâce à ce long prologue, Christopher Nolan réussit le prodige que l'on s'intéresse autant à Bruce Wayne qu'à Batman (alors qu'avant on n'attendait qu'une chose : qu'il enfile sa cape et tout son barda et qu'il défouraille du bad guy, et surtout on s'intéressait finalement plus aux méchants qu'à Batman).
Le film est également une réussite esthétique incontestable. Puisant dans les sources les plus sûres (au devant desquelles le Batman : Year One de Frank Miller et certains épisodes de la série animée), Gotham prend la forme d'une ville complètement glauque, gangrenée par la corruption et donc à la merci de la pègre; les tons "terre" qui habitent ces passages du film en sont bien évidemment l'illustration parfaite.
Les persoannges secondaires, enfin, sont tous énormes (mis à part un gros bénol pour Katie Holmes, pas vraiment à la hauteur et d'ailleurs réduite à un rôle décoratif), de Gordon (Gary oldman est LE Gordon du comics) en passant par Lucius Fox (Morgan Freeman joue quand même toujours pareil, mais ça marche à chaque fois), pour finir en apothéose avec le grand Michael Caine, qui campe un Alfred savoureux, à mille lieues du très prévenant mais apathique Michael Gough).
Batman par Christian Bale est aussi le bon Bruce Wayne (ou l'inverse); sa jeunesse mais surtout sa folie sous-jacente laisse apparaître un personnage tête brulée, à la limite de l'inconscience mais pleinement investi de sa noble mission, épurer Gotham de la pègre. Seul petit choix artistique discutable selon moi : avoir transformé la voix de Bruce Wayne quand il est costumé comme s'il avait un dispositif qui modulait la fréquence émise par ses cordes vocales (mais est-ce vraiment le cas?). En tous les cas, Bale est un Batman furieux, qui emporte tout sur son passage y compris l'adhésion du public. La fin de ce BB en forme de porte ouverte laisse augurer du meilleur, vivement la suite!
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