Avec "Le jour de la bête", le réalisateur espagnol Alex De La Iglesia nous livre un bon gros délire hystérique dont il a le secret.
Le script suit les pérégrinations d'un prêtre ayant découvert le jour de la naissance de L'antéchrist ( le 25 décembre ! ), dans ses efforts pour trouver le lieu exact de cette arrivée afin de détruire le fils de la bête. Il sera aidé sans sa quête par un petit voyou adepte de "Death Metal" et par un présentateur de shows occultes à la télévision.
Dès sa séquence d'introduction, mais surtout dans sa présentation de ce prêtre cherchant à faire la Mal pour pouvoir entrer en contact avec le Diable, le métrage annonce la couleur en adoptant un ton aussi comique qu'irrévérencieux qui planera sur l'ensemble du film. Les différentes rencontres que fera cet homme de Dieu bien dévergondé entraîneront des rebondissements aussi surprenants qu'hilarants ( en grande partie grâce à la condition du héros ), amenés sur un rythme endiablé, même si une impression de relâchement et de redite viendra hélas nuire à l'ensemble dans la dernière bobine du métrage.
Mais à partir de cette intrigue qui aurait pu être sérieuse, le réalisateur s'offre surtout l'occasion, comme à son habitude, de nous dresser toute une série de portraits de personnages hauts en couleurs, tour à tour burlesque ( le grand-père ), cynique ( le présentateur conscient de duper son auditoire, dans une critique acerbe des débordements de la télévision ), mais toujours empreints d'une extravagance et d'une outrance jouissive ( à ce titre, le duo atypique formé par le prêtre et son acolyte métalleux servira de prétexte à un nombre important de gags excellents, même si la finesse ne sera pas toujours de la partie ).
Et en plus l'auteur attire régulièrement ses personnages dans des situations aussi improbables que résolument délirantes, en laissant parfois une violence démesurée et complètement gratuite, presque cartoonesque, s'intégrer à l'ensemble dans un élan graphique plus que volontaire.
Mais cela n'empêche pas Alex De La Iglesia de mêler à son intrigue souriante des éléments plus tragiques ( les lyncheurs de SDF ), et de nous présenter un Madrid plutôt glauque, sale, repoussant et bien éloigné des cartes postales d'usage, tout en lançant une critique virulente sur les médias et la police.
L'interprétation est plus que convaincante, sans cabotinage inutile et la mise en scène du réalisateur est très vive, alerte, et adopte des angles de prises de vues parfois surprenants.
Donc ce "Jour de la bête", porteur du style si particulier de son réalisateur, mérite vraiment que l'on s'y attarde et nous offre un bon moment de pur délire !
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