"La fin absolue du monde", le segment réalisé par John Carpenter était certainement le plus attendu, avec une impatience certaine, mais aussi une légère appréhension, des épisodes des "Masters of horror". Une impatience due à l'événement crée en soi par un nouveau film de l'un des meilleurs réalisateurs contemporains oeuvrant dans le genre et une appréhension quant à savoir si l'auteur, qui ne tourne presque plus ( il n'avait rien fait depuis "Ghosts of Mars" en 2001 ), avait conservé tout son talent.
Le résultat s'avère finalement être plus que probant, même si les contraintes liées au format et à la durée du métrage transpirent quand même pour donner à l'ensemble un aspect quelque peu sous-développé pour une intrigue originale qui aurait mérité d'être servie par un long métrage.
En effet, le script met en scène un jeune cinéphile, "propriétaire" d'une salle de cinéma, engagé par un mystérieux collectionneur pour retrouver l'unique exemplaire d'un film maudit appelé "La fin absolue du monde", projeté une seule fois et ayant entraîné des meurtres et la folie des spectateurs l'ayant visionné.
Tout en prenant le temps de nous présenter son personnage principal par étapes, le réalisateur installe d'entrée son métrage dans une atmosphère mystérieuse, dès la rencontre avec ce collectionneur étrange ( remarquablement interprété par Udo Kier ) possédant des pièces "très spéciales" utilisées pour ce film sulfureux et sensé avoir complètement disparu de la circulation. L'enquête menée par le personnage principal sera bien sûr parsemée de rebondissements parfois très gore ( le meurtre à Paris ) et ayant le don de faire sursauter le spectateur par des effets parfaitement amenés ( la première vision des "Brûlures de cigarettes" du titre original ), sans toutefois inspirer réellement l'angoisse.
Par contre, chaque nouvel élément relatif au film recherché suscitera une certaine convoitise au point de donner vraiment envie d'en savoir plus et de le voir, ce qui ne sera bien entendu que partiellement fait lors d'un final à tiroirs démonstratif, généreux en retournements de situation et en plans sanglants, tout en faisant resurgir une certaine morale confondante.
Le réalisateur arrive parfaitement ici à créer de toutes pièces un mythe alléchant autour de ce réalisateur et de ce film pervertissant, parvenant instantanément à le rendre crédible pour mieux impliquer le spectateur qui se surprend à espérer d'en savoir plus, augmentant ainsi l'effet de certains plans ( les photos ), tout en communiquant de façon insidieuse sur le pouvoir du cinéma.
Alors bien sûr, on pourra trouver certaines séquences plutôt gratuites, John Carpenter se lâchant dans un gore autorisé par une absence de censure, notamment lors d'une décapitation sévère, mais également lors de la dernière bobine du métrage, avec le sort réservé à Udo Kier, mais aussi avec les bribes de l'oeuvre enfin dévoilée aux yeux des protagonistes et donc aux nôtres par la même occasion. Mais ces quelques excès apportent à l'ensemble un côté terriblement jouissif et reflètent le plaisir pris par l'auteur qui n'hésite pas non plus à nous gratifier de quelques clins d'oeil appuyés.
Mais hélas, on pourra quand même regretter l'aspect vaguement superficiel de l'ensemble, qui n'a pas le temps de trop developer l'univers ( aussi bien physique qu'émotionnel ) de ses personnages pour aller directement à l'essentiel en laissant certains éléments en cours de route ( le critique de cinéma ) pour ne plus y revenir.
Enfin, le final donnera toute sa raison d'être au métrage, tout en étant empreint d'une certaine ironie macabre réjouissante.
L'interprétation est convaincante, peuplée d'une galerie de personnages intéressants et la mise en scène de John Carpenter est toujours aussi percutante, fertile en effets réussis. Les effets spéciaux sont probants, expansifs dans le gore, sans sombrer dans la surenchère, et les maquillages restent tout à fait crédibles ( l'ange ).
Donc, on peut facilement dire que le contrat est largement rempli pour l'auteur, qui avait naturellement se place parmi les "Masters of horror" !
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