Depuis des lustres, je fais partie des personnes qui n'aiment pas Blade Runner, pourtant considéré par une immense majorité de cinéphiles comme LE film de SF de la fin du 20ème siècle. Dire que mon avis a évolué à la vision de cette nouvelle édition dvd est, ma foi, assez vrai. Néanmoins, ce qui me gênait avant (en premier lieu, les nappes de synthé de Vangelis, et les look affreusement datés de Rutger Hauer, Daryl Hannah et Sean Young) reste en l'état. Mais, surtout, je pense que ce qui faisait ma grande déception auparavant est que je m'attendais à un pur film de SF là où il ne fallait voir, à l'évidence, qu'un grand film noir déguisé en méga-productu=ion futuriste.
En fait, pour moi, tout le décorum (très bien mis en valeur au demeurant) sert une intrigue qui relève plus du "film de détective" que de la SF, une enquête dans laquelle Harrison Ford incarne une sorte de néo-Humphrey Bogart aux prises avec l'amour (Sean Young, une femme fatale Cyborg?) et la mort (le tandem Hauer-Hannah). Du coup, j'accepte beaucoup plus l'aspect un peu "rêveur", ouaté de la partition de Vangelis, plus en accord avec cette référence. Et même si, à mon sens, la dimension la plus forte est celle de film noir, le film opère bien un véritable mélange des genres, parfaitement agencé, qui a sans doute donné naissance à une nouvelle façon de faire des films (en révisant profondément la notion du genre). S'ajoute à cette réflexion sur le genre au cinéma une étourdissante dissertation sur la mort, dimension qui m'avait, je dois l'avouer, quelque peu échappé aux premières visions du film.
Au final, mon impression sur Blade Runner sort grandie de cette nouvelle vision, sans pour autant que je le considère comme le super chef d'oeuvre de la SF (je lui préfère Brazil par exemple), ni de Ridley Scott (pour moi, le meilleur est à chercher pour l'instant entre Alien et Gladiator). Mais, sait-on jamais, avec le fameux Final Cut qui sortira cette année...
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