Tobe Hooper, le réalisateur, entres autres, du mythique "Massacre à la tronçonneuse", avait tout naturellement sa place dans l'anthologie des "Masters of horror". Hélas, son segment, "La danse des morts", n'est pas à la hauteur de nos espérances, malgré un script convenant parfaitement au format de la série.
En effet, l'intrigue, prenant place dans une ville presque dévastée à la suite de la Troisième Guerre Mondiale ( mais en fait pas si éloignée de certaines banlieues américaines délabrées ), nous conte les mésaventures d'une jeune fille, étouffée par sa mère possessive et sa rencontre avec quelques jeunes voyous gravitant autour d'une boîte de nuit destroy ( le "Doom Room " ) dans laquelle un show présenté par un "Monsieur Loyal" très spécial ( permettant à Robert Englund de cabotiner à mort dans ce rôle ) présente la "Danse des morts " du titre.
Et malgré le fait que l'histoire soit inspirée d'une nouvelle du grand Richard Matheson, Tobe Hooper peine à donner de l'ampleur à son action. Car passée l'introduction assez performante et une présentation bien trash de cette ville complètement avilie et laissant libre cours aux pires méfaits, suivie d'un petit tour dans cette boîte de nuit résolument punk et outrageusement dépravée, le métrage tourne rapidement en rond, en ayant bien du mal à intéresser le spectateur, car la bluette entre cette adolescente innocente et ce "bad guy" terriblement quelconque reste extrêmement classique et anodine. Ensuite, à force de vouloir provoquer par des images choquantes très vite aperçues ( nous y reviendrons ) à l'intérieur du "Doom Room", le réalisateur finit surtout par lasser dans cette surenchère à la gratuité totale et sans équivoque.
Enfin, la fameuse "Danse des morts" promise par le titre se révélera être sans saveur ni emphase, réduite à la gesticulation désordonnée de cadavres ressuscités grâce à un agent chimique utilisé lors de cette dernière guerre, et l'inévitable "chute" du final, permise grâce à un rebondissement surfait de dernière minute, si elle en dira long sur la bassesse humaine, ne provoquera nullement l'enthousiasme.
Mais heureusement, l'auteur arrive quand même au détour de certaines séquences à créer un semblant de malaise chez le spectateur, que ce soit lors du flash-back de l'attaque à la pluie acide, mais surtout lors de la scène de l'incinération des cadavres, terriblement glauque et malsaine, même si une certaine ironie se fait sentir, et certaines trouvailles ( l'utilisation faite par Robert Englund en privé des mortes-vivantes aux gestes saccadés ) font quand même sourire.
Mais pour couronner le tout, la mise en scène de Tobe Hooper va diamétralement à l'oppossé du style documentaire de ses débuts pour opter pour une succession de plans saccadés, utilisant en plus des effets clippesques de manière démesurée en souvent hors de propos car, si ces effets restent acceptables et bien dans le contexte des séquences se déroulant dans la boîte de nuit, leur abus vient définitivement nuire à la lisibilité de l'ensemble par leur emploi répété à n'importe quel moment du métrage, même si le réalisateur en semble entièrement satisfait ( cf. les bonus ).
L'interprétation est en plus assez terne, même si la présence de la toute mignonne Jessica Lowndes vient quelque peu égayer l'ensemble grâce à son jeu tout à fait crédible.
Les rares effets spéciaux du film sont plutôt réussis, mais l'auteur ayant vraisemblablement préféré porter ses excès sur les effets visuels, ce segment des "Masters of horror" ne brille pas par l'abondance d'abominations.
Donc, cette "Danse des morts" sera bien loin de soulever l'enthousiasme, bien trop quelconque et parasitée par une stylisation presque énervante de l'image !
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