Pour son segment des "Masters of horror", John McNaughton ( l'auteur notamment du très controversé "Henry, portrait of a serial-killer" ) a choisi, en adaptant une nouvelle de Clive Barker, de nous livrer un conte macabre, gothique, mais surtout à l'issue terriblement dépravée.
Le script nous invite à suivre un jeune homme, désespéré par la mort de son épouse, qui va demander l'aide d'une nécromancienne soi-disant capable de ressusciter les morts. Avant d'accéder à sa requête, celle-ci va l'obliger à écouter l'histoire de Haeckel, un étudiant en médecine obnibulé par la mort et désireux lui-même de ramener les cadavres à le vie.
En installant son intrigue dans le "film d'époque" ( certainement le dix-neuvième siècle ), le réalisateur impose à son métrage un style gothique merveilleusement illustré, que n'aurait pas renié la "Hammer" ou encore l'A.I.P. chère à Roger Corman, pour nous permettre de suivre les déboires de cet apprenti-sorcier n'hésitant pas à copier ouvertement ( mais sans succès ) les travaux du célèbre docteur Frankenstein, avant de se tourner vers la nécromancie pour espérer parvenir à ses fins. Mais c'est finalement sur la route le menant au chevet de son père malade que le jeune homme va trouver les réponses à ses questions, lors de la seconde partie de l'épisode, riche en sous-entendus avant d'exploser littéralement lors d'un final à rebondissements porteur d'une séquence extrêmement perverse dans un cimetière au cours de laquelle l'auteur se laisse aller en se lâchant de manière terriblement jouissive.
Mais ce qui fait également l'intérêt de ce segment de l'anthologie, c'est sa capacité à laisser le spectateur dans l'incapacité à prévoir la suite des événements, en commençant par revisiter le mythe de Frankenstein ( par ailleurs cité par le héros ) pour ensuite nous entraîner sur le terrain de la magie ( avec l'excellente démonstration de Jon Polito), avant d'entrer vraiment dans le vif su sujet avec cette rencontre aussi fortuite que fatale qui donne l'opportunité au réalisateur de placer son métrage sous un jour beaucoup plus sensuel, avant de se lancer dans une déferlante horrifique généreuse en effets sanglants ( dont une éventration démonstrative ) amenant la traditionnelle chute, certes prévisible mais toujours délicieusement vicieuse.
De ce fait, le métrage reste prenant de bout en bout, distillant même un certain suspense en interpellant le spectateur quant aux intentions de l'hôte du personnage principal, amis surtout, une fois encore, fait preuve d'une volonté jusqu'au-boutiste dans son désir de choquer, voir de révulser le spectateur, même si cela demeure parfois totalement gratuit ( le pendu ).
L'interprétation est cohérente, même si Derek Cecil fait preuve d'une certaine passivité, heureusement compensée par le charisme évident de Jon Polito, et la mise en scène de John McNaughton est fluide tout en restant assez classique. Les effets spéciaux sont plus que probants, aussi bien dans les maquillages des zombies que dans des effets gores expansifs.
Donc, ces "Amants d'outre-tombe" s'avèrent être une preuve généreuse et libérée que John McNaughton a bien compris le sens de l'anthologie !
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